DOSSIER : Domenech-Italie, la genèse d’un conflit – Euro Espoir 96 (2/3)
En arrivant en Espagne, pour participer au 10ème championnat d’Europe Espoirs en 1996, l’Italie, est déjà double tenante du titre. Après la désillusion française lors de la finale perdue face à l’Italie, les bleuets de Domenech vont de nouveau rencontrer les Azzurrini de Maldini. Malheureusement pour l’ex-commentateur sportif le résultat sera le même. Mais cette fois-ci ce sera en demi-finale. Cette rencontre est le deuxième échec (sur trois) de Domenech face à l’Italie avec les moins de 21 ans.
L’Italie, cette bête noire
Depuis la défaite en finale de l’Euro 1993 face à l’Italie, aux tirs au but, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pour les Bleuets et Raymond Domenech. La génération des Thuram, Zidane, Dugarry s’en est allée. Elle a laissé place à une génération dans laquelle l’équipe de France puisera pour remporter le doublé Coupe du Monde-Euro. On peut dénombrer Candela, Pirès, Wiltord, Maurice, Vieira et Makelele, qui avait été le tireur malheureux lors la précédente édition.
L’ancien entraineur de Lyon a entre ses mains une génération redoutable, qui s’est magnifiquement qualifiée pour les jeux Olympiques, enjeu majeur avoué pour le sélectionneur, mais le sort est maudit pour lui et ses espoirs car il tombe de nouveau sur sa bête noire, l’Italie. Mais au-delà de la superstition, s’érige en face d’elle une génération italienne dorée, peut-être, la plus grande équipe Under21 de tous les temps.
La meilleure génération italienne Under-21 de tous les temps (92-96)
Lors de cet Euro, Cesare Maldini est toujours à la tête de la sélection des moins de 21 ans. Après avoir glané les deux dernières éditions (1992 et 1994), il arrive en Espagne (terre d’accueil de l’Euro Espoir 96) entouré du latéral et homme à tout faire de la défense, Panucci, des Nesta et Cannavaro, des milieux Pecchia, Tacchinardi et Morfeo, d’un tout jeune attaquant qui commence à faire parler de lui, Totti, qui a dû remplacer Vieri et Inzaghi, tout deux blessés pour le tournoi. On peut noter également la réserve de luxe du gardien titulaire, un tout jeune Gianluigi Buffon.
L’objectif de Maldini Père en arrivant à Barcelone est de créer cet exploit que personne n’avait jamais réalisé et dont le record tient toujours : gagner l’Euro Espoir trois fois de suite. Après s’être défaits en quart de finale, difficilement, du Portugal de Sérgio Conceição et Nuno Gomes, qui doivent une nouvelle fois rendre les armes face aux italiens, les Azzurrini atteignent le Final Four, face à l’équipe de France.
Une nouvelle provocation de Domenech
Lors de la conférence de presse d’avant-match, le sélectionneur français semble satisfait et railleur. S’il avoue que ce match est une revanche pour lui, il revendique qu’elle ne l’est pas pour ses joueurs, avant d’affirmer que les Italiens sont « égaux à eux-mêmes, forts techniquement et tactiquement, et truqueurs… A 16 ans, ils sont déjà plus professionnels que chez nous à 30 ans ». Il avoue d’ailleurs avoir fait un entrainement spécial avec ses joueurs le week-end précédent pour pratiquer… le tirage de maillot.
Humour ou non, qu’il les pense réellement ou non, à chaque fois ses sorties font mouches, et produisent l’effet escompté : provoquer. Les mots, il aime les aiguiser, et les lancer sur sa meilleure cible. Ce qui fait de lui l’un des sportifs français les plus mal aimés en Italie, en tout cas celui qui déclenche le plus de polémiques.
Et le match alors ?
Cesare Maldini attaque le match dans une configuration assez défensive. Le sélectionneur craint le trident d’attaque Pirès, Wiltord et Flo Maurice. Il aligne une défense à cinq, avec quatre milieux de terrain travailleurs laissant le seul Amoruso devant. En attente du contre fatal, les Azzurrini sont près à utiliser les moindres espaces laissés par leur adversaire.
Le match est cadenassé, et il faudra attendre la deuxième mi-temps, et l’entrée en jeu de Totti pour voir la partie connaitre son dénouement. Le Romain profitera notamment d’un tir repoussé de Brambilla par Letizi pour le reprendre victorieusement.
L’histoire retiendra que l’équipe d’Italie battra en finale, chez elle, l’Espagne, des Raul, Mendieta et autres De La Pena, aux tirs aux but, comme elle l’avait fait deux ans auparavant contre la France. Elle remportera ainsi son 3ème Euro Espoir de suite, pour un totale de cinq (leader ex aequo avec l’Espagne), et Cannavaro sera élu joueur du tournoi.
Notre Raymond Domenech préféré aura eu la malchance de rencontrer lors de ces deux éditions, peut-être, la meilleure génération d’Espoir de tous les temps. Malheureusement pour lui, ce ne seront pas ses dernières désillusions face aux italiens…
A lire aussi dans le dossier consacré à Domenech et l’Italie :
Partie 1 : Euro Espoir 1994, la première
Partie 2 : Euro Espoir 1996, bis repetita
Partie 3 : Euro 2000, ça commence à faire beaucoup
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