Christian Abbiati, Sénateur de la plèbe

Par Romain Simmarano publié le 16 Mai 2016
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Christian Abbiati

23 mai 1999 : le jeune Christian Abbiati achève sa première saison avec le Milan AC. L’ancien pensionnaire de Monza a déjà fait du chemin : arrivé à l’intersaison pour occuper la place de 3ème gardien, il réussit à supplanter en quelques semaines Jens Lehmann et Sebastiano Rossi. Le voilà donc, concentré comme un vieux briscard, lorsque l’attaquant du Perugia Christian Bucchi décoche une superbe frappe sur sa gauche, en demi-volée. Si le ballon entre, Milan peut dire adieu à un titre qui lui tend les bras. C’est à cet instant, sur cet envol spectaculaire qui détourne la balle en corner, que Christian Abbiati grave dans le marbre de la Via Turati sa légende naissante. Une histoire exceptionnelle entre un homme et un club, entre un personnage haut en couleurs et une società toute de rouge et noir vêtue.

Le Rouge et le Noir

Le parcours de Christian Abbiati débute dans l’équipe paroissiale de l’Aurora OSGB, dans sa ville natale d’Abbiategrasso (Lombardie). Le portier en formation choisit d’emblée le noir, couleur du clergé, auprès duquel il s’aguerrit et gravit rapidement les marches du football professionnel. Ce roman initiatique, à la fois populaire et religieux, marquera durablement Abbiati, qui ne manquera jamais tout au long de sa carrière de rappeler son attachement aux « valeurs catholiques » et à une foi présumée inextinguible. Mais, au-delà de cet attachement charnel, l’Italien connaît sa part de rouge: sur le terrain, il s’impose en véritable guerrier, faisant montre d’une incroyable détermination à progresser et à faire triompher ses coéquipiers. Auréolé d’un premier titre avec le Milan AC, dès son arrivée, sa carrière semble toute tracée : il sera le successeur de Rossi pour les années 2000 de la formation lombarde… Sauf que l’histoire ne s’écrit jamais qu’à la plume de ses vainqueurs.

Fidélité et intermittence

En effet, avec l’arrivée de Nelson Dida en 2002, la position de titulaire de Christian Abbiati chancèle.  Le Brésilien détourne trois tentatives turinoises lors de la séance de tirs au but de la finale de la Ligue des Champions en 2003. Abbiati ronge son frein pendant trois ans, jusqu’à l’été 2005. Tout bascule alors: d’abord prêté à un Genoa finalement rétrogradé administrativement en Serie C1, il atterrit à la Juventus pour palier la blessure de Gianluigi Buffon ! Convaincant, séduisant, Abbiati enchaîne avec un prêt au Torino, puis à l’Atletico Madrid. Toutefois, inévitablement, le lombard revient à ses premiers amours chaque été. Et finit par s’imposer de nouveau, sous l’oeil bienveillant de Carlo Ancelotti. Malgré une grave blessure en fin de saison, le rossonero n’abandonne jamais. Il revient pleinement sur le devant de la scène avec l’arrivée de Massimiliano Allegri, avec lequel il part à la conquête du titre 2010-2011, le 18ème de l’histoire du club, dont il est l’un des principaux artisans. La témérité et le caractère du lombard payent. Au fil des années suivantes, Abbiati pose les jalons d’un véritable leadership de vestiaire. Lors du dernier match de poules du Milan AC en Champions League, face à l’Ajax Amsterdam, il maintient par nombre de parades hallucinantes un 0-0 nécessaire à la qualification des Milanais. Jusqu’à sa dernière minute sous « ses » couleurs rouges et noires, Christian Abbiati aura été digne de porter l’inimitable tunique. Cette dernière image, aux côtés d’un Gigio Donnarumma dont les débuts en rappellent d’autres, tourne la dernière page de la merveilleuse épopée des Sénateurs.




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Romain Simmarano

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