Italie-Irlande vu des tribunes par Calciomio
Ça y est c’est le Jour-J. L’équipe d’Italie se voit affronter l’Irlande à Lille, dans le Nord. Une région qui a vu arriver des dizaines et des dizaines de milliers d’Italiens au cours du siècle dernier. Qu’ils soient mineurs, maçons ou peintres en bâtiment, ces immigrés ont légué à la quasi totalité de leur progéniture un amour inconditionnel et intemporel de la Nazionale. Une occasion immanquable pour nous. On va vivre ce match, au contexte si singulier d’un Euro en France. Entre ceux qui viennent exprès de Lombardie pour voir le match et les immigrés travaillant dans le nord, l’ambiance est belle.
Nous voilà, réunis tous ensemble à quelques heures du coup d’envoi, on fait un dernier point avant de partir au stade. Maillot azzurro pour tout le monde. 2 drapeaux de l’Italie et un de la Sardaigne. «Billets et cartes d’identité ? Ok ! Andiamo ! ». 2 juventini, 2 interisti et un laziale dans la même voiture. Ça aurait pu être compliqué à prévoir mais le pouvoir d’unification de l’équipe d’Italie dépasse cela. Peu importe qui marque, qui joue, les encouragements seront unanimes. Ou tout du moins, on l’espère. À peine arrivée, ça lance les premiers chants. « Sisi Si Sisi Si Sisimone ZAZA ZA ZAZA ZA ZA ZAZA ZA » sur l’air du célèbre hymne destiné aux frères Touré. Vient ensuite le remix du tube de l’été. Pas de Drake ou Rihanna ici. L’hommage au seul et unique Will Grigg. Une reprise qui risque de faire plaisir à Lukaku et Ibrahimovic. « Chiellini’s on fire. Your attack is terrified, Chiellini’s on fire. LALALALALA »
Tout le monde se regroupe autour des bars, Italiens comme Irlandais, une pinte ou deux aidant souvent à rapprocher les peuples. Le premier Inno di Mameli est lancé par des Italiens du Valenciennois, avec un invité surprise. Un Irlandais qui aurait pu aisément transformer un alcootest à la couleur du maillot de son équipe. L’individu danse au rythme des chants italiens, fait des photos avec eux et nous prouve que la sympathie des supporters Irlandais est bel et bien réelle.
Si les drapeaux italiens et irlandais sont sur la quasi-totalité des épaules, de quoi faire pleurer un daltonien, on peut apercevoir quelques drapeaux sardes. En quelques secondes, les connexions se font et les histoires de chacun se dévoilent. « Je suis venu de Sardaigne voir le match avec mon cousin. Il habite dans le Nord, à Douai, vu la distance nous étions obligés de le faire » nous raconte un jeune qui habite à côté de Cagliari, bandiera autour du cou et coque de téléphone à l’effigie des quattro mori. Réussir à faire quitter à un supporter la Sardaigne, de son plein gré, pour atterrir dans le Nord de la France, seule l’équipe d’Italie pouvait accomplir ce miracle. Et il n’est pas le seul à l’avoir fait. Un Français nous raconte être en couple avec une Sarde « Pour l’occasion, on a fait revenir de Sardaigne toute sa famille. Histoire de voir le match tous ensemble. »
L’entrée dans le stade
Après avoir passés les fouilles, nous nous dirigions vers nos places et des tribunes, on peut remarquer l’important nombre de supporters avec le maillot azzurro. Le coup de gueule de Conte a semble t-il a été entendu. Si le nombre de supporters semble équivalent à l’œil, côté décibels c’est autre chose. Seul l’hymne Italien fait illusion tant les supporters irlandais donnent de la voix. Du début à la fin. Peu importe le déroulement du match, les seuls supporters entendus sont verts. L’échauffement de Robbie Keane, le héros local, ne fera qu’accentuer ce soutient. « Shane Long’s on fire. Your défence is terrified. Shane Long’s on fire » résonne dans tout le stade. Ce n’est pas vraiment le cas mais si ça leur fait plaisir de le dire. Ils sont tellement sympa qu’on leur accorde. Au retour des vestiaires, les remplaçants italiens partent s’échauffer sous les acclamations de quelques tifosi. Seul Insigne les remercie. Le petit napolitain semble s’agacer au bout de plus 20 minutes d’échauffement, lui qui n’a toujours pas disputé une seule minute durant l’Euro. Le préparateur physique le remotive et attend avec impatience un signe du banc pour envoyer le joueur sur le terrain, conscient de sa frustration.
Après son entrée et sa très belle action, le public italien se réveille et scande son nom. Le but de Brady qui survient alors en fin de rencontre provoque une explosion verte dans les tribunes. L’arbitre siffle la fin du match et le délire commence. L’un d’entre eux, coincé entre une dizaine de supporters italiens ne peut retenir ses larmes et accompagné d’autres compatriotes ils finissent même par prendre dans leurs bras certains adversaires du soir. Si l’Irlande n’a aucun top player dans son groupe, son public lui est comme tel, sans aucune contestation possible. Pour nous la déception de voir la Squadra perdre est présente mais qu’importe, c’est ça l’esprit du foot qu’on aime.
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