Et si Chiellini était le meilleur défenseur du monde ?

Par Boris Abbate publié le 14 Oct 2017
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Lundi soir, à la fin du match de l’Italie en Albanie, Giorgio Chiellini pouvait lever le poing vers le ciel. Si sa Nazionale s’est imposée aujourd’hui, l’éternel numéro 3 de la Juventus y est pour beaucoup. Intraitable défensivement, Go go Gorilla était tout simplement le meilleur joueur de l’équipe. Une performance monstrueuse, qui prouve que Chiellini devient peu à peu le patron de cette sélection en manque de caractère. Déjà, contre la Macédoine, à Turin, Giorgio avait une nouvelle fois montré l’exemple et tracé la voie à son équipe, en ouvrant le score avant la mi-temps. Oui, qu’il semble loin ce match de Septembre 2016 en Israel. Ce match ou Chiellini avait peut être commis l’une des plus ignobles prestations de sa carrière, en se faisant bêtement expulser, notamment. Depuis, le Turinois semble avoir retenu la leçon, et il enchaine les performances de hautes volées.

Au top de sa forme

C’est donc en début de semaine que nos amis Anglais de chez Squawka ont chamboulé l’équilibre du football européen, avec ce classement des meilleurs défenseurs centraux du moment. Ce dernier se base entre autre sur les performances de chaque défenseurs dans leurs championnats respectifs, et sur tout un panel de prouesses défensives. Et, surprise. Giorgio Chiellini est l’heureux gagnant, devançant des références du poste, comme Sergio Ramos ou Leonardo Bonucci. En réalité, le défenseur de la Juventus fait surtout office de capolista pour un critère précis : les interceptions jugées « décisives ». Et avec 22 interceptions du genre en Serie A, Chiellini détient le record sur la planète football.

Des données qui restent néanmoins trop simples pour pousser un défenseur comme Giorgio sur un piédestal. Mais en fouillant un peu plus et en accentuant la comparaison avec les autres « grands » défenseurs, on se rend compte que l’Italien reste toujours une référence à son poste. Et ce même si sa calvitie progresse encore un plus chaque année. Avec 80 % de duels aériens remportés, « King Kong » est carrément un des rares joueurs en Europe à avoir un pourcentage aussi élevé. Mieux encore, le Toscan excelle dans les ballons « dégagés » ou « repoussés », avec une moyenne de 4,4 par match. Des chiffres plus forts que pour Ramos ou Pique par exemple, mais inférieures à ceux d’un Godin, qui compte de bonnes minutes de moins cependant. Une valeur sure donc, ce Giorgio, qui continue même de progresser dans certains domaines.

 

(Les passes interceptées, les tirs contrés, les ballons dégagés et volés dans les pieds se comptent en moyenne par match)

La maturité, à 33 ans

Si le natif de Pise vient de fêter ses 33 ans au moins d’Aout dernier, n’allez pas croire pour autant que le stoppeur n’a plus le droit de progresser. Arrivé à l’âge du Christ, Chiellini ne ménage pas ses efforts et peaufine certains aspects de son jeu. Avec le poids des années, l’Italien devient de moins en moins méchant, de moins en moins « dur sur l’homme », lui qui était ordinairement réputé pour son jeu violent. Oui, c’est comme si le temps s’était chargé d’apaiser l’homme à la carrure de gorille. Son dernier carton rouge avec la Juventus ? Il date de 2015. Une éternité. Prenez le temps de l’observer sur le terrain et vous remarquerez même qu’il passe moins de temps à provoquer les attaquants ou discuter avec les arbitres. La aussi, son dernier geste à polémique commence à dater. Les plus intéressés se remémoreront cette fameuse main face à Monaco, en Champions League, et puis c’est quasiment tout. Un changement forcément visible au niveau des chiffres, puisque sa moyenne de fautes et de cartons est en chute libre depuis la saison 2013/2014.

(Avec la Juventus, en Serie A et en Europe)

Le hall of fame de la Vielle Dame

Présent chez les Bianconeri depuis une éternité, Giorgio Chiellini est également un modèle de longévité, lui qui avait rejoint la Juventus en 2005 et l’avait suivi en Serie B. Bercé dès son plus jeune âge par les exploits d’un certain Gaetano Scirea, l’enfant de Pise rêvait notamment d’égaler la carrière de l’illustre défenseur, même si la génétique n’a pas vraiment joué en sa faveur. Trop grand et trop robuste pour reproduire les mouvements de Scirea, trop malin et « vicieux » pour atteindre son fair-play, Chiellini tente depuis d’imiter son idole d’une autre façon, dans un autre domaine. Tout d’abord en jurant amour et fidélité à sa Juventus. Contre l’Atalanta, il vient même de rentrer dans le Top 10 des Bianconeri les plus capés, devançant des légendes comme Antonio Cabrini. Et puis sa classe et son fair play sont grandement appréciés en coulisses, en dehors du terrain. Le tout récent dottore en économie vient même d’adhérer à l’incroyable projet de Juan Mata, s’engageant à verser mensuellement une partie de son salaire vers des fins associatives.

 

(Le Top 10 des Bianconeri les plus capés)

Mais il est peut être encore trop tôt pour se rendre compte de ce qu’est en train d’accomplir Chiellini. Son style, sa tenue et sa prestance ne joueront jamais en sa faveur, c’est vrai. Il parait évident de le voir en difficulté dès que le ballon arrive dans ses pieds, ou dès qu’il faut « jouer au football », comme diraient les plus grands esthètes. Mais dans l’art de défendre, Chiellini est un très grand artiste. Et l’on s’en rendra certainement compte quand le défenseur raccrochera les crampons, même s’il devrait bientôt prolonger son contrat de 2 années. De quoi repousser un peu plus le suspens.




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Boris Abbate

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