Buffon et Donnarumma, nouvel acte

Par Cesco publié le 09 Mai 2018
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De points communs, ils n’en ont à priori qu’un, leur prénom. De leur génération à leur style en passant par leur parcours, Donnarumma ne partage que peu de choses avec son ainé Buffon. C’est en tout cas ce que l’on peut croire. Pourtant c’est bien de passassions de pouvoir et de succession dont il est question entre les deux gardiens italiens. Ce soir, nouvel acte d’un affrontement devenu culte pour un pays qui cherche à remplacer ses anciennes gloires par les nouvelles jeunes pousses d’un football en transition.

Deux saisons diamétralement opposées ? Pas tant que ça

Si en terme de résultats, l’un va chercher son 7ème Scudetto consécutif pour alimenter un peu plus une légende bien forgée, tandis que l’autre cherche à sauver ce qu’il reste à sauver dans un Milan AC une nouvelle fois décevant, les deux gardiens ont vécu une saison difficile.

Docteur Gigio, et mister Donnarumma

Pour Gigio Donnarumma, l’été dernier a été vécu comme un prisonnier qui traine un boulet pendant de longs mois. Conspué par les tifosi et contesté par la Curva Sud en raison de ses relations avec son agent et ses positions floues sur son avenir au sein du club (son renouvellement et le recrutement de son frère ayant fait jaser), Donnarumma n’a jamais fait preuve de la même sérénité que l’an passé. Auteur de prestations moyennes, il est mis à mal une grande partie de la saison par les tifosi jusqu’à l’arrivée de Gattuso et un match face au Hellas. Depuis, c’est dans la tête qu’il faut creuser puisqu’il semble petit à petit retrouver ce côté décisif qu’il avait perdu comme en témoigne quelques gestes de grande classe comme cette parade sur Milik face au Napoli (0-0).

Jusqu’au 30 décembre 2017, en statistiques pures*, Donnarumma c’est 19 matchs, 5 clean sheets contre Torino, Sassuolo, Genoa, Spal et Crotone, des adversaires de seconde partie de tableau pour la grande majorité et surtout 27 buts concédés (10 sur son côté droit, 17 sur son côté gauche). En moyenne il réalise 1,67 arrêts par match (ce qui n’est pas un chiffre incroyable) et culmine à 5 face à la Fiorentina, match durant lequel il livre une prestation majuscule, abandonné régulièrement par sa défense et retrouve une confiance perdue jusqu’alors.

A partir de ce moment là, viennent s’ajouter le soutien inconditionnel de Gattuso arrivé peu de temps avant et qui bénéficie d’une côte de sympathie telle qu’il permet de tempérer les ardeurs des tifosi en attendant l’éclaircie. Nouvelle année, nouvelle résolution, en 2018, Donnarumma change et redevient (un peu) le jeune talent que l’on a connu à ses débuts. Ses statistiques sont alors diamétralement opposées à celles de 2017. 15 matchs, 7 clean sheets face à Crotone, Spal, Genoa certes, mais aussi la Sampdoria, l’AS Roma, le Napoli et l’Inter, des équipes de haut de tableau qui jusque là avaient été fatales au Milan AC. Il concède donc moins de buts (11 en 15 matchs) et voit son nombre d’arrêts moyens augmenter. Du 1,67 de 2017 il passe à 2,70 !

Le géant milanais retrouve donc confiance et talent, loin des rumeurs et des déclarations qui ont fait la une des journaux en compagnie de Raiola. A son âge Donnarumma comprend peut être qu’il faut être un peu plus sur le terrain et un peu moins dans le star système. En attendant cet été ? Des nouvelles rumeurs l’envoient déjà au PSG. Mino doit sûrement traîner par là et prépare ses communiqués…

Buffon l’immortel … mais sensible

Que dire de Gianluigi Buffon ? Le gardien de 40 ans n’a disputé qu’une moitié de saison en championnat, laissant l’autre moitié à son remplaçant Szczesny. En terme de statistiques pures là aussi, c’est plutôt flatteur au niveau du bilan. 18 matchs, 11 clean sheets malgré un nombre d’arrêts moyens par match élevé : 2,07. La ou il n’y aura pas deux périodes à analyser, c’est plutôt le 13 novembre qu’il conviendra de regarder. Le moment où l’Italie s’incline face à la Suède laissant le Mondial 2018 s’échapper. A partir de là, Buffon devient la cible de critiques, laissant penser qu’il ne souhaite pas s’arrêter de cette façon avec la Nazionale. C’en est trop pour des tifosi avides de nouveauté et de renouveau surtout qui l’envoient à la retraite, parfois avec beaucoup (trop) de virulence. A partir de là, chaque faux pas est scruté avec attention et Buffon devient alors un gardien remis en cause à chaque intervention. L’action qui emmène le corner du Napoli à la 89ème ? Il relâche un centre de Callejon. Une erreur pour certains… un exemple parmi tant d’autres.

Pourtant, malgré ces réticences et ses nouvelles déclarations, lassé par les critiques, de ne pas poursuivre en Nazionale, Gigi a fait sa saison et entretient sa légende de la meilleure des manières. Il détourne un penalty face à l’Atalanta et même face à Cagliari pour le premier appel à la VAR. Ses statistiques et ses prestations sont loin d’être « à la rue » et la finale de la Coppa arrive en point d’orgue d’une saison faite de hauts et de bas, avec beaucoup d’émotions (certains diront de sensibilité) mais Gigi peut encore écrire la fin, pour qu’on ne garde qu’en dernière image, que celle d’un capitaine comblé par les trophées remportés et non celle des larmes du 13 novembre.

Ce soir, les deux gardiens écriront l’histoire : leur histoire. Pour Donnarumma il s’agira de la fin du prologue, pour Buffon, cela ressemblerait plus à l’épilogue. Heureux ou malheureux, cela ne dépendra que d’eux.




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