DOSSIER : Les 20 ans du Scudetto de l’AS Roma – Franco Sensi, le président qui changea la Lupa (3/7)
En 2001, l’AS Roma remportait le premier Scudetto du XXIème siècle, le troisième de son histoire. Un titre aux souvenirs intenses pour tous les tifosi de la Louve, d’autant que ce sacre national demeure le dernier du club. À l’occasion de ce vingtième anniversaire Calciomio revient, en sept articles, sur le triomphe giallorosso. Dans ce troisième article, nous revenons sur la gestion de l’homme fort du club : Franco Sensi. Un président comme on n’en fait plus, impliqué à tous les niveaux de son club et qui aura su atteindre l’objectif fixé et remplir de bonheur le cœur de ses tifosi.
L’AS Roma dans le sang
En cette période actuelle d’internalisation des présidences de clubs de Serie A, l’histoire de Franco Sensi nous renvoie à un passé où l’homme était tifoso avant d’être dirigeant. Franco était le fils de Silvio Sensi, ancien joueur et dirigeant de la Pro Roma, qui fut à l’origine de la fusion qui créa l’AS Roma. Son père contribua également à la construction du Campo Testaccio. Autant dire que la famille Sensi baignait au quotidien dans l’amour des Giallorossi. En toute logique, il décide de suivre les traces de son père et devient dirigeant. Mais c’est en 1993 que le destin viendra frapper à sa porte. Au bord de la faillite, il rachète son club de cœur avec l’aide d’un autre actionnaire mais devient vite le seul propriétaire et maître à bord. Une présidence de près de 15 ans, record du club, dépassant ainsi l’ère de Dino Viola. Une période faite de succès retrouvés pour une AS Roma qui remportera ce fameux Scudetto 2001, mais aussi deux Coppe et deux Supercoppe. Un dirigeant proche de son groupe mais aussi de sa tifoseria. Pourtant, à l’orée de ce titre de champion, tout ne fut pas rose entre lui et les romanisti.
La métamorphose de l’encadrement sportif
Avant ce fameux Scudetto, l’heure est à la gronde du coté des tifosi. La refonte drastique du club par Sensi lors de sa prise de fonction avait déjà quelque peu interpellé. Changement de l’encadrement, exit les Cervone, Gianini et consort. Un choix assumé pour celui qui tient à s’entourer de ses propres hommes à ses cotés. Mais sportivement les romains n’avancent guère. Pire, ils voient la Lazio de Cragnotti remporter la Coppa et la Supercoppa en 1998 et devenir le concurrent principal des géants du nord. Cela donna lieu à divers accrochages avec une partie de son peuple. Mais ce que beaucoup oubliaient, c’est que Franco Sensi était l’un des leurs. Loin d’être un attentiste, il savait mieux que quiconque qu’il était temps d’insuffler un état d’esprit nouveau afin, enfin, de changer de stature. Cet état d’esprit à un nom : Fabio Capello. Le président mise sur la réussite et la mentalité de gagnant d’un Capello, couronné de succès lors de ses expériences précédentes au Milan AC ou au Real Madrid. Un an auparavant, il avait déjà placé Franco Baldini comme nouveau directeur sportif. Ce trio Sensi-Baldini-Capello serait la colonne vertébrale du renouveau. Un président paternaliste et financièrement peu regardant mais lucide, un homme de réseaux et un champion sur le banc. Un cocktail qui s’avéra gagnant, grâce notamment aux investissements consentis.
Une politique de transfert déterminante
Lors de la saison 99-2000, l’AS Roma s’active déjà et part arracher deux valeurs sûres de Serie A : Vincenzo Montella (26 millions) et Hidetoshi Nakata (22 millions). Insuffisant pour une AS Roma qui finira 6ème et qui verra la Lazio finir championne. Franco Sensi décide alors de sortir la sulfateuse lors de l’année suivante. Il ramène dans la capitale l’exceptionnel Batitusta (37 millions) afin d’offrir à son coach une attaque de rêve en compagnie de Totti et Montella. Mais surtout, il réussit à solidifier son équipe avec les arrivées de Samuel (21 millions), Emerson (18 millions) et Zebina (18.5 millions). Deux campagnes qui offriront une mutation de l’effectif souhaitée par l’entraineur, afin d’offrir à tous les giallorossi le bonheur d’un troisième Scudetto. Encore aujourd’hui beaucoup rendent hommage à ce personnage extraordinaire. De Totti à Candela, de Tommasi au barista della via del Corso, aucun romanista ne peut renier ce que Franco Sensi aura apporté à ce club. Il restera éternellement pour nous, le «huitième roi de Rome».
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