Dossier Droits TV : Mediapro et la Serie A, préquel du fiasco français
Alors que les premières offres pour empocher la diffusion de la Serie A de 2021 à 2024 ont été transmises, Calciomio se penche sur l’épineuse question des droits TV en Italie. Ce premier numéro vous conte l’imbroglio autour de l’attribution de ces droits lors de la précédente période.
La quête du milliard
En 2017, La Lega se lance dans un pari audacieux. Lasse de voir les droits de rediffusion de ses homologues anglais, allemands et espagnols dépasser les sommes à neuf chiffres, l’instance italienne veut également franchir ce cap symbolique.
Dans son péché d’orgueil, elle concocte un découpage assez original. Les lots mis en vente ne portent plus sur des affiches plus ou moins prestigieuses mais sur différents moyens de consommation des programmes sportifs. Ainsi 3 packages voient le jour, un pour les chaînes satellites, un autre pour la TNT et un dernier pour internet, chacun ayant son prix de réserve en corrélation avec les ambitions de la Lega.
Mais les innovations ne s’arrêtent pas là ! la LNP-A souhaite étaler les matchs de Serie A sur 8 plages horaires au lieu de 5. Une idée purement mercantile sensée influer une future vente des droits TV à l’international. 3 prétendants s’installent sur la grille de départ, Sky Italia, DAZN (Perform Group) et Mediaset. La Lega se frotte déjà les mains…
Le sauveur Mediapro débarque…
Si John Doe n’est pas venu en personne punir le péché d’orgueil des dirigeants de l’instance italienne, la réalité a été aussi froide et cruelle que le serial-killer de Seven. La Sky a atteint le prix de réserve pour un seul lot – le A – et la vente aux enchères a été marqué par le retrait de Mediaset. En effet, il estimait que les packages proposés favorisaient les nouveaux entrants venus du web au détriment des opérateurs historiques.
Par ailleurs, la trop forte ressemblance des lots – seul le support de diffusion changeait réellement – a provoqué un fort désintérêt des prétendants. Comment monétiser une exclusivité si un concurrent dispose d’un autre moyen pour le retransmettre ?
La Lega se remet donc en selle pour obtenir le milliard qu’elle désire. Les amitiés espagnoles d’Urbano Cairo – le président du Torino dirige le groupe RCS Mediagroup dont fait partie El Mundo et Marca – lui permettent d’entrer en relation avec Jaume Roures, patron de Mediapro.
Leader sur le marché ibérique pour la gestion des droits sportifs, cette société est responsable de la retransmission de La Liga. Mais, surtout, elle peut aussi bien assurer le rôle de diffuseur – avec ses propres chaînes comme beIN Sports España – qu’intermédiaire. C’est dans cette seconde configuration qu’elle décide de poser sur la table 1,150 milliard d’euros pour l’intégralité des lots en janvier 2018.
… puis déraille
Aussitôt acquis, l’entreprise catalane découpe son précieux sésame pour le rendre plus attractif. La manœuvre est simple, forcer Sky, Mediaset ou DAZN à se positionner dessus. Toutefois, ils n’ont toujours pas l’intention de dépenser autant d’argent pour le championnat italien. Sky se montre même vindicatif et, malgré la course contre la montre – la saison 2018/2019 commençant dans moins 6 mois – il attaque Mediapro en justice. La situation empire pour la compagnie de Jaume Roures lorsque la Lega demande des garanties financières.
Le début de l’été sera terrible. La justice lombarde accepte la plainte du diffuseur historique de la Serie A et l’institution italienne juge non recevable le fait que ce soit Orient Hontai, la structure chinoise à la tête de Mediapro depuis février, qui se porte garante à la place de Mediapro lui-même.
Le projet de la Lega se retrouve donc au point mort et elle doit entamer de nouvelles négociations avec les opérateurs auxquels elle a rapidement tourné le dos. Le 13 juin, Sky et DAZN annoncent en grande pompe qu’un accord a été signé pour un montant de 973 millions d’euros. Un chiffre en deçà des espérances de la LNP-A mais au moins le championnat italien sait où il sera diffusé.
Un deuxième épisode « Mediapro » pourrait tout de même voir le jour. D’après certains médias italiens, le groupe catalan se serait positionné pour les droits TV 2021-2024…
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