Calciostory : Le jour ou Rizzitelli a séché la Juventus !
« Les derbys ? Ils ont toujours été des matchs très importants, des matchs à part. Celui qui souffrait le plus était l’Avvocato. Il me disait toujours que c’était le genre de matchs qu’il n’aurait jamais voulu jouer. Si tu gagnais le derby, tu avais fait ton devoir. Si tu le perdais, on te faisait chier jusqu’au derby suivant ». Oui, Marcello Lippi s’est toujours méfié des derbys, et plus particulièrement ceux de Turin. Pourtant, lorsqu’il était aux commandes de la Vielle Dame pendant la saison 94/95, le natif de Viareggio ne s’attendait surement pas à vivre une année si compliquée dans les Derby Della Mole. En effet, au mois de janvier 1995, la Juventus s’est inclinée 3 buts à 2 sur la pelouse du Torino dans un match complètement fou, et a donc laissé filer le premier stracittadina de sa saison. Alors, quand elle reçoit son rival granata au Delle Alpi quelques mois plus tard, tout le monde s’attend à une habituelle démonstration de force de la part de la Juventus. Tout le monde, sauf un certain Ruggiero Rizzitelli.
« Rizzigol, Rizzigol ! »
On est en Avril, la fin de saison approche et la Juventus fonce alors tout droit vers un nouveau Scudetto, tandis que le Torino doit engranger des points pour éviter la relégation. Pour l’occasion, le Delle Alpi a laissé de coté ses allures froides et monotones, et les 45 000 Juventini présents au stade n’ont qu’une seule chose en tête, gagner à nouveau le derby et refaire de Turin une ville exclusivement bianconera. Une atmosphère dont se souvient encore Rizzitelli. « Au match aller j’avais inscrit un doublé, et on avait gagné 3 buts à 2. Ce fut une incroyable satisfaction car la Juve était alors très très forte. Du coup pour le retour, ils voulaient évidemment se venger, et nous on avait la pression ». La Juventus est sans Vialli, et se présente donc avec son trio Del Piero-Baggio-Ravanelli. Deschamps, Conte, Paulo Sousa et Ferrara sont aussi présents, tout comme Peruzzi qui garde les buts bianconeri. Du coté granata, le coach Sonetti fait confiance à ses hommes forts, et Rizzitelli, Sogliano et Abedi Pele sont alignés d’entrée. Le match débute, et comme prévu, la Juventus met directement la pression sur le Toro. Agressifs, compacts et disciplinés, les hommes de Lippi ont cette fois-ci décidé de gagner ce derby. Mais derrière, le Torino ne panique pas, et les joueurs de Sonetti vont même profiter d’une incroyable erreur de relance juventina pour ouvrir le score.
Sur un ballon bêtement perdu par les défenseurs de la Juve, Rizzitelli récupère le ballon, se retrouve seul face à Peruzzi et envoi le cuir au fond des filets. 6ème minute de jeu, et déjà 1-0 pour les visiteurs ! C’est la stupeur dans les travées du Delle Alpi, et Marcello Lippi semble revivre le même cauchemar du match aller. Les coéquipiers de Baggio réagissent ensuite, mais les joueurs du Torino sont héroïques. Pellegrini sacrifie même sa tête pour contrer des missiles envoyés par Conte et dans les cages, Pastine repousse tour à tour des tentatives de Del Piero et Ravanelli. Mais sur un coup franc obtenu par un tout jeune Del Piero, Baggio force Maltagliati à marquer contre son camp, et la Juventus recolle au score. Galvanisés, les Bianconeri ne parviennent cependant pas à repasser devant, la faute à d’énormes ratés dans la surface granata. Et comme souvent dans ce genre de situation, l’adversaire finit toujours par en profiter. Angloma ridiculise alors la défense turinoise sur son coté droit, et sert parfaitement Rizzitelli dans la surface, qui s’en va inscrire son doublé. Coup de massue pour la Juve, qui n’arrive plus à se relever et risque même d’encaisser un troisième et un quatrième but de ce diable de Rizzitelli.
Une rue à son nom
Le match se termine, et la Juventus s’incline donc une nouvelle fois face à son rival historique. Du coté granata la fête est de taille, et Rizzitelli auteur de 2 doublés contre la Juventus est célébré comme un héros. D’ailleurs, quand il sort de l’entrainement le lendemain du match, Rizzitelli découvre qu’une rue d’Orbassano (ville voisine de Turin) a carrément été rebaptisée en son honneur. « Quand je suis arrivé à Orbassano, j’ai découvert qu’on avait changé le nom d’une rue pour moi. C’était désormais la Via Ruggiero numéro 4, en hommage à mes 4 buts contre la Juve cette année la » aime encore se rappeler l’attaquant italien. Un geste fort de la part des tifosi, qui symbolise encore tout l’amour que les ultras du Torino portent aux couleurs granata. Seulement, depuis ce 9 Avril 1995, plus aucune équipe du Torino n’est parvenue à s’imposer de nouveau chez son voisin bianconero. Alors, ce soir, au moment de fouler la pelouse du Juventus Stadium, les coéquipiers de Belotti feraient bien de s’inspirer de l’histoire de Rizzitelli, car après plus de 20 années sans victoires à l’extérieur, il serait enfin temps de briser ce tabou ! Réponse ce soir !
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