Pessotto, une histoire en noir et blanc

Par Sebastien Sorrentino publié le 11 Août 2016
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JuventusUn look d’intellectuel pour un comportement de guerrier

Tout au long de sa carrière Gianluca Pessotto aura revêtu la tunique de l’équipier modèle. Surnommé le professeur car il était titulaire d’un diplôme en droit, c’est bien sur le terrain, de par son élégance et sa fougue que le joueur marqua les esprits. Formé au Milan AC, c’est avec le Torino qu’il fait ses débuts en Serie A lors de la saison 1994-1995 après des passages par Varese, Massese, Bologna puis l’Hellas. Ses prestations lui permettent rapidement de taper dans l’œil du voisin turinois qu’il rejoindra un an plus tard. S’il a tout gagné avec le club piémontais, il serait réducteur de résumer la carrière du joueur à de simples statistiques tant sa régularité, son sérieux et sa classe, sur et en dehors du terrain, ont particulièrement séduit. S’il n’était pas le plus grand technicien de son équipe, Pessotto était reconnu comme un joueur travailleur, toujours prêt à se mettre au service de son équipe. En outre, il faisait preuve d’une grande polyvalence, qualité au combien précieuse pour un entraineur. S’il était capable de jouer en défense centrale ou au milieu, c’est sur l’aile, sa zone de prédilection, que Pessotto abattait ses plus belles cartes, celles d’un joueur ambidextre, intelligent, efficace en attaque, précieux dans la couverture. Se défaire du marquage de Pessoto était un véritable défi tant son esprit combatif n’avait d’égal que la hargne qui l’animait. Son tempérament exemplaire, son sens du collectif, lui ont permis de devenir un joueur majeur de la Juve. Durant ses 12 années passées au club, Pessotto participera à la conquête de la Champions League (1996), la Supercoupe de l’UEFA (1996), la Coupe intercontinentale (1996), 4 Championnats d’Italie (1997, 1998, 2002 et 2003), une Coupe d’Italie (1995) ainsi qu’à 4 Supercoupes d’Italie (1995, 1997, 2002 et 2003).

En tant qu’international (22 sélections), il participera à la coupe du monde en France en 1998 ainsi qu’à l’Euro 2000. Avec les Azzurri, Pessotto fait partie intégrante du bon parcours de sa sélection lors de l’Euro En finale, contre la France de Roger Lemerre, il se distingua aussi bien du point de vue défensif qu’offensif. Contrôlant son couloir à la perfection, c’est en partie grâce à lui que la Nazionale ouvre le score à la 55e minute : Totti efface Lizarazu et Zidane d’une géniale talonnade et trouve Pessotto sur son aile. La qualité de centre n’est pas la moindre des qualités du joueur de la Juve. Un atout technique qui lui permet d’adresser un centre parfait pour Delvecchio qui ajustera Barthez pour l’ouverture du score.

Le but de Delvecchio sur un centre de Pessotto en finale de l’Euro 2000 contre la France.

Une reconversion difficile

Le scenario est classique mais aurait bien pu lui être fatal. Prenez un sportif de haut niveau et néo-retraité. Celui-ci se voit brutalement privé de sa dose d’adrénaline quotidienne. Ajoutez à ce constat tous les doutes sur la façon dont on doit aborder sa reconversion et les prémices d’un Calciopoli propre à remettre en cause des valeurs qu’il n’avait cessé de porter avec brio tout au long de sa carrière de joueur et l’on obtient tous les ingrédients d’un triptyque infernal qui aurait bien pu être funeste à Gianluca Pessotto. Le 27 juin 2006, alors que la Nazionale est en Allemagne en quête de sa future quatrième étoile, le football italien est marqué par la tentative de suicide de l’ancien joueur. A quelques heures du quart de finale des Azzurri contre l’Ukraine, le nouveau manager général du club a tenté de mettre fin à ses jours en tombant volontairement par l’une des fenêtres du siège du club. Par miracle, Pessotto, qui tenait un chapelet dans sa main au moment du drame, voit sa chute amortie par une voiture garée en contrebas. Après plusieurs jours de coma, le réveil, puis des mois de convalescence, Gianluca Pessotto témoignera dans un livre de la crise existentielle dont il fut frappé (La partita più importante).

Cannavaro qui apprend en pleine conférence de presse pendant le Mondial 2006 la chute de Pessotto

Il professore, passeur des valeurs bianconere

En 2008, lorsqu’un journaliste lui a demandé quels seraient ses espérances pour le futur, Pessotto avait répondu que son rêve serait d’assister à la renaissance de la Juventus, que celle-ci réussisse à reconquérir le titre de champion et qu’elle puisse de nouveau jouer un grand rôle en Europe. Il est difficile de ne pas faire de lien entre le destin de la Juventus, celui de Pessotto, et la propre résurrection du joueur. Aujourd’hui, il professore a de quoi être comblé tant sa Juve a su reconquérir ses lettres de noblesse, et c’est sur le terrain, en tant que membre du staff de la Primavera, grâce à son expérience acquise en tant que joueur, que Gianluca Pessotto peut désormais transmettre ses valeurs et celles de son club aux jeunes de la Juventus. De par son attitude et son dévouement Gianluca Pessotto restera le prototype même du joueur entièrement dévoué à son club.




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Sebastien Sorrentino



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