Ça existe encore le jeu à l’italienne ?
Cette année en Serie A, le haut de tableau est très disputé avec pas moins de 5 équipes (avec une AS Roma légèrement en retrait) qui se tiennent en 6 points. Une domination partagée qui attire les curiosités. Pourtant, si l’on regarde le style de jeu proposé par ces équipes, on ne peut que remarquer les fossés qui séparent les mentalités des techniciens. C’est bien simple, dans chaque pays, une culture de jeu domine encore et toujours. Changer de mentalité, de tactique dans un pays est très compliqué. L’exemple le plus récent et pertinent est celui du Bayern de Guardiola. Oui l’équipe avait acquis un jeu à la « barcelonaise » redoublant de possession de balle et de jeu court. Mais ce style de jeu a vu Pep en prendre pour son grade, notamment des critiques venant de hautes figures du football allemand (Beckenbauer, Hitzfeld). Le Pep finira par partir, laissant sa place à Ancelotti pour le mois de juin prochain sans pour autant gagner le graal de la Champions League (il lui reste encore une dernière chance cette année). En Italie, c’est différent. On expérimente, on regarde, on se délecte de l’abandon de ce que l’on adorait autrefois. Tour d’horizon.
Vas y fais toi plaisir !
Une Inter solide et réaliste, une Fiorentina adepte du jeu offensif, un Napoli fait de vitesse et de contres, une Juventus basée sur la construction et une AS Roma basée sur la possession et les attaques rapides. Voilà assez grossièrement le profil des 5 équipes de tête de la Serie A 2015/2016. Hormis les nerazzurri qui cultivent l’esprit légèrement catenaccio qu’ils ont instauré sous Herrera dans les années 60, les styles se multiplient pour le plus grand bonheur des férus de stats. La Serie A l’année passée est en effet le championnat qui a la plus grande moyenne de buts marqués (2,7) par match parmi les 5 grands européens. De quoi se poser des questions quant à une identité de jeu purement italienne qui pourrait se mettre en place dans les années à venir. Et pourquoi pas un retour aux sources bon sang ?
La culture et les traditions, ça attire !
Chez nos voisins européens pourtant, il n’y a pas eu de grand renouveau, ce qui n’a pas empêché les succès sur la scène nationale. L’Espagne sort d’une décennie pleine de succès avec une Coupe du Monde et deux Coupes d’Europe, l’Allemagne elle, a remporté la dernière grande compétition au Brésil en 2014, s’appuyant sur sa puissance et sa force physique (on se rappelle du bouillon pris par le Brésil, dépassé par l’engagement mis par les coéquipiers de Klose). Oui mais l’Angleterre ne gagne plus rien ? Certes, ce qui n’empêche pas que leur style de jeu au sein de la Premier League attire les téléspectateurs bien plus que les pelouses vertes (sérieusement ?) comme on l’entend parfois. C’est d’ailleurs le championnat qui génère le plus de droits TV avec des sommes astronomiques qu’il serait même indécent de révéler et des revenus fous. Pas étonnant qu’un club comme Bournemouth soit capable de sortir plus de 20 millions d’euros pour Iturbe. En Italie, on se cherche et c’est même le contraire qui se passe. Exit la solidité qui a fait la gloire du pays sur la scène mondiale et européenne.
Le 1-0 c’est la vie ! Ah non, ça l’est plus on dirait
« Mieux vaut perdre une fois 7-0 que 7 fois 1-0 » une phrase des années 2000 signée Guy Roux alors entraineur d’Auxerre après un match où son équipe prend une raclée par le RC Lens. La page Ligue 1 refermée, on prend les propos, on les inverse et ça donne qu’il vaut mieux 7 victoires 1-0 qu’une seule 7-0. Une affirmation qu’auraient adoubés il y’a quelques dizaines d’années l’ensemble des tifosi et spécialistes. Maintenant la donne a changé. On veut du jeu, moins de défense. Sauf quelques résistants de la rigueur italienne à l’ancienne persistent, mais en y regardant de plus près, l’Italie a décidé de tourner la page de sa tradition historique de jeu. Les neuf victoires 1-0 de l’Inter cette années sont vues comme un ovni, une chose impossible réalisée par Mancini. Critiquée de chanceuse, ennuyeuse, l’équipe nerazzurra affiche des stats imposantes dans le réalisme et la défense. 24 buts marqués et surtout 11 encaissés en 18 journées. Un record sur les 26 dernières années en Serie A (que Mancini avait déjà atteint en 2007/2008). Pourtant, cela attire plus les foudres que les éloges. Curieux quand on sait que la Nazionale a remporté bon nombre de ses 4 Coupes du Monde en adoptant ce jeu d’un réalisme pur et de défense rugueuse. Mais bon peut être est ce plus simple de changer de système de jeu que de révolutionner et d’améliorer une formation des jeunes joueurs, de plus en plus décriée en Italie.
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