Bilan de la saison : Juventus
Tout avait été dit en juillet 2014 sur le départ d’Antonio Conte, patron incontesté et guide spirituel de l’équipe, et son remplacement par Max Allegri (choix qui apparaissait comme une solution par dépit), au point de presqu’éclipser les arrivées de recrues pourtant intéressantes (Morata, Pereyra…). Près d’un an plus tard, bien malin celui qui avait prédit une telle saison : un quatrième scudetto d’affilé, avec certes 15 points de moins par rapport à l’année passée, mais cependant une Coupe d’Italie (la première depuis vingt ans) glanée face à une tenace Lazio évoluant dans son antre de l’Olimpico. À l’échelon national, seule la Supercoupe s’est cette saison refusée aux bianconeri, préférant s’en aller du côté de Naples lors d’une séance de tirs au but un soir de décembre. Le meilleur (mais aussi le plus triste) pour la fin : une campagne européenne comme le club n’en avait plus connue depuis douze ans et la finale perdue face au Milan AC, qui se solde là aussi par une défaite (honorable) face au FC Barcelone.
LA SAISON DE LA JUVENTUS
– Champion de Serie A
– Vainqueur de la Coupe d’Italie face à la Lazio
– Finaliste de la Supercoupe d’Italie face au Napoli
– Finaliste de la Champions League face le FC Barcelone
– 54 matches, 36 victoires, 12 nuls, 6 défaites, 98 buts marqués, 34 buts encaissés
L’ÉQUIPE-TYPE
Meilleur buteur : Carlos Tévez, 29
Meilleur passeur : Paul Pogba, 11
Joueur le plus utilisé : Leonardo Bonucci, 4695
LES +
LEONARDO BONUCCI
Un palier de franchi cette saison c’est certain, on en a d’ailleurs parlé à maintes reprises. Très peu de sautes d’attention, une âme de guerrier, et un caractère bien trempé, c’est naturellement sur lui que s’est porté le choix d’Allegri au moment de former la charnière dans la toute nouvelle défense à quatre. Barzagli longtemps blessé et Caceres un demi-ton en dessous, pas étonnant qu’il finisse en tête des joueurs les plus utilisés.
CLAUDIO MARCHISIO
Retour au premier plan pour Il Principino, lui qui devait se contenter l’an passé des miettes laissées par Pirlo, Pogba et Vidal. Remis en selle par Allegri dans un schéma à quatre milieux, il signe une saison pleine, peut-être même sa plus aboutie, et talonne Bonucci au palmarès des joueurs les plus utilisés (4335 minutes de jeu). Mieux, il s’impose comme le digne successeur de Pirlo devant la défense (un poste auquel l’avait déjà essayé Conte) en prenant la place du numéro 21 bianconero à maintes reprises, avec certes moins d’envolées mais des aptitudes qui collent tout à fait avec les exigences d’aujourd’hui.
ALVARO MORATA
Véritable parti pris de la part des dirigeants que d’investir 20 M€ (une coquette somme ces temps-ci en Italie) sur un jeune joueur qui ne bénéficiait pas du temps de jeu nécessaire au Real Madrid pour que l’on puisse réellement déterminer son réel potentiel. Une blessure gag dès son premier entrainement, quelques bouts de matchs à tâtons auraient eu raison de bien des joueurs déracinés de leur environnement habituel, mais pas lui. La pertinence de cet achat s’est peu à peu révélée évidente : Llorente relégué au second plan en attaque, le jeune espagnol a fait trembler les filets face aux cadors européens (deux fois face à Dortmund, deux fois face au Real et une fois face au Barca), attirant également l’œil du sélectionneur ibérique Vicente Del Bosque.
LES –
FERNANDO LLORENTE
On en attendait monts et merveilles après une première saison prometteuse (18 buts)… et puis plus grand chose. Principalement utilisé comme joueur en pivot dans le système d’Allegri, ou comme faire valoir de Carlos Tévez (c’est vous qui voyez), ses 9 buts ont été inscrits avec un minimum d’occasions (mettons quand même ça à son crédit) tant il n’a rien eu à se mettre sous la dent. Victime de la montée en puissance d’Alvaro Morata, il termine la saison sur le banc. Dommage.
SEBASTIAN GIOVINCO
Et ce qui devait arriver arriva… Une moitié de saison dans la lignée de ses précédentes à Turin, trop peu pour espérer faire remonter sa cote. Direction le Canada dès janvier, destination exotique s’il en est, et un départ orchestré de façon également exotique. Valait mieux pas insister finalement.
ANDREA PIRLO
Sûr que ce choix va en faire bondir certains, mais pas la peine de s’acharner sur un Rômulo ou un Luca Marrone aux multiples pépins physiques. Un petit « moins » que celui d’Andrea Pirlo, mais force est de constater que l’âge avançant, le maestro a parfois du mal à être constant (voire consistant). Toujours capable d’illuminer une rencontre sur un coup-franc ou un coup de génie (comme cette frappe de la dernière chance dans le derby turinois), il a parfois souffert la comparaison avec Marchisio en milieu positionné devant la défense.
LES AUTRES
Gianluigi Buffon : l’une des meilleures saisons de sa carrière à 37 ans bien sonnés, la retraite, ce n’est pas pour demain
Marco Storari : Toujours prompt à dépanner, on a notamment pu voir lors du déplacement sur la pelouse de l’Inter qu’il en avait encore sous le pied (ou plutôt sous les gants).
Rubinho : Qu’il ne le prenne pas mal, mais le voir jouer aurait été inquiétant.
Andrea Barzagli : Blessé depuis la Coupe du Monde au Brésil, il signe un retour de premier ordre dans le money time de la saison. Indispensable.
Martin Caceres : L’extrême opposé. Convaincant dès le début de saison, il se blesse au moment où Barzagli revient dans le coup.
Giorgio Chiellini : Le seul, le vrai. Ses glissades lors des matchs européens sont devenues légendaires.
Angelo Ogbonna : En progression par rapport à la saison précédente, mais pas assez pour aller titiller les tauliers.
Luca Marrone : Saison blanche pour le désormais ex-espoir turinois.
Stephan Lichtsteiner : Toujours infatigable, personne n’a été cette année encore en mesure de lui disputer sa place.
Patrice Evra : Une arrivée sur la pointe des pieds, mais une adaptation rapide à son nouveau championnat pour au final un très bon rendement.
Federico Mattiello : Une poignée de minutes disputées, avant un prêt au Chievo et une grave blessure.
Paolo De Ceglie : Est revenu d’un Parma en pleine déliquescence au mois de janvier, histoire de faire le nombre sur les côtés.
Rômulo : Des blessures en pagaille ont empêché l‘oriundo de faire valoir ses chances, lui qui arrivait de l’Hellas sous forme de prêt.
Simone Padoin : Toujours cantonné à un rôle de second couteau, on note cependant quatre matchs de plus en championnat par rapport à l’an passé. Allegri l’a principalement utilisé en tant que latéral gauche, pourquoi pas après tout.
Marco Motta : Il a fait ses valises cet hiver, pour de bon cette fois.
Kwadwo Asamoah : Blessé de novembre à mai, il a dû laisser définitivement son poste à Patrice Evra, et ce alors qu’une intéressante concurrence côté gauche était orchestrée par Allegri.
Paul Pogba : Freiné un temps par une blessure en 2015, il affole pourtant toujours les compteurs (10 buts, 11 passes décisives) ainsi que le mercato.
Stefano Sturaro : Des débuts prometteurs pour le jeune milieu de terrain, et une prestation remarquée face au Real Madrid en Champions League. On attend la confirmation pour l’an prochain.
Mattia Vitale : Deux apparitions en Serie A pour cet habituel pensionnaire de la Primavera.
Simone Pepe : Le revenant a rendu quelques menus services cette saison. Suffisant pour poursuivre l’aventure ?
Arturo Vidal : Il a eu un mal fou à trouver son rythme de croisière, entre une Coupe du Monde éprouvante et des rumeurs persistantes l’envoyant à Manchester United l’été dernier. Pas de mal à mieux terminer la saison qu’il ne l’avait commencé donc.
Roberto Pereyra : Excellente pioche que l’Argentin arrivé en prêt de l’Udinese, qui a livré des prestations de qualité tout au long de la saison, tant en milieu relayeur qu’en trequartista.
Carlos Tévez : Il manque encore de peu de finir meilleur buteur du championnat. Leader incontesté de l’attaque, on l’a également vu beaucoup décrocher pour offrir des solutions au milieu.
Kingsley Coman : Encore un Français qui arrive sans avoir à débourser un centime, comme ce fut le cas pour Pogba il y a trois ans. Un joli potentiel entrevu, malgré un temps de jeu minime pour pouvoir s’exprimer.
Alessandro Matri : Retour surprise de Matri en janvier, alors qu’il avait pourtant trouvé ses marques au Genoa. C’est lui qui offre sa dixième Coupe d’Italie à la Vieille Dame en prolongation face à la Lazio.
L’ENTRAÎNEUR
Arrivé dans le Piémont avec une étiquette tenace de loser (récoltée lors de sa dernière saison au Milan AC), Allegri s’est glissé dans la fonction avec humilité, inscrivant son schéma tactique dans la continuité de l’ère Conte. Sa touche personnelle a été amenée progressivement, avec ce 4-3-1-2 qui a permis d’enfin résoudre l’équation du milieu de terrain (plus la peine de choisir entre Pirlo, Marchisio, Vidal et Pogba). Le bilan comptable est flatteur à l’arrivée, pour un style de jeu loin des canons prônés chez un Bayern ou un Barca, mais pas déplaisant pour autant. Le fait qu’il ait vu son effectif pénalisé par les blessures lui a souvent évité des choix cornéliens (Barzagli/Caceres, Asamoah/Evra). Manifestement pas animé par un esprit de revanche, il cloue pourtant le bec à nombre de ses détracteurs. Encore heureux pour eux que l’issue en Champions League n’ait pas été autre…
LA SAISON PROCHAINE
C’est sûr qu’après avoir goûté à la finale, on a envie d’y revenir. Tel pourrait être le leitmotiv de la saison prochaine, sans négliger le championnat puisqu’un nouveau scudetto permettrait d’égaler la glorieuse équipe des années 30. L’idée de miser sur un autre qu’Allegri n’a bien entendu pas effleuré l’esprit des dirigeants, déjà en action sur des dossiers brûlants (les cas Tévez, Pirlo, Pogba etc). Conserver le noyau dur de l’équipe sera la priorité, alors que des recrues intéressantes ont d’ores et déjà été officialisées (Dybala et Khedira). Le budget à disposition sera cet été plus conséquent : outre la manne financière engrangée grâce à la campagne européenne et le nouveau partenariat avec Adidas, une offre mirobolante pour l’un des top players (au hasard Pogba) ouvrirait encore de nouvelles possibilités. Avant qu’elle n’anime la prochaine saison, il est donc tout à fait possible que la Juve anime d’abord le mercato estival.
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