Armando Izzo, l’enfant de Scampia

Par Rémi Falvo publié le 30 Mar 2017
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L’homme droit de la Scampia

C’est à Naples, dans le très difficile quartier de la Scampia que tout a commencé. En réalité, ça a même failli ne jamais commencer. Alors joueur de l’ARCI Scampia, Armando Izzo perd son père, qui les laisse lui, sa mère, et ses quatre petits-frères dans une situation très compliquée. Du coup, le football n’est vraiment plus sa priorité: il faut ramener de quoi vivre à la maison. Il commence donc à travailler comme serveur et également comme maçon, mais il n’abandonne pas le foot pour autant. Son entraîneur du moment, Antonio Piccolo, décrit bien la situation: « Il a dû gagner rapidement de l’argent pour que lui et sa famille subviennent à leurs besoins, mais attention! Toujours dans la légalité! ». On comprend bien à quoi l’entraîneur de l’ARCI Scampia fait allusion, quand des centaines de jeunes dans des situations similaires dans ce quartier font le choix de la Camorra, la mafia napolitaine. Armando Izzo serait donc un homme droit et intègre. Pourtant, il serait mêlé aujourd’hui dans une sombre affaire en lien direct avec cette même Camorra, du temps où l’actuel Génois évoluait sous les couleurs verdebianche de l’Avellino. Rappel des faits: le défenseur central est accusé d’avoir contribué à truquer deux matchs de son équipe au profit de la Camorra napolitaine. Fait notable: Izzo n’a pris part à aucune des deux rencontres. Pour cela, il risque jusqu’à 6 ans de suspension. Autant dire que ce serait la fin de sa carrière.

La montée en puissance, l’appel de Ventura, et la cour d’appel

Le défenseur de 25 ans peut tout de même compter sur le soutien total de son club actuel, qui avait envisagé de lui donner le brassard de capitaine lors du match qui a eu lieu peu après que les accusations soient ressorties dans la presse. Mais Burdisso fêtant son centième match en rossoblù, ce beau geste n’a pas eu lieu. A Gènes, quand des accusations contre Izzo sont prononcées, on a coutume de répondre que rien n’a été prouvé et qu’ils n’ont pas à punir leur joueur. Vu ses prestations et son statut actuel dans l’équipe, cette attitude est certainement la meilleure à avoir. Depuis qu’il est arrivé au club en 2014, il a su s’imposer comme un titulaire indiscutable qui compte 70 présences en deux saisons et demies. Et cela au point de taper dans l’œil du sélectionneur de la Nazionale Giampiero Ventura et d’être appelé pour faire partie du groupe azzurro pour affronter le Liechtenstein et l’Allemagne en novembre 2016. Car oui, au-delà de toutes ces histoires, Armando Izzo est un très bon joueur. Un défenseur au profil rare de nos jours: pas spécialement grand, mais propre, élégant. Avec une volonté permanente de dégager le moins possible. Lorsqu’on connait la tendance actuelle des centres de formation qui cherchent avant tout des athlètes plutôt que des joueurs de ballon, la performance d’Izzo est notable. Et ça, déjà en 2011, Walter Mazzarri l’avait remarqué. Izzo était alors âgé de 19 ans quand le technicien l’appelle pour s’entraîner avec l’équipe première. Mais le défenseur refuse. La raison? Il a honte de ne pas pouvoir se payer des chaussures adéquates. Quand Mazzarri apprend ça, il file lui acheter une nouvelle paire de crampons. Une histoire touchante, à propos d’un homme dont le championnat italien risque de devoir brutalement se détacher. La justice va bientôt apporter son verdict. Mais une chose est sûre, si Izzo a les mains aussi propres que ses relances, il n’a rien à craindre.

 




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