DOSSIER : Le Mondial 90, défi du Bel Paese (1/5)
Cet été, l’Euro 2020 aurait dû poser ses valises en Italie. De manière fugace – seulement 4 matchs sur les 51 que compte la compétition – les transalpins auraient pu connaître la joie d’un événement international sur leur terre. Et parce que la Botte n’a pas eu la chance d’organiser une grande messe du ballon rond depuis 30 ans, Calciomio vous propose donc de revivre le Mondial 90. Ce premier épisode vous relate l’obtention de la Coupe du Monde.
Héritage d’Artemio Franchi
Effacer le souvenir de 1934. Lorsque l’Italie organise la reine des compétitions internationales, Benito Mussolini se sert du ballon rond comme outil de propagande. Depuis cette date, la coupe du Monde n’était plus revenue dans la péninsule italienne. Alors Artemio Franchi a mis tout son cœur pour que l’Italie obtienne une seconde chance. Et le Florentin sait comment bonifier les choses. A la tête de la FIGC de 1967 à 1980 – avec une coupure entre 76 et 78 – Franchi avait redonné ses lettres de noblesse au football italien. Une nécessité après l’échec de la Coupe du Monde 66 et une défaite honteuse face à la Corée du Nord. Sous sa présidence, la Squadra Azzurra remporte l’Euro 68, se retrouve en finale du Mondial 70 et surtout il place Enzo Bearzot sur le banc de la Nazionale. Pour organiser l’événement quadriennal, l’Italie doit faire face à l’Angleterre, la Grèce et l’URSS. La France l’envisage aussi pendant un temps. Fernand Sastre, président de la FFF, avait envoyé une lettre à la FIFA en ce sens. Le dirigeant français précisait toutefois qu’il différerait sa demande pour 1998 si l’Italie se déclare candidate. Ce qu’elle fait le 11 août 1983.
Une autonomie complète
Le 19 avril 1984 les dirigeants italiens peuvent s’enlacer, les transalpins obtiennent le précieux sésame. Mais un pincement au cœur subsiste. Si seulement Artemio Franchi n’avait pas pris sa FIAT Argenta quelques mois plus tôt… Malgré sa mort, Franchi reste à jamais associé à cette victoire. Deux hommes ont pour mission de magnifier l’événement : Luca Cordero di Montezemolo et Franco Carraro. Les concessions qu’ils obtiennent de la part de la FIFA sont énormes et augurent de belles perspectives. Tout d’abord, l’Italie dispose d’une autonomie totale sur la gestion de l’événement. Pour la première fois de l’histoire, ce ne sont pas des comités d’organisation basés en Suisse qui effectueront seulement des opérations de promotions. Continuant sur leur lancée, Carraro et Montezemolo sont intraitables sur le sujet délicat des parrainages liés à l’événement. Ils parviennent à introduire une nouvelle catégorie de partenaires économiques, les fournisseurs officiels, et à faire en sorte qu’ils soient tous italiens. Cela permet à Alitalia ou Fiat de se greffer à la compétition.
L’envers du décor
Malgré cela, la gestion de Carraro et Montezemolo a été désastreuse. Depuis 1934, aucun véritable travail de rénovation des stades n’avait été mis en place. Le gouvernement fait donc voter la loi n°65 de 1987 pour allouer 48 milliards de lire et mener à bien le projet. Est-ce que ce budget était trop faible ou des acteurs malveillants en ont profité pour se servir allègrement, toujours est-il que les dépenses ont augmenté de 90% pour presque toutes les structures. Même maintenant certaines constructions ne sont toujours pas comprises. Par exemple le stade Delle Alpi de Turin. Crée pour l’occasion, l’ancien écrin de la Vieille Dame était déjà raillé pour sa visibilité exécrable et son système d’irrigation aléatoire. Idem pour le San Nicola di Bari dont l’esthétique futuriste entraîne des coûts de maintenance élevés. Nous retrouvons aussi des inepties sur des travaux publics. À Rome, la station Farneto n’a fonctionné que trois semaines avant de fermer officiellement en octobre 1990. Enfin, le déroulement des travaux fait aussi polémique puisque douze morts et 678 blessés ont été recensés. L’épisode le plus sanglant est celui du Renzo Barbera de Palermo où la chute d’un auvent a causé la mort de cinq travailleurs. Heureusement, la Squadra sera là pour nous faire rêver.
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