DOSSIER : la diaspora italienne, Fleury Di Nallo
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser, dans le cadre de notre dossier sur la diaspora italienne, à Fleury Di Nallo, le petit prince de Gerland, le meilleur buteur de l’histoire du club de Lyon, dont les origines sont harnachées au Bel Paese. L’histoire de sa famille est typique de celle de ces immigrés économiques et politiques qui ont accosté en France, pour un laps de temps, mais qui ne sont jamais repartis.
Une immigration en Rhône-Alpes
L’immigration italienne est venue offrir ses bras au marché français, en échange de l’espoir de sortir de la misère dans son pays. A Lyon, les italiens, dans les années 30, représentent les 2/3 de la population étrangère, et ils sont très présents jusque dans les années 60. Ainsi, un dixième de la colonie italienne de France vit en Rhône-Alpes, soit 80 000 individus en comptant les descendants. Cette force vive transalpine travaille dans les mines d’extraction de la pyrite pour la Compagnie de Saint-Gobain de Saint-Fons, aux Houillères de Saint-Etienne… ils sont métallurgistes, mineurs, maçons, verriers, tanneurs ou plâtriers. Très localisés en Rhône-Alpes, des quartiers « ritals » se forment autour des verreries et de la rue Mazenod ou Mercière.
Le père de Fleury Di Nallo, qui travaille dans une usine chimique arrive dans les bidonvilles, côté Pasteur. Ses parents vivent dans des baraquements de fortune, les fameuses cabanes qui abritent la main d’œuvre étrangère, en grande majorité italienne. Dans ces espaces faits de tôles et de cartons, la population, sans eau courante, côtoie la misère matérielle, la rudesse du temps, la solidarité de ces déracinés et l’espoir.
Des « cabanes » à la cité
En 1936, les parents de Fleury sont relogés dans les HLM d’une cité ouvrière à Gerland. Ses trois frères naitront dans les cabanes, lui non. Au pied de son immeuble, il passe son temps à jouer au foot en se frottant au plus grand de la cité. En parallèle, un de ses frères rejoint les Etats-Unis pour y épouser une prometteuse carrière de boxeur. Le cadet des Di Nallo, Fleury, qui doit le y de son la particularité de son prénom à un oncle émigré en Angleterre (on donnait le prénom d’un oncle) qui a fait tomber le i, veut devenir footballeur.
La rue étant formatrice, quatre de sa cité passeront pro, Di Nallo compense sa petite taille par une énergie débordante et un sens du but exceptionnel. Alors que sa famille avait les billets en main pour émigrer vers les Etats-Unis, Lyon propose de le recruter pour 200 000 frs, suffisants pour les convaincre de rester. Puis en 1960, il fait ses grands débuts, à 17 ans. Le petit prince de Gerland restera dans son club de cœur 14 ans, marquant 222 buts.
Des trios lyonnais magnifiques
De 1960 à 1970, il formera avec Rambert et Combin, tous deux d’origine argentine, un trio capable des plus grands exploits. En 1969, les résultats ne sont plus au rendez-vous, et le petit prince va se blesser. Peu sont prêts à parier sur son retour, comme il le dit lui-même il ne retrouvera jamais son niveau, mais contre tout attente, de nouveau, il formera un trio de feu avec Serge Chiesa et le jeune talentueux, Bernard Lacombe.
Après une parenthèse en 1974 au Red Star, où le joueur originaire de Lyon, est charmé à l’idée de composer un nouveau trio alléchant sur le papier avec la star Magnussen et son ami Combin, l’aventure se finira en eau de boudin avec une descente des audoniens et une idée de projet qui n’a jamais éclos. Loulou Nicollin lui ouvrira alors ses bras et son amitié, le recrutant pour faire monter son club, Montpellier, alors en DH.
Dans les rues de Gerland, les fantômes de ces maisons italiennes qui recevaient, religieusement, la famille, endimanchée, survivent. Les échos des mandolines, et les aires des chants traditionnels suintent. Le temps est passé mais Maria Cicconi, la mère de Fleury, qui ne parlait que le ciociaro, ce patois des campagnes de Frosinone, qu’un florentin ne comprend pas, et inversement, nous rappelle les particularismes d’un autre temps, disparu, mais l’ombre de Di Nallo sur Gerland flotte toujours.
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