Dossier : Cagliari, 100 ans de passion. Une club de province dans le foot moderne (9/9)

Par Sébastien Madau publié le 30 Mai 2020
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La saison 2019-2020 revêt une importance particulière pour le Cagliari Calcio. Il s’agit en effet de la saison du Cinquantenaire du Scudetto de 1970 emmené par le buteur Gigi Riva, mais également du Centenaire de la naissance du club, actée le 30 mai 1920 à l’initiative de passionnés de football. Tout au long de la saison, Calciomio vous fera revivre chaque mois les grandes étapes de ce siècle d’histoire et de passion en Sardaigne, et au-delà. Neuvième et dernier épisode de notre dossier consacré à la place et aux perspectives d’un club de province comme Cagliari dans un football moderne qui évolue à 100 à l’heure.

30 mai 1920. Cagliari a enfin son club de foot, sur l’initiative de passionné de ballon rond. Cent ans plus tard, que reste-t-il de cet acte fondateur ? Comment, Cagliari peut-il exister dans ce sport business ?
En un siècle, le club sarde a tout connu : des débuts comme simple équipe de Sardaigne, à l’épopée européenne de 1994, en passant par l’arrivée en Serie A en 1964 et le Scudetto de 1970. A plusieurs reprises, dans les années 1980, le club a failli disparaître, englué en Serie C, du fait de gestions calamiteuses. Cagliari a évolué 40 saisons en Serie A, preuve que le club fait partie du panorama du calcio. Mais aujourd’hui, quelle est sa marge de progression ? Quand le club gagne 1 euro, un autre tenu par un fonds de pension en gagne 1000. Mais quand ce fonds en perd 1000, Cagliari, par son modèle économique, est capable de résister.

Des ambitions grandissantes

Le club a toujours été dirigé par des présidents à « taille humaine » (patrons de presse, industriels, etc.). En 2014, lorsque Massimo Cellino a vendu le club, on a évoqué l’intérêt d’un émir. Finalement, Tommaso Giulini, patron du Groupe Fluorsid, s’emparait du club. A un industriel de l’agro-alimentaire succédait un patron de la chimie.

Aujourd’hui, Cagliari est un club à la gestion saine. Même si la crise sanitaire a obligé l’a obligé à trouver un accord avec les joueurs professionnels pour qu’ils sacrifient un mois de salaire, permettant l’économie de près de 4 millions d’euros de masse salariale. Tout investissement est calculé. Pour exemple, cette saison 2019-2020 aurait dû être celle de toutes les satisfactions. Pour commémorer dignement le Centenaire du club et le Cinquantenaire du Scudetto, le président Giulini avait cassé la tirelire pour des achats ou des prêts (Rog, Nandez, Simeone, Nainggolan, etc.). Pour l’heure, le retour sur investissement n’est pas au rendez-vous. Après un début de saison tonitruant, l’équipe est rentrée dans le rang. En attendant le retour sur les terrains fin juin. Le projet de Tommaso Giulini va au-delà des dates anniversaires. Il porte sur un maintien permanent du club en Serie A et des campagnes européennes. Une telle entreprise favoriserait des retombées financières notables. Le nouveau stade, qui pourrait voir le jour dès 2023, sera un autre facteur de crédibilité du club dans sa volonté de grandir.

Un club, une identité

Le club bénéficie d’un atout majeur : une identité qui le lie intimement à une terre. Cagliari est le club de la Sardaigne et des Sardes (à quelques exceptions près). Il est également un élément de communion de la diaspora sarde dans le monde. La Région autonome de la Sardaigne ne s’y est pas trompée en le nommant Ambassadeur officiel de l’île. Les Quatre Maures ne quittent jamais le maillot rossoblù et le slogan « Una terra, un popolo, una squadra » est ancré dans les esprits. Ces bases sont solides mais le club n’a pas la capacité financière d’acheter sans vendre. Les investissements de l’été 2019 ont été rendus possibles par la vente de Nicolò Barella à l’Inter (50 millions bonus compris). Il y a quelques saisons, ce sont les départs des Oliveira, Muzzi, Matri, O’Neill, Nainggolan et autre Zebina qui avaient renfloué les caisses.
Pour être moins dépendant financièrement, composer une équipe à moindre coût et susciter des plus-values, Cagliari mise sur son centre de formation. Il scrute les petits clubs sardes pour desceller les pépites. Des joueurs sont formés, la Primavera obtient des résultats. Mais, cela ne suffit pas. Actuellement, un seul joueur de l’effectif pro, Daniele Ragatzu, est issu du « vivaio ». Nicolò Barella est l’arbre qui cache la forêt. Trop longtemps, des jeunes Sardes ont échappé aux mailles du filet cagliaritain (Zola, Fresi, Matteoli, Cuccureddu, etc.).
Le chemin est encore long. Mais la saison qui va se terminer pourrait servir de tremplin. Les tifosi sardes sont trop passionnés pour laisser l’engouement retomber. L’histoire est loin d’être terminée.

A lire aussi :

Episode 1 : la fondation du club en 1920 (1/9)

Episode 2 : la première accession en Serie A en 1964 (2/9)

Episode 3 : Gigi Riva, la légende (3/9)

Episode 4 : Manlio Scopigno, l’entraîneur du Scudetto (4/9)

Episode 5 : La saga des grands présidents (5/9)

Episode 6 : 1990, le retour en Serie A, l’arrivée de Francescoli (6/9)

Episode 7 : Les stades mythiques (7/9)

Episode 8 : Le Scudetto 1970 (8/9)

Episode 9 : Cagliari, club de province dans le football moderne (9/9)




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Sébastien Madau



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