AS Roma : la capitale est de nouveau à sa place

Par Cesco publié le 11 Avr 2018
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La réputation, ça se forge, ça s’abime mais dans tous les cas, ça colle à la peau. Une fatalité qui poursuit l’AS Roma à travers les âges et qui ne semblait à aucun moment vouloir la laisser tranquille. Mais tout arrive à point, à qui sait attendre.

La lose du loser

Risée de l’Italie du XXIème siècle, la Louve court après une reconnaissance nationale qui ne lui sied guère. Habituée des déconfitures et de la seconde place, l’AS Roma n’a eu de capitale que son histoire . Spéctatrice du titre européen de Liverpool en 1984, des années de gloire de l’Inter entre 2006 et 2010 puis de celles de la Juventus jusqu’à maintenant, les Giallorossi n’ont connu que frustrations et tristesses, hormis deux Coupes d’Italie et un titre obtenu en 2001, vestige d’une époque révolue et quasiment seul fait d’arme d’importance pour la légende Francesco Totti désormais retraitée. A cela il faut ajouter les roustes encaissées en Champions League. De l’échec face à Porto en barrages au 7-1 reçu face au Bayern, Manchester ou encore le Barca. Trois scores identiques face à trois monuments du football qui pour piquer l’adage à Rome, sont venus, ont vu et ont vaincu, sans détails. Trois défaites qui ont fait mal à une histoire européenne compliquée et à un projet sportif qui stagne malgré les coups d’éclats de Sabatini et désormais la stratégie de Monchi.

Une bonne équipe, pas une grande équipe. Un outsider, pas un favori, un joueur plus important que le club, et non l’inverse. Des formules qui se sont avérées pendant longtemps être une définition de l’AS Roma. Encore aujorud’hui, face au Fair Play Financier, la montée en puissance d’un Napoli et le retour au premier plan progressif de l’Inter, la Louve stagne et ne semble plus être en mesure de monter plus haut. Pire, son rival historique, la Lazio, montre le bout de son nez après des années de galère et la titille pour l’accessit en Champions League. Bref, sans progression réelle, le club géré par James Pallotta doit se contenter des restes, dans l’ombre, sans jamais réellement décevoir, sans jamais se sublimer. Seulement au foot comme nul part ailleurs, la magie peut opérer d’un coup sans prévenir.

Une campagne européenne cinglante

Cela aurait du alerter. En héritant de Chelsea et de l’Atletico, l’AS Roma avait toutes les cartes en main pour se faire pulvériser, comme à son habitude dès que l’adversité montait d’un cran. La première saison sans Totti, la transition annoncée compliquée avec un Captain Futuro qui traine désormais la patte, une flopée d’ingrédients en somme préparant la recette d’un nouvel échec certain, en y ajoutant une saupoudrée de championnat qui leur échappe avec une déconcertante facilité. Mais cette fois, rien ne s’est passé comme prévu. Un sursaut d’orgueil ? Une prise de conscience collective ? Un rêve enclanché ? Une folie libératrice ? Peut être tout ça en même temps. La nomination de Di Francesco a soulevé des questions, notamment ses premiers schémas tactiques qui lui ont fait perdre de précieux points en championnat au début de l’hiver. Pourtant en Europe, aucun souci. Chelsea balayé, l’Atletico mis au placard (sans gagner pour autant), la Roma est arrivée en huitième face à un Shakhtar qui faisait office de piège parfait !

Un piège idéal en effet et l’attente d’une Roma qui se tire une balle dans le pied seule, un peu comme l’Empire romain dont les historiens se disputent encore le fin mot à coup de théories et d’hypothèses sur une auto-déstruction quasi inexplicable.  Mais là où la Louve pouvait trébucher, elle a vaincu avec panache. Une qualification en quart de finale plus tard, 11 ans après celui de 2007, le Barca apparaissait comme la marche de trop. Mais là aussi, Rome a déjoué les pronostics.

Le Barca paye pour les autres

Alors oui après le match aller, ils sont très peu nombreux à objectivement croire l’exploit possible. Une défaite 4-1, une poisse une nouvelle fois monumentale avec deux CSC malheureux qui viennent anéantir d’entrée le plan de jeu de Di Francesco. Pourtant, après le but de l’espoir de Dzeko, le retour à l’Olimpico est hors du temps. Une victoire 3-0 qui remet l’église au centre du village, une remontada comme on ne l’attendait pas, une victoire d’autant plus belle qu’elle arrive au meilleur des moments, celui où le football italien avait besoin d’espoir. Après l’élimination face à la Suède, le décès d’Astori, les tifosi avaient besoin d’éclaircies, avaient besoin de joie. La capitale italienne a brillé de mille feux pour leur offrir de la meilleure des manières et montre l’exemple à une Juventus qui ce soir devra suivre l’exemple pour une fois, de sa compère romaine. Maintenant en demi-finale, comme en 1984 ou en 1991 (en UEFA, où elle arrivera en finale, arrêtée par … l’Inter), il s’agira là encore de passer l’obstacle, comme face au Barca où la tactique offensive et la défense à trois mise en place par Di Francesco a anéanti Valverde. Comme du temps de Sassuolo en Europa League face à Bilbao, c’est une nouvelle victoire pour le coach italien face à l’Espagnol. Mais Rome le sait, la victoire réelle ne le sera qu’en mai prochain, dans peut être trois matchs. Pour offrir quelque chose qui aux yeux des tifosi était irréalisable il y a encore quelques jours. Un trophée européen, qui sans Totti, pourrait envoyer un sérieux signal. Nul n’est plus grand que Rome. Quoi qu’il en soit, pour clôturer de la meilleure des façons, et comme l’a dit un très bon consultant à la TV : « il n’y a que deux manières de briller : rejeter la lumière où la produire ». L’AS Roma sait ce qu’il lui reste à faire. Alea jacta est*?

*Le sort en est jeté




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Cesco

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