DOSSIER : La diaspora italienne, Delio Onnis le Roi du Rocher
Suite de notre série consacrée à la diaspora italienne, de ces joueurs d’origine italienne ayant fait le bonheur de clubs dans le monde entier. Parti d’Italie avec ses parents vers l’Argentine, Delio Onnis est l’un d’eux. Durant plus de 15 ans, le canonnier a fait le bonheur de Reims, Monaco, Tours et Toulon. Jusqu’à devenir meilleur buteur de l’histoire du Championnat de France avec 299 réalisations.
Né en 1948 à Giuliano di Roma, à 80km de Rome, le jeune Delio quitte son pays au début des années 1950 avec son père sarde et sa mère romaine. Direction l’Argentine. Il y découvre le football et intègre le club de Almagro en D2 (1966-1968 : 23 buts en 44 matchs). Il explose à Gymnasia y Escrima La Plata (1969-1971 : 58 buts en 102 matchs). Il enclenche alors le rythme de toute une carrière : 1 but tous les 2 matchs.
Meilleur buteur de Ligue 1 avec 299 buts
L’Italie est toujours restée dans le cœur des Onnis. On parle la langue de Dante à la maison. Très vite, Delio Onis est surnommé « El Tano », l’Italien en Argentin. Mais c’est en France que le joueur posera ses valises. A Reims tout d’abord. En champagne, il ne tarde pas à s’adapter. 76 matchs et 45 buts plus tard, il se pose sur le Rocher de Monaco, pour y vivre la plus belle partie de sa carrière (1973-1980 : 223 buts en 278 matchs). Il y remporte le titre de Championnat (1978), la Coupe (1980) et le premier de ses 5 Trophées de meilleur buteur (1975-1980-1981-1982-1984) qu’il se disputera une décennie durant avec son compatriote Carlos Bianchi.
Une brouille avec le président monégasque Jean-Louis Campora l’enverra à Tours, tout juste promu en D1. Le soleil n’est plus aussi présent mais, là encore, Delio Onnis illumine les supporters (1980-1983 : 73 buts en 129 matchs). Malheureusement, l’expérience se termine par une relégation. A 35 ans, beaucoup auraient pensé à raccrocher les crampons. Mais pourquoi, vu que le sens du but reste intact ? Il répond alors à l’appel du cœur de deux amis, anciens co-équipiers à Monaco : Christian Dalger et Roland Courbis qui sont des cadres du Sporting Club de Toulon en D1. Onnis deviendra en 3 saisons le nouveau héros de la Rade (1983-1986 : 40 buts en 81 matchs).
Pour l’Italo-argentin, à 38 ans, l’heure d’un repos bien mérité a sonné. Et pour cause : il est aujourd’hui encore le meilleur buteur de Ligue 1 avec 299 buts au compteur en 449 matchs. Au total, on estime à 363 le nombre de buts inscrits en 598 rencontres (0,60 but par match) entre Argentine et France, toutes compétitions confondues. « Il est né pour marquer des buts » disait de lui le rugueux libero du Sporting Club de Bastia, Charles Orlanducci.
Porteur d’un sens inné du but (80% inscrits dans la surface de réparation), Delio Onnis fait souvent preuve de modestie quand il revient sur ses performances. Merci la chance : « J’ai évité les blessures, j’ai eu des coéquipiers qui m’ont fait de bonnes passes et des entraîneurs qui m’ont fait confiance » résume-t-il.
Snobé par l’Italie et l’Argentine
Ce palmarès aurait pu lui ouvrir les portes des équipes nationales. Mais Delio Onnis sera boudé autant par la fédération argentine qu’italienne. Trop « Italien » pour les Argentins. Peut-être trop « Français » pour les Italiens. Pourtant Delio, qui a toujours le passeport italien mais dont le cœur penchait peut-être plus vers la Celeste, avait le talent pour figurer dans une ou l’autre équipe dans la période 1974-1982. Autre regret : ne jamais avoir foulé les pelouses italiennes. Cagliari, l’Inter et le Napoli ont tenté timidement. Sans suite. Alors, pour ne pas perdre le cordon ombilical avec sa terre natale, Delio Onnis suit avec attention les résultats de Frosinone. A deux pas de là où il est né.
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