Calciostory : Quand Del Piero marquait son premier but au Juventus Stadium

Par Boris Abbate publié le 23 Déc 2017
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Turin, 24 Janvier 2012. Il est un peu plus de 21h quand le ballon arrive dans les pieds d’Alessandro Del Piero à l’entrée de la surface giallarossa. Autour de lui, un Juventus Stadium plein à craquer, une ambiance des grands soirs, et des milliers de tifosi juventni qui ont bravé le froid et la dureté du climat turinois pour pouvoir admirer le numéro 10 bianconero. Oui, car aujourd’hui, le public du Stadium n’a d’yeux que pour lui. Il n’a d’yeux que pour cet homme, cette légende du football italien, ce fuoriclasse qui passera bientôt le cap des 40 balais, mais qui n’a plus marqué le moindre but avec son club depuis plus de 8 mois. Une abstinence qui dure depuis 260 jours et 616 minutes de jeu, pour être précis. Une éternité pour un joueur du calibre de Del Piero.

L’homme aux 4 stades

Mais surtout, le capitaine turinois n’a toujours pas fait trembler les filets dans son nouveau stade, ce joyau de 41 000 places qu’il quittera à la fin de la saison. Marquer au nouveau stade constituerait alors une sorte de record dans l’histoire bianconera, pour un homme qui a auparavant scoré dans les 3 autres enceintes de la Juventus, du vieux Comunale, au Delle Alpi, en passant par l’Olimpico. Toutefois, en 6 mois de Juventus Stadium, le chemin du but à toujours échappé au bel Alessandro. La faute à des mauvais choix dans le dernier geste, aux parades surréalistes des gardiens, ou tout simplement à cause des montants qui ont trop souvent repoussé les frappes de l’Italien. Rajoutez à cela un temps de jeu quasi famélique sous la gestion Conte, et vous comprendrez ainsi la mini psychose qui s’est créée dans la ville de la Mole Antonelliana. 

Alors quand la Coppa Italia et la Roma se présentent durant l’hiver, tout le monde espère voir de nouvelles têtes alignées d’entrée dans le onze turinois, y compris celle de Del Piero. Un raisonnement auquel va adhérer Antonio Conte, comme il le souligne la veille en conférence de presse. « La Coppa Italia est un objectif que la Juventus se doit d’honorer. Je m’attends à une grande attention et une grande détermination de la part de tous. C’est aussi une occasion importante pour ceux qui ont peu joué ces derniers temps, mais qui ont toujours continué à s’entrainer avec un grand professionnalisme. J’attends une grande réponse de leur part ». Une réponse, que ne va pas tarder à donner Del Piero, alors capitaine d’un groupe essentiellement composé de second-couteaux, comme Marrone, Estigarribia ou encore Borriello.

« Je l’avais justement imaginé comme ça… »

Comme en championnat, cette Juventus de Conte débute le match à toute vitesse. En à peine 5 minutes, l’équipe de la capitale est déjà inquiétée à plusieurs reprises, et le mal finit logiquement par arriver. Luis Enrique se croit toujours à Barcelone et fait jouer son équipe à 50 mètres de ses buts, et Bonucci en profite pour lancer Giaccherini à la limite du hors jeu, qui trompe Stekelenburg tout en douceur. 1-0, le Juventus Stadium explose une première fois. Mais Del Piero, lui, n’a toujours pas de bons ballons à se mettre sous la dent. Il tente, feinte, déclenche des une-deux avec ses partenaires, régale de quelques crochets, mais rien n’y fait. Aucune occasion ne se présente à lui. Le chrono avance et avance, et alors que l’horloge du Stadium affiche bientôt les 21h15, le temps semble s’arrêter. A l’entrée de la surface romanista, Alex’ cherche à lancer Borriello. Son ballon est contré par Kjaer, puis revient miraculeusement sur lui. Ça y est. A cet instant, tout le monde l’a compris. La brèche s’est ouverte, enfin. Del Piero, lui, a déjà tout vu. Le retour de Simplicio, Stekelenburg avancé, sa lucarne laissée vacante; le capitaine de la Juventus a tout anticipé.

En quelques secondes, il contrôle, oriente son ballon, et déclenche ce qu’il sait faire de mieux. Sa frappe brossée du droit. Cette merveille dont il a le secret et qui trace les plus belles courbes auxquels un homme puisse rêver, la fameuse frappe « alla Del Piero », comme on aime tant dire en Italie. « Si l’on m’avait demandé d’imaginer mon premier but au nouveau stade ? Je l’aurais justement imaginé comme ça », se souvient Del Piero. « Un match important, un grand adversaire, l’accolade avec un grand capitaine comme Totti, le stade plein, le bruit énorme au moment du but, le tout en un jour important comme celui de la commémoration de la disparition de l’Avoccato. Tout était réuni »Car oui, le ballon de Del Piero frappera la barre et finira finalement sa course dans la lucarne du portier romain, avant que le Juventus Stadium explose littéralement, après plus de 6 mois d’attente. Un moment de libération et de fête, couronné par Conte en fin de match, quand il réserve une standing ovation à son capitaine. Plus de 40 000 supporters, debout et en communion, conscients que ce soir la, l’une des plus belles pages de l’histoire entre Del Piero et la Juventus s’est écrite, sous leurs yeux.




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Boris Abbate

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