Calciocittà, le football italien face caméra

Par Romain Simmarano publié le 03 Jan 2017
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Italie-NazionaleItalia-Germania 4-3

Le match du siècle méritait une oeuvre cinématographique tout à sa gloire. Vingt ans après le match, Andrea Barzini met en scène trois amis d’enfance qui se réunissent pour revoir l’historique demi-finale du Mondial mexicain de 1970. Parlons d’abord de cette fameuse partie de ballon, à laquelle les Italiens arrivent peu convaincants comme à leur habitude tandis que l’Allemagne, sûre de sa force, fait figure de favorite. Mais l’Italie ouvre le score à l’Estadio Azteca par Boninsegna dès la 8ème minute et paraît tenir le score jusqu’à la 93ème minute… L’Allemagne égalise alors miraculeusement, et s’ouvrent les plus intenses prolongations de tous les temps. Des prolongations épiques, techniquement faibles, dans lesquelles le caractère italien fera la différence. Un match merveilleux, qui se finit bien, et pour lequel les trois amis décident de se retrouver. Un film émouvant sans être larmoyant sur la perte des illusions de la jeunesse, sur le vieillissement des idées et de l’engagement. Un film pour lequel, chacun l’a compris, le football n’est qu’un prétexte, mais incontestablement dans l’Italie de 1990 le plus beau des prétextes.

Ultrà

1991: le héros n’est toujours pas le joueur, mais cette fois-ci le supporter. Principe, campé par Claudio Amendola, est un supporter de l’AS Roma, et plus précisément un supporter extrême, voire extrêmiste. Emprisonné après un braquage, le jeune homme sort au bout de deux années, avec une idée fixe: retrouver ses compagnons de bannières, de chants et de drapeaux. Sauf que la situation est baroque : sa fiancée a fini par s’impatienter, et s’est jetée dans les bras de son ancien meilleur camarade de brigade… Le coeur de l’intrigue se situe à l’occasion d’un déplacement de son club de supporters à Turin, pour un match face à la Juventus. Ne sous-estimons pas l’effet sociétal d’une telle oeuvre: Ultrà, resté un film culte pour bon nombre de supporters italiens, est aussi une critique partielle du mode de fonctionnement des ultras de l’époque. Amendola, supporter romain habitué de l‘Olimpico, sera tenu responsable par beaucoup d’entre eux de la mauvaise image véhiculée. Pour l’anecdote, et cela avait échappé à votre serviteur au premier visionnage avant qu’il ne se documente sur le film par ailleurs, le Président de la Sampdoria Massimo Ferrero y fait une apparition!

Maradona – El Pibe de Oro

Le documentaire d’Emir Kusturica mérite que l’on s’y arrête. D’abord, parce qu’il dépeint avec l’aide du premier intéressé lui-même la vie de la légende du Napoli, et plus particulièrement son épopée sportive. Un portrait certes bienveillant mais assez complet de l’homme Diego Armando Maradona, ses combats de toutes natures. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne manquait pas de moulins à attaquer, lui-même handicapé par ses propres faiblesses sur lesquelles il ne fait guère l’impasse. Diffusé en 2008, cette oeuvre demeure un passage obligé pour tout admirateur de El Pibe de Oro qui se respecte. Et permet accessoirement de mesurer à quel point les footballeurs de notre temps ressemblent plus à des poupées toutes de lisseur qu’à d’authentiques hommes d’engagements et d’excès.

L’Uomo in più

En 2001, Paolo Sorrentino présente à la Mostra de Venise un film original, sur deux hommes quasiment homonymes, l’un footballeur, l’autre chanteur. Le film du cinéaste italien met en scène la descente aux enfers quasiment simultanée des deux personnages, qui finissent bien entendu par se rencontrer. Le footballeur, Antonio Pisapia, privé de tout, se convainct qu’il lui faut marquer désormais son plus joli but contre son camp pour entrer dans l’histoire. La totalité du film est ponctuée par des références plus ou moins évidentes au football italien, du plus confidentiel au plus connu. Pour l’anecdote, la scène prégnante du match dans lequel le héros fait son apparition sur un terrain a été filmée au San Paolo de Naples, quelques minutes avant le début d’un Napoli-Perugia qui s’est soldé par un 0-0.

Jason Bourne

C’est une apparition furtive, mais qui vaut le détour. Enfermé dans sa chambre d’hôtel italienne, Vincent Cassel reçoit un coup de fil pour lui attribuer un contrat de meurtre. Evidemment, c’est un match qui est diffusé en fond, plus précisément un match du Napoli. Après plusieurs visionnages, on se rend compte que c’est le funeste Napoli-Bilbao de 2014 qui est alors diffusé. Alors, certes, Cassel ne pourra pas regarder ce match jusqu’au bout, mais comment le plaindre quand on en connaît l’issue finale – match retour compris ? Ce moment fugace du film vient compléter à merveille pour le fan de football italien un très bon film d’action, plutôt salué par la critique et notamment pour sa scène dans les rues d’une Athènes en pleine explosion sociale, plus vraie que nature.

 




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Romain Simmarano

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