DOSSIER : Euro 2016 – Giaccherini, la cheville ouvrière de Conte (8/23)

Par Marc Occhipinti publié le 08 Mar 2021
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Chaque semaine jusqu’au début de l’Euro, Calciomio vous narre l’histoire de 23 joueurs qui, à leur manière, ont marqué les campagnes européennes de la Nazionale. Aujourd’hui, retour sur la performance d’Emanuele Giaccherini à l’Euro 2016.

La pire Nazionale de tous les temps

Habitués depuis toujours à des pieds raffinés, les tifosi de la Nazionale ont vu la liste des 23 sélectionnés pour l’Euro 2016 avec un mélange d’horreur et de consternation. Comment le calcio a-t-il pu tomber si bas? A l’exception de Buffon et de la BBC, le reste est affligeant de médiocrité. Au milieu, un vieux lion qu’on croit édenté, De Rossi, épaulé par un porteur d’eau : Parolo, et des seconds couteaux : Candreva, Darmian. En attaque, un duo risible quand on le compare aux légendes qui y ont officié : un grand, Graziano Pellé, et un petit, Eder. Il a fallu naturaliser le modeste Brésilien de l’Inter, tant le choix d’attaquants est limité. Et dans cette équipe de pieds frustes, figure Emanuele Giaccherini, la cheville ouvrière de Conte.

Giaccherini, un joueur de province

Giaccherini a longtemps milité en Serie C2. Devant ses difficultés à percer, il a même considéré redevenir ouvrier. Mais de son application a émergé finalement un talent. Il a 25 ans quand ses performances au Cesena attirent l’attention de la Juventus, alors, en pleine reconstruction. Il y croise Antonio Conte : « Giaccherini est l’exemple même qu’un joueur qui a exercé en province peut mériter la Juventus. Il s’appellerait Giaccherinho, il serait bien plus considéré. » Un surnom est né. Quand Conte devient sélectionneur, il rappelle à sa cour son fidèle soldat.

L’étonnant parcours de la Nazionale

L’Italie hérite d’un groupe composé de la Suède, l’Irlande et la Belgique. La génération dorée des Diables Rouges, Hazard, Lukaku, De Bruyne est largement favorite. Mais Conte pallie le manque de talent par une organisation sans faille appliquée avec une discipline de légion romaine.

Giaccherini joue là son plus beau match de la compétition. Courses forcenées, couvertures irréprochables et ratissage en règle. A la 32 ème minute, son chef d’œuvre. Bonucci tient la balle au centre du terrain quand Giaccherini s’élance. Le défenseur de la Juventus voit l’appel et, en mode quarterback, adresse une passe de 39 mètres, belle comme une calligraphie de maître. Juste assez haute pour lober Toby Alderweireld et parfaitement dans la course de Giaccherini qui se mute en « Giaccherinho ». Contrôle soyeux pour orienter la balle sur son pied droit qu’il ouvre pour battre Courtois. Dans le temps additionnel, c’est le break. Sur un contre, Immobile ouvre sur Candreva. Centre et la reprise rageuse de Pellé crucifie la Belgique.

L’Italie sécurise la première place du groupe en se défaisant de la Suède. Un magnifique but d’Eder où les plus nostalgiques revoient le but de Baggio contre la Bulgarie en 1994.

Cette première place fait tomber l’Italie dans le pire côté du tableau. Un colosse attend la Nazionale : l’Invincible Armada qui, pendant 4 ans, a régné sans partage sur la planète football.

Là encore, la machine parfaitement huilée de Conte triomphe de la technique espagnole. Coup franc d’Eder relâché par De Gea. Giaccherini comme un mort de faim, arrive le premier sur la balle. Finalement Chiellini la met au fond. Des miracles de Buffon préservent l’avantage. Et Pellé en matador sans pitié condamne la Roja d’une belle reprise.

En quarts, l’Italie doit affronter nuls autres que les champions du monde. Jamais la Squadra Azzurra n’a perdu face à l’Allemagne en phase finale de compétition internationale. La Nazionale s’accroche à cette vérité pour déjouer l’évidente supériorité allemande. Cela semble marcher car la besogneuse Italie se transcende encore. Florenzi et Buffon parent l’impossible. Mais légendaire portier encaisse son premier but de la compétition. Une main absurde de Boateng contraint l’Allemagne aux penalties. Une séance irrespirable et interminable, marquée par les simulacres grotesques de Zaza et Pellé. Dans les larmes, l’Italie s’incline.

Dans son émouvante interview, Barzagli redoutait que cette épopée ne soit oubliée avec cette triste sortie. Qu’il se rassure. Chez Calciomio nous ne l’oublierons pas. Car la pire Nazionale de tous les temps, par son sacrifice total, nous a plus fait vibrer que bien des sélections infiniment plus talentueuses. Et Giaccherini, d’une certaine façon en fut le symbole. Même sans véritable talent, simplement par le dévouement, la sueur et l’esprit de corps, on peut faire chuter les plus grandes équipes du monde.

À lire ou à relire : DOSSIER – Les joueurs de la Nazionale qui ont marqué l’Euro

1. Euro 2000 – Toldo, le chef-d’œuvre contre les Pays-Bas

2. Euro 2016 – Pellè, l’illustre inconnu en Italie devenu protagoniste le temps d’un été

3. Euro 2008 – Gianluigi Buffon, le sauveur de la nation contre la Roumanie

4. Euro 2012 : l’apogée de Super Mario face à la Mannschaft

5. Euro 2012 : Cassano, le revenant

6. Euro 2012 – La masterclass d’Andrea Pirlo

7. Euro 1968 – Gigi Riva, le retour gagnant




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