Comment ne pas se souvenir de l’élimination de l’équipe d’Italie en huitième de finale de la Coupe du Monde 2002 par l’un des deux pays hôtes, la Corée du Sud. Comment ne pas se souvenir de l’arbitrage de ce match, comment ne pas se souvenir de Monsieur Byron Aldemar Moreno Ruales, dit Byron Moreno. Refusant un but valide à Tommasi et expulsant Totti pour ne citer que les faits les plus marquants, l’arbitre équatorien avait provoqué la colère des Italiens et laissé dubitative l’opinion.

Accusé d’incompétence et surtout d’avoir volontairement favorisé une équipe de Corée du Sud qui s’imposera également sur quelques faits de jeu largement discutables en quart de finale face à l’Espagne, le voilà de retour sur le devant de la scène huit ans après. Ayant entre-temps tout de même fait parler de lui, toujours en négatif. D’abord en septembre 2002, il écopait de vingt matchs de suspension en plus d’avoir fait l’objet d’enquêtes de la fédération équatorienne de football et de la FIFA pour avoir accordé, dans une rencontre de championnat, douze à treize minutes de temps additionnel au lieu de six, ce qui avait permis au Liga Deportiva Universitaria de Quito, ville dans laquelle il était candidat au poste de conseiller municipal pour les élections d’octobre, de renverser la vapeur face au Barcelona Sporting Club de Guayaquil. Le club de Quito, capitale équatorienne, était mené 3-2 avant d’égaliser à la 99ème puis d’inscrire le but de la victoire à la 101ème minute de jeu. Il a également été accusé d’avoir falsifié la feuille de ce match en modifiant les minutes auxquelles ont été inscrits les buts. Puis, en mai 2003, il a été suspendu un match pour avoir expulsé dans une rencontre trois joueurs d’une même équipe, le Deportivo Quito… un rival historique du Liga de Quito.

Byron Moreno a avant-hier été arrêté à l’aéroport John F. Kennedy de New York alors qu’il essayait de pénétrer sur le sol américain avec au moins six kilogrammes d’héroïne répartis dans dix sacs scotchés sur le corps et cachés par ses sous-vêtements. Un besoin d’argent probable donc pour l’ancien arbitre international devenu consultant télé et radio qui donne encore un peu plus de crédit à la théorie de ses détracteurs, rappelant cette image contestataire où il arbore une liasse de billet en éventail au lieu du carton rouge adressé à Totti.

Un mauvais souvenir qui n’aura visiblement pas servi d’exemple en matière de politique de recrutement arbitral du côté de la FIFA qui avait par ailleurs à l’époque reconnu que des erreurs avaient été commises mais qu’elles n’étaient pas la cause de la défaite italienne. Un message bien moraliste et peu assumé signé du président Sepp Blatter qui manquait quatre ans plus tard à son devoir moral de remise de la Coupe du Monde… à cette même équipe d’Italie.

Quant à Monsieur Byron Moreno – si tant est qu’il soit jugé coupable -, c’est le carton rouge. La même sanction qui selon ses confessions à la Gazzetta dello Sport en juin 2008, il aurait du administrer à Totti sur la première faute qui ne lui valut qu’un avertissement. Ceci pour ne pas avoir à défendre son appréciation de simulation. Ce qui ne fait que renforcer les doutes sur ses compétences. Dans cet même interview au quotidien sportif milanais, le rejet sur son juge de touche de ce qu’il reconnait comme une erreur – l’annulation du but Tommasi – illustre quant à lui un certain manque de classe. Au vu de tous ces faits, sans regard moralisateur, hautain ou en dehors des compétences, il apparait tout de même regrettable que de telles responsabilités lui aient été confiées en Corée du Sud et au Japon, gâchant la fête du football.

Mais c’est avant tout beaucoup de nostalgie qui ressort lorsque le supporter italien repense à cette belle équipe d’Italie de 2002. Pour ne citer que Vieri, Inzaghi, Montella, Totti, Del Piero en attaque, Tommasi, Zanetti, Zambrotta, Di Biagio, Gattuso au milieu de terrain, Maldini, Nesta, Cannavaro, Panucci en défense ou encore Buffon dans les buts, sans oublier le charismatique Trapattoni à la baguette. Beaucoup de joueurs proches de la maturité, l’ayant déjà atteinte ou expérimentés à l’image du capitaine. Une équipe d’Italie pas vraiment épargnée par les erreurs d’arbitrages tout au long de son parcours et qui avait probablement les qualités pour aller loin dans cette compétition. Pour refermer cette page, certains diront qu’il y a une justice…

Le gardien Gigi Buffon ironise : « Six kilos de drogues ? En 2002, il ne les avait pas dans le slip mais dans le corps ! ». Et ce fut au tour de Giovanni Trapattoni de revenir sur cet évènement : « Ai-je pardonné à Moreno ? La question n’est pas là, car on a été éliminé injustement dans un match à haut intérêt, par un arbitre de mauvaise foi. Mais je vais vous dire, j’avais senti avant de descendre sur le terrain qu’il se tramait quelque chose de pas normal avec l’arbitre. Maintenant, on va peut-être relire différemment l’histoire de Trapattoni sur le banc de l’Italie… ».

Rappel des principaux faits de jeu à polémiques contre l’Italie durant la Coupe du Monde 2002 :

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Résumé commenté de Corée du Sud-Italie :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1gfYa5l62QA[/youtube]