Parmi les grosses écuries de serie A, l’AS Roma est sans doute celle que l’on attendait le moins. Un début de saison difficile puis… Ranieri. Et tout change. La Roma réalise une magnifique saison, au-delà de toutes les espérances.

Après un départ catastrophique en championnat et la démission de Spalletti au bout de deux journées, on ne donnait pas cher de la peau de notre chère Louve. Et pourtant… Claudio Ranieri, romano de Roma, pose ses valises dans la ville de son cœur début septembre, et entame aux côtés du peuple giallorosso une aventure que l’on est pas prêt d’oublier. Cela commence (et se termine d’ailleurs) du côté de Siena, où la Roma engrange doucement mais sûrement ses premiers points de la saison, dans la douleur. Puis vient l’humiliation des Suisses (vous avez dit petits?) du FC Bâle, et la domination de la Fiorentina. Le mois d’octobre annonce un hiver difficile: trois défaites consécutives en championnat, et des supporters qui perdent foi en leur équipe. La Présidente Rosella Sensi est la cible de toutes les critiques, mais elle ne perd jamais confiance en ses hommes, et elle a bien raison. Les giallorossi voient le bout du tunnel à San Siro, lors du 1-1 contre l’Inter. De là se construit peu à peu une Roma solide, organisée, mais surtout une Roma qui gagne. Et c’est bien là le plus important.

L’hiver qui s’annonçait rude fut magique. Les giallorossi l’emportent à Turin, puis à Florence, mais saluent l’Europe après deux matches de folie, face au Panathinaïkos de Djibril Cissé. Un mal pour un bien, puisque l’équipe n’en ressortira que grandie, et prête à tout donner dans le championnat. Illustration quelques semaines plus tard, avec la victoire à l’Olimpico sur le leader Inter, qui relance pour de bon la course au Scudetto. Arrive le mois d’avril, la Magica Roma éblouit tout son monde, et prend la tête de la serie A, après une incroyable série de 24 matches sans défaites! À l’Olimpico c’est du délire, les deux derbys sont d’ailleurs arrachés de force à la Lazio, et les supporters se prennent à rêver. Mais le miracle est déjà passé, et la Roma va payer cash son seul faux-pas de la deuxième partie de saison, lorsqu’elle s’incline face à la Sampdoria et son justicier Pazzini. Le rêve Scudetto s’envole, l’Inter ne lâchera pas prise. Mourinho leur soufflera également la Coupe d’Italie, encore une fois sur le fil. Mais malgré tous les regrets, les gladiateurs de Rome peuvent sortir la tête haute, ils ont réalisé une saison au-delà de toutes les espérances.

Les records statistiques de l’AS Roma

- 34 comme le nombre de points obtenus à l’extérieur

- 7 victoires consécutives, 9 victoires consécutives à domicile et 5 à l’extérieur, la Roma détient tous les records

- 48 points (sur 57 possibles) lors de la phase retour

- 24 matches sans défaites entre Udinese-Roma et Roma-Sampdoria, soit 6 mois sans perdre

- 11 comme le nombre de pénaltys obtenus

- 9 buts sur corner pour la Roma

- 2,22 points par match, c’est la moyenne de Claudio Ranieri

Le man to man

JULIO SERGIO (37 matches, 32 buts encaissés)

7,5

La révélation de l’année. Considéré comme le “meilleur troisième gardien du monde” par Luciano Spalletti, Julio Sergio a surpris tout son monde et est aujourd’hui devenu le numéro 1 incontestable dans les cages de la Roma. Aussi spectaculaire qu’efficace, le Brésilien a sauvé les siens à maintes reprises cette année. On se souviendra longtemps de ses arrêts décisifs dans les deux derbys. La prolongation de contrat est signée, on a hâte de la confirmation l’an prochain.

DONI (14 matches, 16 buts encaissés)

5

L’explosion de son compatriote Julio Sergio et les blessures récurrentes ont valu a Doni une saison entière sur le banc de touche. Une sortie remarquée toutefois, face au Chievo, lorsqu’il est expulsé au bout de douze minutes pour une main en dehors de sa surface… Il passe les derniers matches de la saison en tribune, preuve d’une rupture définitive avec le club.

BOGDAN LOBONT (3 matches, 1 b.e)

non-noté

Très peu de temps de jeu pour le Roumain arrivé l’été dernier à la Roma, mais la sympathie de tout le groupe. C’est déjà ça.

ARTUR (5 matches, 9 buts encaissés)

non-noté

Titulaire lors du premier match de la saison face au Genoa, il a eu le temps d’en prendre trois, on ne l’a pas revu depuis. Bon vent.

JUAN (36 matches, 0 but)

7,5

Grand artisan de la folle remontée des giallorossi, Juan réalise une saison exceptionnelle, tant sur le plan des performances que de la régularité. Il est impeccable dans les airs et ses superbes tacles glissés ont fait se soulever la Curva plus d’une fois. Le Brésilien nous a sorti quelques matchs tout simplement monstrueux, pour ce qui fut sans aucun doute sa meilleure saison en giallorosso.

NICOLAS BURDISSO (44 matches, 2 buts)

7

Arrivé au mercato d’été pour palier les blessures récurrentes de la paire Juan-Mexes, Burdisso s’est rapidement imposé comme titulaire aux dépens du Français. Rien de plus logique finalement puisqu’il a formé avec Juan l’une des charnières les plus efficaces de Serie A. Il est devenu un leader au sein de la défense giallorossa et ses performances de grande volée auront dégoûté ses anciens coéquipiers de l’Inter, qui l’accuseront de n’avoir jamais aussi bien joué avec eux. Son rachat définitif sera une des priorités du mercato de la Roma.

PHILIPPE MEXES (32 matches, 2 buts)

5,5

De titulaire indiscutable à remplaçant de luxe, le Français a vécu une saison difficile. Mexès est relégué sur le banc quelques journées seulement après l’arrivée de Ranieri, et même s’il n’a pas été épargné par les pépins physiques, il n’a jamais su trouver la pleine confiance du nouveau coach. Ses larmes lors du Roma-Samp perdu en fin de saison resteront le symbole d’une saison délicate mais où la loyauté en son club n’a jamais failli.

MARCO ANDREOLLI (15 matches, 1 but, 1 p.d)

6

Son but décisif au Craven Cottage de Fulham en Europa League vient illuminer une saison bien terne. À bientôt 24 ans, Andreolli peine à trouver sa place au sein de la défense giallorossa, mais quoi de plus normal au vue de la concurrence? Il va cependant falloir se montrer un peu plus la saison prochaine si le jeunot ne veut pas perdre son statut de grand espoir du football italien.

JOHN ARNE RIISE (52 matchs, 8 buts, 1 p.d)

7

L’homme aux trois poumons. Riise a définitivement conquis tout le peuple romain cette saison. Un joueur infatigable, qui ne lâche jamais rien, et qui apporte énormément offensivement. Le Norvégien peut toujours compter sur sa frappe sur-puissante, qui lui a permis d’inscrire pas moins de 8 buts cette saison, pas mal pour un arrière gauche. Car on (il ?) en oublie parfois qu’il est là avant tout pour défendre.

MARCO CASSETTI (38 matches, 2 buts, 1 p.d)

6,5

Considéré l’année dernière comme la doublure de Cicinho ou même Motta, il est l’une des plus belles surprises de cette saison. Surprenant. Marco a fait preuve d’une rigueur défensive insoupçonnée durant toute la saison, et son but lors du derby a complétement changé l’opinion que la Curva se faisait de lui.

MARCO MOTTA (27 matches, 2 p.d)

6

Cette année devait être celle de la confirmation pour Marco, mais son jeune âge aura peut-être joué contre lui. Ranieri lui préfère Cassetti pendant l’ensemble de la saison, mais ses quelques apparitions restent prometteuses. Courtisé par les grosses écuries anglaises et espagnoles durant le mercato d’hiver, pas sûr que l’Italien soit toujours avec la Roma pour la rentrée des classes, en septembre prochain.

MAX TONETTO (8 matchs, 0 but)

non-noté

Blessé durant une grande partie de la saison, son absence est carrément passée inaperçue tellement Riise a été monstrueux sur le côté gauche. Ranieri ne considère pas Tonetto comme une alternative fiable au Norvégien, et va chercher à recruter un nouvel arrière gauche, on peut dire adieu à Tonetto Carlos.

DANIELE DE ROSSI (49 matchs, 11 buts, 8 p.d)

7

On attend toujours le maximum du Futuro Capitano de la Roma, plus si futuro que ça aujourd’hui. La saison de De Rossi aura manqué d’étincelles pour certains, mais avec ses onze réalisations, il bat tout de même son record personnel. Il clôt d’ailleurs la saison par une merveille de frappe face au Chievo, qui aurait certainement valu plus qu’un rêve envolé. De Rossi est et restera le poumon de la Magica.

DAVID PIZARRO (46 matchs, 3 buts, 16 p.d)

8

Certainement sa meilleure saison sous le maillot giallorosso. David Pizarro effectue un énorme travail au milieu de terrain, et Ranieri ne peut se passer de lui. Irremplaçable, le Chilien éblouit de part ses ouvertures magnifiques et ses superbes crochets tout au long de la saison. C’est peut-être le meilleur joueur de la Roma cette année, et ses 1m70 n’enlèvent rien à son immense talent.

MATTEO BRIGHI (32 matchs, 5 buts, 4 p.d)

6

Là aussi on attendait beaucoup après une belle saison 2008/2009, mais la paire Pizarro-De Rossi est irremplaçable au milieu de terrain. Brighi n’a du coup bénéficié que de peu de temps de jeu, mais n’a toutefois jamais déçu et reste un remplaçant précieux, pouvant évoluer à plusieurs postes.

RICARDO FATY (11 matchs, 1 p.d)

5,5

Le jeune Français de 23 ans n’a bénéficié que de très peu de temps de jeu cette saison, mais reste un milieu de terrain prometteur. On retiendra une belle performance face au Napoli, mais il va falloir d’avantage s’affirmer, pour ne pas passer une nouvelle année en tribunes.

SIMONE PERROTTA (40 matchs, 6 buts, 5 p.d)

6,5

Une belle saison pour Simone, que Ranieri semble beaucoup apprécier. Très polyvalent, Perrotta court toujours autant, un peu moins dans le vide. Son travail au milieu de terrain passe parfois inaperçu, mais il sait toujours se mettre au service de l’équipe, et a constamment de l’énergie à revendre. Une valeur sûre, qui a considérablement rehaussé son niveau de jeu par rapport à l’année dernière.

RODRIGO TADDEI (46 matchs, 2 buts, 8 p.d)

6,5

Ranieri sait qu’il peut toujours compter sur sa bonne volonté, et il ne s’en prive pas. Taddei est souvent le premier à revenir défendre, et même s’il n’a plus ses jambes de 20 ans, il apporte beaucoup à l’équipe, autant offensivement que défensivement. Très utile sur les côtés, le Brésilien peut aussi se montrer précieux devant le but, comme lorsqu’il rate sa reprise contre l’Inter, reprise qui se transforme en passe décisive pour Toni. Son but à Parma vient couronner une saison plein de générosité, la dernière de son contrat avec la Roma, qui ferait une très bonne affaire en le prolongeant.

JEREMY MENEZ (37 matches, 4 buts, 10 p.d)

7

C’est la bonne surprise de cette saison côté Roma. Une discussion à la mi-saison avec Ranieri aura vraisemblablement changé beaucoup de choses, le natif de Longjumeau est désormais au service de l’équipe, a gagné en maturité, et l’irrégularité qui le caractérisait jusque là a laissé place à une envie de tous les instants. Passé la déception de sa non-convocation par Raymond Domenech, il faudra redoubler d’effort pour continuer à progresser, et peut-être s’affirmer définitivement comme l’un des meilleurs attaquants français.

ALESSIO CERCI (19 matchs, 3 buts, 4 p.d)

5,5

Formé à la Roma, il est beaucoup apprécié des tifosi, qui le voient déjà devenir grand. Mais il faudra se contenter de quelques apparitions pas toujours convaincantes, même si sa vitesse et ses dribbles laissent deviner un gros potentiel chez ce jeune de 22 ans.

JULIO BAPTISTA (32 matchs, 4 buts, 2 p.d)

5,5

Baptista la Bestia a décidément bien du mal à trouver sa place au sein de l’effectif romain. Constamment sur le banc des remplaçants pour sa deuxième année en giallorosso, il inscrit trois petits buts en championnat, et c’est à peu prêt tout. Le Brésilien reste toutefois un bon joker, souvent percutant lors de ses entrées en jeu. Au moins il arrivera reposé pour la Coupe du Monde…

MIRKO VUCINIC (46 matchs, 19 buts, 8 p.d)

8

L’année de la consécration. Vucinic confirme tout le bien que l’on pensait de lui, dans une saison qu’il aura certainement marqué de son empreinte. Un immense talent au service de l’équipe, et dont les nombreuses réalisations sont très souvent décisives. Le Monténégrin est devenu l’un des piliers de la Roma de Ranieri, toujours dans les bons coups, il apporte ce petit plus de folie dans l’attaque giallorossa. Enfin.

LUCA TONI (17 matchs, 5 buts, 1 p.d)

6,5

Transféré à la mi-saison en provenance du Bayern Munich, Luca Toni a tout de suite su se faire apprécier des supporters de la Roma. Il commence avec une énorme envie de bien faire, explose à l’Olimpico face au Genoa, puis vient la blessure à Turin. Un coup d’arrêt pour le géant italien, qui reviendra un mois plus tard, en bien moins bonne forme toutefois. Mais la classe ça ne s’oublie pas, malgré une fin de saison en demi-teinte, Toni offre la victoire de l’année à la Roma, face à l’Inter, toujours à l’Olimpico, qu’il adore, et qui le lui rend bien.

FRANCESCO TOTTI (31 matchs, 25 buts, 11 p.d)

7,5

On l’annonce à chaque fois sur le déclin, et à chaque fois il fait taire les sceptiques. Encore une saison où Francesco Totti ne fut pas épargné par les blessures, et encore une saison qu’il éclabousse de tout son talent. C’est l’âme de la Roma, son gladiateur éternel, dont la seule présence sur le terrain décuple la motivation de ses coéquipiers et double le volume de la voix des tifosi. Avec ses 14 réalisations en championnat, il est (aux côtés de Vucinic) le meilleur buteur de la Roma… pour la cinquième année consécutive. C’è solo un capitano.

FILIPPO SCARDINA (1 match, 1 but) & PETTINARI (2 matchs, 0 but)

Deux jeunes lancés dans le grand bain par Ranieri, qui se sont notamment montrés en Europa League, lors du déplacement au Cska Sofia. À seulement 17 ans, Scardina s’est même offert le luxe d’inscrire son premier but chez les grands. À eux de progresser, et de montrer que le centre de formation de la Roma est toujours capable de nous sortir quelques perles rares.

Ils sont partis au mercato d’hiver

CICINHO

non-noté

Malgré son gros potentiel, le latéral brésilien n’a jamais vraiment réussi à confirmer sous le maillot de la Roma, et cette saison fut celle de trop. Après 6 mois passés à cirer le banc de touche Cicinho retourne au pays, prêté au FC Sao Paulo, son club formateur. L’aventure à la Roma s’arrête là, on ne le regrettera pas.

STEFANO GUBERTI (11 matches, 1 but, 3 p.d)

5,5

Première partie de saison sans coup d’éclat, là aussi on attendait mieux. Il rejoint ensuite la Sampdoria au mercato d’hiver, pour participer activement à la qualification en Champions League des doriani. Maintenant que la Roma a retrouvé toute sa superbe, il va falloir travailler dur pour se faire une place qui lui semblait toute trouvée en début de saison.

ADRIAN PIT (3 matches, 1 p.d)

non-noté

Son dernier match avec les giallorossi nous laisse un bon souvenir, lorsqu’il offre une passe décisive à Okaka. Prêté à la Triestina (serie B) pour la deuxième partie de la saison.

STEFANO OKAKA CHUKA (12 matchs, 4 buts, 2 p.d)

6,5

Son but venu d’ailleurs et qui donne la victoire à la Roma contre Siena l’a révélé au grand public. Mais quel but ! Parti s’aguerrir en Premiere League avec les Cottagers de Fulham, le jeune italien de 20 ans tentera de faire son trou à la Roma la saison prochaine. On a hâte.

CLAUDIO RANIERI

9

On se demande encore quelle aurait été la saison de la Roma sans lui… Appelé à la rescousse le 2 septembre dernier, Claudio Ranieri débarque sous les moqueries des bianconeri de la Juventus, qui s’amusent de voir le vieux croûton qu’ils ont lourdé deux mois plus tôt reprendre les rennes de l’ennemi romain. Bien mal leur en pris. Ranieri n’a pas tardé à instaurer sa culture du travail, une nouvelle mentalité pour le club, et tant pis si le beau jeu est passé au second plan. Le natif de Testaccio (quartier populaire de Rome) a par-dessus tout ramené de la rigueur à la Roma, qui a retrouvé une défense digne de ce nom. Et ça a fini par payer. Partie des oubliettes, la Roma effectue une remontée fantastique, et vient se mêler à la lutte pour le Scudetto, avant d’en faire un mano-à-mano passionnant avec l’Inter. Mais Claudio Ranieri, ce n’est pas seulement des résultats, il a su redonner à la Roma une certaine crédibilité, et restituer à la Ville Éternelle une passion plus authentique que jamais.

La saison prochaine

Ce sera forcément celle de toutes les attentes pour la Roma, car avec une telle équipe remaniée au mieux lors du mercato, les tifosi n’attendront pas moins que le titre qui leur échappe depuis bientôt dix ans. La Louve pourra peut-être profiter des perturbations attendues chez les trois rayés du Nord, qui changeront d’entraîneurs. Claudio Ranieri lui sera bien là pour poursuivre l’aventure en giallorosso, si bien entamée.

En Europe, la Magica retrouvera la Ligue des Champions, avec la ferme intention de bien y figurer, et plus si affinités. Mais l’exigence physique et mentale de la plus prestigieuse des compétitions obligera la Roma à investir sur le mercato. Ranieri parlait récemment de quatre ou cinq recrues, des “champions” disait-il. Adriano sera vraisemblablement le premier, Simplicio du Palermo devrait suivre, puis un ailier (Benayoun, Eboué ?), un Riise-bis… La parole est à ce cher Claudio.