Après-match : Italie – Allemagne

Par Romain Simmarano publié le 02 Juil 2016
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Italie-Nazionale

Le film du match

La rencontre débute sur un faux rythme, le temps que les deux pressings italiens et allemands, très différents dans leur nature, ne s’installent. La première mi-temps est un véritable sommet tactique, qui oppose deux blocs remarquablement organisés et laissant bien peu de place aux occasions de but. Premier fait de jeu notable : Sami Khedira se blesse suite à un contact avec Chiellini à la 15e minute, remplacé par Bastian Schweinsteiger. Par ailleurs, les occasions se font rares, conséquence naturelle d’une lutte acharnée entre deux collectifs exceptionnels.

L’Allemagne s’installe durablement dans le camp italien, mais cette domination est rigoureusement stérile. Schweinsteiger croit bien ouvrir le score de la tête à la 27ème minute mais son but, bien justement refusé, est entâché d’une faute grossière sur De Sciglio. L’arrière d’aile milanais lui répond quelques minutes plus tard par un superbe rush à gauche pour Giaccherini aux 6 mètres dont la reprise est empêchée par une belle intervention de Boateng. On croit alors se diriger vers une fin de mi-temps tranquille, mais, comme contre la Belgique, sur une incroyable ouverture venue de la défense, Giaccherini réalise un contrôle sensationnel aux 15 mètres, déborde à gauche et centre… la reprise finale de Sturaro est contrée et passe juste à côté des buts. A la mi-temps, on prend conscience de la dimension unique de cette rencontre.

La deuxième mi-temps part sur de bonnes bases pour les Azzurri avec notamment deux formidables débordements de De Sciglio, qui crée les décalages et les occasions. Puis, incontestablement, la partie change d’âme et l’Allemagne se montre plus dangereuse. Une première énorme occasion permet à Florenzi de s’illustrer en sauvant une frappe de Muller sur sa ligne. L’ailier romain ne fait que rattraper son erreur initiale puisque cette occasion part d’une mauvaise relance de sa part. Les trois cartons jaunes consécutifs reçus par l’Italie sont un présage funeste (De Sciglio, Sturaro puis Parolo) : quelques minutes après, à la 65e, Ozil profite d’un cafouillage défensif pour battre Buffon de près. L’Allemagne passe devant (1-0) et le manque d’occasions italiennes laisse songeur quant à un potentiel retour de la Squadra.

A plus forte raison que deux minutes après le but, Mario Gomez se retrouve littéralement seul devant Buffon, 3 mètres devant. Chacun croit alors au but, mais Buffon sort une parade exceptionnelle d’une main ferme mémorable pour sauver son camp. Peur sur la Botte, mais l’Italie est encore vivante. Elle remet le pied sur le ballon. Se procure une belle occasion avec un énième déboulé gagnant de Mattia De Sciglio pour Pellè dont la reprise passe près. A la 72ème minute,  c’est la délivrance ! Sur une attaque venue de la droite, le ballon traîne dans les airs de la surface, et Boateng le stoppe de la main: penalty ! Bonucci prend ses responsabilités et ajuste Manuel Neuer « fort dans le coin », qui comme chacun le sait est la plus belle manière de tirer un penalty. L’Italie revient à égalité (1-1) et se paiera même le luxe de s’offrir une énorme occasion conclue par Pellè en corner à la 81ème minute. Dans une atmosphère irrespirable de guerre froide, les deux blocs s’observent en chiens de faïence jusqu’à la dernière seconde du temps règlementaire. La prolongation débute avec le sentiment que l’on s’apprête à vivre un moment inoubliable, dans un sens ou dans l’autre.

Dès l’entame, Pellè sonne la charge et prend un carton jaune idiot qui le prive de la demi-finale en cas de victoire. Le match reste haché mais on sent l’Italie plus à l’aise dans le déplacement comme dans la transmission. Conte opère ses remplacements avec une prudence de Sioux, il sait que la lutte sera longue. A la 105ème minute et donc à la mi-temps des prolongations, un seul changement a été effectué pour soulager un Florenzi cramé et remplacé par Darmian. A la reprise, un moment de flottement sur un centre allemand permet à Draxler de frapper en pivot de près : le ballon s’élève au-dessus de la barre transversale. Un ange passe. Eder sort, remplacé par Lorenzo Insigne immédiatement après cet incident. Sur un contre à la 109′, Draxler passe tout près de servir parfaitement Muller mais appuie trop sa passe, alors qu’un 3 contre 2 s’était dessiné. L’Italie plie mais ne rompt pas, et le 11 transalpin fait de son mieux pour gratter ballons comme précieuses secondes. Elle parvient même à se montrer dangereuse dans un combinaison Pellè-Insigne finalement gâchée par le napolitain. Les Allemands monopolisent la balle mais le bloc bleu ciel tient sa place, Buffon étant sollicité à deux reprises sans trop souffrir. Les deux équipes vont vers les tirs au but en clopinant : le duel entre Neuer et Buffon peut commencer.

Insigne s’élance le premier et prend Neuer à contre-pied (1-0). Kroos est le premier allemand, et il bat Buffon pourtant parti du bon côté.

Zaza fait littéralement n’importe quoi pour le deuxième penalty italien : sa course d’élan, grotesque, et sa frappe part dans les nuages !

Buffon par bonheur arrête la frappe qui suit de Muller (1-1) et remet l’Italie sur les rails. Barzagli transforme le troisième penalty par la suite d’une superbe frappe.

Ozil, le buteur allemand, frappe ensuite le poteau ! (2-1 pour l’Italie!) Pellè est là pour donner l’avantage mais rate complètement sa frappe. L’Allemagne peut revenir à égalité.

Draxler égalise en force par la suite (2-2). C’est alors insoutenable : Bonucci qui a déjà scoré sur penalty ce soir s’élance en cinquième tireur et se heurte à un superbe arrêt de Neuer. Balle de match pour les teutons.

Le capitaine Schweinsteiger réussit l’exploit de rater complètement ce penalty ! Nouvelle égalité entre l’Italie et l’Allemagne. Mort subite !

Giaccherini transforme, facile. C’est alors à Hummels d’égaliser, ce qu’il fait avec difficulté malgré le bon départ de Gigi Buffon. Parolo remet l’Italie devant avec beaucoup de sérieux dans la minute qui suit.

Kimmich égalise (4-4) et de Sciglio vient poser le ballon : but ! Transversale rentrante (5-4)

Boateng, coupable de sa terrible erreur qui a amené le penalty italien, réussit lui aussi sa tentative et remet les pendules à l’heure (5-5). Darmian s’élance, et tire sur Neuer : l’Allemagne peut partir en demi-finale sur le tir qui suit.

Hector transforme, l’Allemagne se qualifie.

Les enseignements

Irrespirable, mais inoubliable. Certains diront que l’enjeu a tué le jeu, mais ce sera un postulat rigoureusement faux. Ce match aura été un sommet tactique, un chef-d’oeuvre absolu en matière d’organisation pour deux collectifs tout à fait impressionnants. Presque aux sommets de leurs arts respectifs. Fatalement, une telle dimension aura conduit à des ambitions offensives limitées, par le sérieux et la rigueur de deux machines bien différentes mais toutes aussi efficaces. Première leçon donc : l’Italie aura été à la hauteur, sans contestation possible, de la meilleure équipe de la dernière Coupe du Monde. L’Italie connaît avec cet Euro l’une de ses plus belles aventures qui s’achève malheureusement sur une série de tirs au but dantesque.

Simone Zaza devra répondre du degré extrême de ridicule de son tir au but. Buffon aura tout tenté, tout fait, pour qualifier l’Italie mais le destin était contre elle. De Sciglio aura démontré de manière définitive sa capacité à jouer les premiers rôles à très haut niveau.

Beaucoup de regrets, de larmes et de déception après cette séance improbable. Cette Italie aura été une grande Italie. L’Allemagne l’emporte sur un coup du sort mais les Azzurri n’auront en rien démérité, si ce n’est sur le déroulement cruel de la séance de tirs au but.

 

La feuille de match

Italie – Allemagne 1-1 (5 TAB à 6)

Buteur(s) : Ozil (65′), Bonnucci s.p. (78′)

Italie (3-5-2): Buffon ; Barzagli, Chiellini, Bonucci ; Giaccherini, Parolo, De Rossi, Florenzi, De Sciglio ; Eder, Pellè

Allemagne (4-3-3): Neuer ; Howedes, Boateng, Hummels ; Kimmich, Khedira, Kroos, Hector ; Ozil, Muller, Gomez

Arbitre : Victor Kassai (HON)




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Romain Simmarano

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