Calciostory : le jour où Pirlo a humilié Joe Hart !

Par Boris Abbate publié le 14 Oct 2017
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Si l’on devait retracer l’histoire de la séance de tirs aux buts entre l’Angleterre et l’Italie lors du quart de finale de l’euro 2012 sous forme de récit, elle prendrait surement des allures de poésies ou de comptines pour enfants. Telle une fable d’Esope ou de La Fontaine, l’affrontement entre Anglais et Italiens sur la pelouse de Kiev débouche lui aussi sur un discours moralisateur et un contexte initial un poil plaisant. Mais ici, pas de renard, de corbeau ou de cigale pour faire dans la comparaison. C’est un homme entièrement vêtu de rouge qui se charge du rôle du méchant, de l’oppresseur, de celui qui serait prêt à tout pour gagner, quitte à perdre un peu de sa dignité et de son fair-play. Tandis qu’en face, un joli et innocent numéro 21 azzurro joue celui de la victime, de la présumée victime. Car cette dernière a évidemment plus d’un tour dans son sac.

La classe contre l’arrogance, l’élégance face au mépris

Après un superbe 0 à 0 et plus de 120 minutes de combat intensif, les hommes de Prandelli doivent passer par la traditionnelle séance de tirs aux buts. Pourtant, les Italiens ont largement dominé cette rencontre jusqu’aux prolongations. Mais ils ont aussi fait preuve d’une maladresse rare et éloquente, qui rajoute un peu plus de pression sur leurs épaules. Et puis le souvenir douloureux de la dernière élimination aux pénaltys contre l’Espagne à l’Euro 2008 refait subitement surface, et les têtes italiennes commencent à douter. Une tension parfaitement palpable quand les Azzurri se préparent pour le début de la séance de vérité. Mais du coté de l’équipe adverse, c’est tout le contraire, et un joueur en particulier attire l’attention. Lui, c’est Joe Hart. Dernier rempart du bataillon des Three Lions et actuel gardien de Manchester City. Dans sa combinaison rouge pourpre, le grand Joe déborde de confiance, fait le pitre, et propose tout un amalgame de gestes, de cris et de grimaces pour tenter de déconcentrer les soldats italiens. Du déjà vu dans le monde du football, diront certains. Mais cette insolente mise en scène reste tout de même légèrement déplacée à un tel niveau de la compétition, et, surtout, elle contraste fortement avec la classe et la sobriété du gardien adverse, qui n’est d’autre que Gianluigi Buffon.

Comme un symbole, le premier à s’élancer est donc Mario Balotelli, coéquipier de Joe Hart à Manchester. Mais face aux supercheries de son « copain », Super Mario reste calme, fronce les sourcils, et envoi le ballon aux fonds des filets. 1-0. Hart, le sourire narquois, vient d’échouer une première fois dans sa ridicule tentative de déconcentration. Vient ensuite le tour de Stevan Gerrard, le capitaine. Et l’âme de Liverpool ne tremble pas devant Gigi. 1 partout, la balle revient aux Italiens. Mais Montolivo n’est pas insensible aux charmes du gardien anglais. Hart en profite et accentue un peu plus ses gestes. Il fait des mouvements bizarres avec sa langue, sourit bêtement et cherche constamment le regard du Florentin. Montolivo tombe dans le panneau. Sa frappe passe à coté. Joe Hart vient de réussir son coup. Et derrière Wayne Rooney trompe Gigi Buffon. 2-1. Ça y est. Cette fois-ci, l’ascendant psychologique vient de passer coté anglais, et le spectre de 2008 revient hanter les Italiens. Puis vient le tour d’Andrea Pirlo.

« Joe Hart faisait des mouvements bizarre depuis le début de la séance, pour déconcentrer les tireurs. Donc quand il a plongé, j’ai décidé de faire ça »

Pirlo le sait, tout repose sur lui. S’il manque son pénalty, c’est pratiquement finit pour l’Italie. S’il le met, son équipe a encore une chance de s’en sortir. Joe Hart, lui, continue ses supercheries. Mais il ne le sait pas encore. En face de lui se dresse tout son opposé. Un parfait mélange de beauté, de classe et d’élégance. « Si la classe avait un nom, elle s’appellerait Andrea Pirlo » disent même certains passionnés. Alors quand le numéro 21 s’élance, tout le monde se tait. Le silence règne dans le stade. La magie arrive. Panenka. Ou « cucchiaio » comme disent les Italiens. Comme Zidane, comme Totti ou comme tant d’illustres fantaisistes l’ont fait avant lui, Pirlo réalise ce geste fou et culotté dans un contexte inimaginable. De son coté, Hart est au sol, humilié et battu. Il se retrouve pris à son propre jeu, lui, qui perturbait les tireurs depuis le début.

« Joe Hart faisait des mouvements bizarre depuis le début de la séance, pour nous déconcentrer. Donc quand il a plongé, j’ai décidé de faire ça, et ça à marché. Le pénalty a surtout mis la pression sur le prochain tireur anglais, et au final, Young a manqué son tir au but » assurera Pirlo plus tard. Oui, car à cet instant précis, le vent a tourné. Comme par enchantement, la pression est passée du coté anglais. Quand il s’élance à son tour, Ashley Young le sait. Il panique et attrape la barre. Quelques instants plus tard, récidive. L’autre Ashley échoue sur Buffon. Pendant ce temps la, le portier de Manchester continue de faire le mariole, mais plus personne ne semble vraiment y prêter attention. Puis Nocerino et Diamanti marquent et envoient l’Italie en demi. Au final, une séance de tirs aux buts épique pour la Squadra, bien marquée par l’affrontement entre Joe Hart et le bel Andrea. Et La morale de l’histoire dans tout ça ? Ne jamais tirer la langue au roi Andrea Pirlo.

https://www.youtube.com/watch?v=nKJh7R0xw4I&t=311s




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Boris Abbate

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