DOSSIER : Grandeur et décadence du « Real Vicenza » (1/2)

Par Yacine Ouali publié le 20 Déc 2019
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Le calcio est historiquement réputé, contrairement au football français par exemple, pour être élitiste. Il est rare de voir de petites équipes atteindre les sommets en Serie A ou en Coupe d’Italie.

Les exceptions faisant la règle, Calciomio évoquait ces derniers mois l’épopée de l’Hellas, champion d’Italie en 1984-1985, et présente aujourd’hui la remarquable saison 1977-1978 de Vicenza, qui a vu le club du Veneto finir deuxième de Serie A, cinq points seulement derrière la Juventus.

Ce sera la première des deux parties du dossier sur le « Real Vicenza », qui montre l’aspect fugace des épopées des petits clubs en Italie, dans un calcio cruel et ultra-compétitif.

Nobile provinciale

De 1955 à 1975, le Lanerossi Vicenza (aujourd’hui Vicenza Virtus) avait passé 20 saisons d’affilée en Serie A. Reconnu pour être difficile à jouer, le club était surnommé « Nobile provinciale », marque de respect de la presse et des grandes équipes envers une institution capable de finir 6ème de première division en 1964 et 1966.

Criblé de dettes, Vicenza avait cependant fini par descendre en Serie B au printemps 1975. Après une décevante saison achevée à la 16ème place, le président Giuseppe Farina nommait Giovan Battista Fabbri comme entraîneur, malgré le scepticisme entourant sa relégation en Serie C avec Piacenza la même saison. Bien en a pris au président Farina, car Fabbri mena Vicenza, dès la saison 1976-1977, à la promotion en Serie A.

Fulgurances et mythe du « Real Vicenza »

Pour débuter la saison 1977-1978 en Serie A, Vicenza enchaîne cinq matches sans victoires (3 défaites et 2 nuls). Cela ne fit pas changer de philosophie Fabbri qui, inspiré par le football total de l’Ajax, continua de faire confiance à son système en 4-3-3, avec des latéraux offensifs et une attaque rapide, formée de Franco Cerilli, Roberto Filippi et d’un certain Paolo Rossi, co-propriété de Vicenza et de la Juventus.

Petit à petit, le jeu de Vicenza gagna en fluidité, et les victoires commencèrent à venir, malgré une vulnérabilité défensive inhabituelle pour le calcio de l’époque (34 buts pris en 30 matches, pire défense du top 6). Après une victoire 4-2 contre l’Atalanta à la 6ème journée, marquée par un doublé de Rossi, Vicenza cumula 11 matches sans défaites d’octobre 1977 à fin janvier 1978 (7 victoires, 4 nuls). Au cours de ces 11 matches, Paolo Rossi marquait à 11 buts, gagnant par là sa première sélection en Nazionale à 21 ans, en décembre 1977.

À la fin janvier 1978, le Vicenza de Fabbri était 3ème de Serie A, et le stade Romeo Menti devenait le centre de l’attention du calcio. Avec seulement deux points de retard sur la Juventus, Vicenza fascinait les fans et la presse, impressionnés par le jeu fluide, haut, rapide et offensif des ouailles de Fabbri, à tel point que le club fut surnommé par le journaliste Giorgio Lago le « Real Vicenza », en hommage au jeu tout en vitesse du Real Madrid des années 1950.

Après une défaite et deux nuls en février 1978, Vicenza se remit sur le droit chemin pour les 11 derniers matches des 30 journées de Serie A, ne perdant que deux matches dans une série qui vit le club battre la Lazio 3-1 et le Napoli 4-1, avec à nouveau 12 buts de Paolo Rossi. Le jeune joueur finira la saison meilleur buteur avec 24 buts, loin devant les 16 buts du napolitain Giuseppe Savoldi.

À la fin de la saison, Vicenza était deuxième, à égalité avec le Torino, pour ce qui sera le meilleur classement de son histoire. Plusieurs records ont été battus cette saison-là : meilleure attaque avec 50 buts en 30 matches, titre de plus jeune Capocannoniere pour Paolo Rossi, qui réussissait alors l’exploit de l’être deux saisons d’affilée, en B puis en A, et premier titre de meilleur entraîneur pour Fabbri et Vicenza.

Un déclin aussi rapide que la réussite 

Malgré une équipe presque inchangée, Vicenza attaqua la saison 1978-1979 par le mauvais bout, sortant au premier tour de la coupe de l’UEFA et étant relégué en Serie B, malgré 15 buts de Rossi. À la fin de cette saison, le Mister Fabbri s’en alla entraîner Ascoli et Paolo Rossi fila à Perugia, qui avait fait l’exploit de ne pas gagner le championnat en étant invaincu toute la saison.

C’était la fin du « Real Vicenza », qui s’en est allé naviguer dans les divisions inférieures, avant de renaître de ses cendres dans les années 1990, gagnant la coupe d’Italie en 1997 et atteignant la demie finale de la Coupe des coupes en 1998.

Cette renaissance sera narrée dimanche, dans la deuxième partie du dossier sur le « Real Vicenza ».




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Yacine Ouali



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