Dossier : Euro 1968- Gianni Rivera, parcours du Golden Boy (17/23)
Chaque semaine jusqu’au début de l’Euro, Calciomio vous narre l’histoire de 23 joueurs qui, à leur manière, ont marqué les campagnes européennes de la Nazionale. Aujourd’hui, nous allons revenir sur la carrière de Gianni Rivera, vainqueur de l’Euro 1968 mais aussi premier soulier d’or italien né en Italie.
L’éclosion d’un talent précoce
Débuter à 15 ans et 9 mois en Serie A avec Alessandria et contre l’Inter, cela tient de l’irréel. Être aligné avec le Milan AC à moins de 17 ans et contre son club formateur tient de l’utopie. Pourtant, nous sommes bien le 18 septembre 1960 lors de la coupe d’Italie gagnée 5 buts à 3 par les milanais. Ce jour-là, l’Italie découvre un jeune prodige, aligné en soutien des attaquants. Celui-ci enchante le jeu du Diavolo.
La saison 1967/1968 du Milan AC voit l’arrivée de Franco Carraro à la Présidence du club en lieu et place de son père Luigi, décédé suite à un malaise cardiaque. Nereo Rocco est entraineur et le bomber attitré est Pierino Prati, qui termine meilleur buteur, Milan est champion. Gianni Rivera est déjà le capitaine du navire rossoblu. Il est décisif en quart de finale de coupe d’Europe dans un match rejoué et gagné par 2 à 0 où il signera le deuxième but. Milan remporte finalement la coupe des coupe 1968 contre Hambourg par le score de 2 buts à 0. Il ne marque pas mais l’Italie entière est sous le charme du talent piémontais. Ce jeune va devenir très rapidement il « Golden Boy », en raison de son jeune âge. La concurrence avec un certain Sandro Mazzola, bandiera de l’Inter, anime la presse transalpine. L’objectif premier est d’effacer l’humiliation de 1966.
Le chemin vers la victoire à l’Euro 1968
Gianni Rivera participe à toutes les rencontres qualificatives de l’Euro 1968 ainsi qu’à celles jusqu’en demi-finale contre l’URSS. Il a la faculté de pouvoir occuper toutes les positions offensives et inventer un but venu de nulle part. Son intelligence et sa créativité font merveille. Valcareggi, le sélectionneur de la squadra azzurra décide de l’entourer de joueurs qui appliquent à la lettre le fameux catenaccio. Nous voici en demi-finale contre l’URSS, Rivera se blesse à la cuisse après 5 minutes. A l’époque, le règlement ne prévoit pas de remplacements en cours de match. Les azzurri doivent jouer à 10 pendant le reste de la rencontre. A « 9 et demi » souligne le capitaine Giacinto Facchetti. En effet, un autre italien est victime de crampes en deuxième mi-temps. Il Mister demande à ses joueurs une concentration totale dans le jeu individuel et un marquage strict. Même son « ami » Sandro Mazzola vient prêter main forte à la défense. Du bord du terrain, Gianni Rivera vit avec intensité la rencontre. « Ce qui compte est la victoire », dit-il, l’échec coréen en Coupe du Monde 1966 est dans toutes les mémoires. La rencontre se termine sur un score vierge et qualifie l’Italie avec la fameuse règle de « pile ou face ». L’Italie est en finale et Rivera sait qu’il ne pourra pas jouer.
Lui, que la presse italienne, particulièrement un certain Gianni Brera (écrivain et journaliste sportif), ne ménage pas allant même jusqu’à le tenir pour principal responsable de la défaite contre la Corée. Pas tellement pour la qualité de ses matchs mais bien pour son « influence passive » orientant le style de jeu adopté par les azzurri. Un de ses estimateurs, Enzo Sasso du Corriere dello Sport, va jusqu’à affirmer que l’on prétend toujours le maximum de lui, voire la perfection. Rien ne lui est pardonné, contrairement à d’autres grands noms tels Mario Corso de l’Inter ou Giacomo Bulgarelli, bandiera du Bologne. On fouine dans vie privée, ou alors on critique sa corpulence physique, dans le but de le détruire moralement.
« Jouer pour la nation est un rêve d’enfant » dit-il en regardant ses coéquipiers concentrés et gonflés à bloc. Rivera avouera que « le groupe était si solidaire que chacun des sélectionnés méritait de jouer ». La victoire de l’Euro 1968 restera un souvenir mémorable, même si entaché d’une certaine amertume…
L’Italie tient son premier et unique sacre européen.
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