Calciostory : Quand tout le Bernabéu s’est levé pour saluer Del Piero

Par Boris Abbate publié le 11 Avr 2018
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Il est un peu plus de 22h à l’Allianz Stadium, quand un certain Cristiano Ronaldo s’envole dans le ciel turinois pour réceptionner un joli centre de l’ami Carvajal. Conspué et couvert de sifflets jusque là, le géant portugais défie alors les lois de la physique moderne pour grimper dans la brume piémontaise et catapulter le ballon de l’Espagnol dans les buts de Gigi Buffon. Golazo. En quelques secondes, le dernier ballon d’or vient non seulement d’éteindre toutes les lumières de l’ancien Juventus Stadium, mais il anéantit aussi tous les rêves de qualification des supporters turinois. Froideur dans le stade. Mais alors qu’il s’apprête à célébrer son but, l’impensable se produit.

Abasourdit et encore sous le choc de ce qu’il vient de voir, un premier tifoso se lève et applaudit. Il est rapidement suivi par un deuxième, puis un troisième, et, ainsi de suite. Au final, une bonne partie du Stadium saluera le chef d’oeuvre de l’extraterrestre Ronaldo.« Cela ne m’était jamais arrivé durant ma carrière, c’était un moment absolument fantastique » déclara même le Portugais à la fin du match. Une scène en effet rarissime dans le football d’aujourd’hui, mais qui s’était bien produite quelques années auparavant, dans la même compétition, quand un certain Pinturicchio rendait visite au Real en 2008. Alors, oui, mardi dernier, le public de l’Allianz Stadium se devait bien de rendre la monnaie de la pièce aux Merengues.

Un premier but du gauche

Après une victoire à l’aller (2-1), ponctuée d’un superbe but de Del Piero, la Vielle Dame retrouve donc quelques semaines plus tard les stars du Real Madrid. On est alors en Novembre 2008, et la formation de la Juventus n’a alors rien à voir avec celle actuelle. Oubliez les Higuain, Dybala ou encore Douglas Costa. Cette équipe bianconera est avant tout composée de joueurs de devoirs, comme Melberg, Tiago, Legrottaglie et Sissoko. Et le bon vieux 4-4-2 des familles du coach Ranieri n’est pas non plus des plus exaltants, mais la paire Amauri-Del Piero fait souvent le taff devant, depuis le début de saison. De son coté, le Real n’est pas non plus dans sa meilleure période, mais il dispose tout de même d’une pléthore de stars, comme Van Nistelrooy, Sneijder ou Higuaín.

Au coup d’envoi, ce sont donc comme prévu les Madrilènes qui mettent la pression sur les buts de Manninger, qui remplace Buffon ce soir là. Au milieu, l’élégant Guti devient vite la plaque tournante de l’équipe, et tous les ballons passent par les pieds de l’Espagnol, tandis que Drenthe s’amuse en cassant constamment les reins du pauvre Melberg sur le coté droit. Le Néerlandais est en feu, et son compère Van Nistelrooy allume les premières mèches dans le premier quart d’heure. La Juve plie, mais elle ne rompt pas. Et elle va même surprendre le Real à la 17 ème minute, quand Marchionni sert Del Piero à l’extérieur de la surface. Le capitaine, contrôle tranquillement la sphère, puis ajuste parfaitement sa frappe du gauche. 1 à 0. Del Piero fusille Casillas comme à l’aller, et marque aussi son premier but au Bernabéu.

Un deuxième du droit

Sonné, Madrid tente alors de réagir rapidement, mais un tout jeune Sergio Ramos manque l’immanquable devant les buts vides de Manninger à la 24ème minute. Signe que ce soir, tout semble réussir à la Vielle Dame, encore plus quand Diarra décoche une puissante tête à quelques millimètres des montants turinois en toute fin de première période. En deuxième, le Real repart de plus belle, mais les assauts répétés de la troupe à Van Nistelrooy sont mal négociés, et comme souvent dans ce genre de situation, la Juventus en profite pour poignarder son adversaire. A la 67 ème minute, Cannavaro, qui n’avait pas accompagné la Juve en Serie B, commet une faute sur Sissoko. Del Piero s’approche du ballon et observe tranquillement Casillas qui est en train de placer son mur. La « muraille » madrilène est plutôt mal placée, ce qui n’a pas échappé au bel Alessandro, qui glisse alors un amour de ballon en finesse sur le coté droit du gardien espagnol. 2-0 ! Le break est fait. Et Del Piero est même tout proche d’inscrire un triplé en fin de rencontre, quand sa reprise du gauche flirte avec le montant madrilène.

Héros du soir, Alex cédera finalement sa place quelques secondes plus tard, sous les applaudissements de tout le Bernabeu. Car oui, souvent très dur avec sa propre équipe, le public du Bernabeu reste avant tout un public de connaisseur, au palais très fin, habitué à voir évoluer de très grands champions. Et ce soir là, le public madrilène avait bien compris que Del Piero n’était pas un joueur comme les autres. « Tout au long de ma carrière, j’ai reçu énormément de témoignages d’affection, mais deux moments spécifiques resteront gravés dans ma mémoire : l’hommage qui m’a été rendu lors de mon dernier match à Turin, et les applaudissements de Bernabeu en 2008 », avouera plus tard l’Italien, bien conscient, à l’instar de Ronaldo, que recevoir une ovation dans des temples du football, reste quelque chose d’inestimable.




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Boris Abbate

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