Denis à la recherche d’un football perdu
Germán Denis aka El Tanque fait partie de la catégorie de joueurs qui sont respectés de tous malgré une carrière loin du strass et des paillettes. Pourtant, ce statut n’était pas gagné d’avance et pour cause, le bougre est un serial killer face au but. Mais rien n’y fait, tous ou presque se prennent de sympathie pour lui, même après avoir subi sa loi. Une sorte de syndrome de Stockholm version hard. Denis c’est aussi l’archétype même de l’attaquant complet. Puissant, très bon de la tête, avec un jeu en pivot digne des plus grands du métier, et des pieds bien carrés pour envoyer de bons vieux obus. Loin d’être le plus affûté des buteurs, c’est par son abnégation typiquement argentine, sa sobriété et sa joie communicative après ses buts qu’il s’est fait un nom et une petite place dans le cœur des fans du football italien. Denis c’est avant tout un homme. Un homme qui vit d’amour et de tristesse. Un homme qui vit une histoire compliquée avec le foot.
Une ascension ponctuée d’embuches
Débarqué pour la première fois en Italie à Cesena alors que le club d’Emilie-Romagne végète en Serie B, il a l’intelligence et le recul nécessaires pour se rendre compte que quitter son pays si jeune était une erreur. Il revient en Italie nettement plus aguerri, il a cette fois du bagage, quelques saisons de niveau international et fréquente régulièrement la sélection albiceleste. Cette fois il a le regard plus crédible et surtout plus menaçant, celui qui fait peur aux gardiens. Il voit plus loin, il est en Europe pour passer un pallier avec un Napoli qui veut redevenir grand. D’entrée de jeu il frappe fort et pousse le vice à son paroxysme en signant un triplé contre la Reggina. Il n’en fallait pas plus pour être adopté par le peuple azur. Plus tard, Donadoni le met en concurrence directe avec Marcelo Zalayeta et autres Ezequiel Lavezzi et forcément notre héros du jour a moins de temps de jeu, il stagne. Oui mais il ne revoit pas ses ambitions à la basse puisqu’il s’en va à l’Udinese qui a des vues sur la Champions League. Malheureusement pour lui, la situation est encore pire avec un Di Natale au sommet de son art qui ne lui laisse que des miettes. À Udine il est aimé et reconnu à sa juste valeur même s’il n’est que la cartouche du dernier recours du Mister Guidolin. À 30 ans, l’impression est que son moment est déjà passé et qu’il l’aura cherché en vain un peu partout durant sa carrière.
Ciao l’artiste !
Dans un football business qui met toujours plus mal à l’aise les vieux de la vieille, impossible de ne pas éprouver de la sympathie et de l’amitié pour ce footballeur qui se serait fait plein de copains s’il était né 10 ans plus tôt. Ce joueur qui est passé de joker de l’Udinese à bandiera de l’Atalanta où il s’est même fait une seconde famille. On se rappellera volontiers de son tandem de choc avec Morález, de son statut de vice-capitaine et de ses buts à foison jusqu’à devenir le quatrième meilleur buteur du club avec 56 buts en 4 ans et demi. Pour son dernier match devant son public, Denis savait bien qu’il ne pouvait partir sans marquer. Et après lui avoir concédé le rebond, son ancien coéquipier et ami Consigli devait lui aussi se dire que c’était mieux ainsi…
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