DOSSIER : Les années Berlusconi – 1986, le commencement
Ce nouveau dossier se penche sur une période enchantée (1986-2017) du Milan AC et plus particulièrement sur l’une des personnalités qui l’a incarnée : Silvio Berlusconi. Ainsi nous analyserons tour à tour l’arrivée de Berlusconi, la révolution Sacchi, ce que le Cavaliere a apporté à l’équipe Meneghina, et ce qu’elle lui a donné en retour. Lorsqu’il prend les rênes, le Milan AC est déjà un grand d’Europe avec un sacré palmarès : deux Coppe dei Campioni (1963, 1969), une Coppa Intercontinentale (1969), deux Coppe delle Coppe (1968, 1973), dix championnats (le dernier remontant en 1979). Mais lors de cette reprise, le club est englué dans une crise profonde, au bord du précipice. Ce premier volet raconte l’arrivée, in illo tempore, Via Turati, du Cavaliere, le dirigeant/créateur d’une des plus grandes entreprises italiennes, la Fininvest.
Nous sommes en 1986…
Sur les vingt dernières années, le Milan AC a connu plus de douze présidents (Rizzoli, Riva, Carraro I, Carraro II, Sordillo, Budicchi, Duina, Pardi, Colombo, Morazzoni, Farina, Lo Verde). En 1985, l’équipe lombarde est engluée dans les affres juridico financières qui dépassent largement le pré-carré. Déjà en 1980, les affaires les avaient menés en Serie B en 1980, suite au scandale des Calcioscommesse (des paris sur des matchs truqués).
Les saisons se suivent et se ressemblent sur le terrain, et les résultats sportifs sont moins chaotiques que l’état-major. Le sulfureux président du moment, Farina, est hué par le public, et recherché par la police. Il prendra même la poudre d’escampette jusqu’en Afrique du sud, pour éviter une galère qui lui tend ses loquets. La Justice lui reproche d’avoir allègrement pioché dans les caisses du club, alors même celui-ci est surendetté et au bord de la faillite. « Rovina=Farina » lit-on dans le stade, et dans les tribunes adverses, le Diable est la risée « Siete solo dei falliti ». Mais un mouvement de sédition s’érige.
« Silvio, Milano ti ama »
On déploie des banderoles dans la Curva Sud, de dégout, de haine, de rage. Tous les tifosi veulent un vent nouveau, un jeune nouveau riche, un nanti : Silvio Berlusconi. Personne d’autres n’a de grâce auprès de tifosi déjà amourachés. « Armani boia, Rivera la tua troia », même le golden Boy, Gianni Rivera, pro-Armani, en prend pour son grade suite à ses sorties publiques contre le projet de reprise par la Fininvest, l’arme financière de Berlusconi. Farina crie au complot politique.
La saga continue. Le 10 janvier 1985, Gianni Nardi fait la une de la presse qui l’adjuge nouveau président. Mais finalement le 20 février, le nouveau nommé AC Milan 1986, est bel et bien racheté par le Cavaliere qui s’engage à couvrir, et les crédits auprès des banques (près de 7 milliards), fruits d’une gestion désastreuse, et les dernières traites liées au transfert des anglais Hateley et Wilkins. Il évite, ainsi, au club une liquidation dont allait se délecter les tribunaux, et l’infamie de la banqueroute.
Un cycle est enclenché : Naissance des « Immortels »
Dès son arrivée, Berlusconi rassure Liedholm en le confirmant comme entraineur. Il assure vouloir garder Hateley et le tout jeune Maldini, qui se dirigeaient vers la Juventus, ainsi que Baresi, qui semblait destiné à la Sampdoria. Il promet d’acheter les stars Massaro et De Agostini. Des banderoles habillent San Siro, des « Silvio milano ti ama » font fleurir des lueurs d’espoirs.
Lors de sa première campagne estivale, il amène en Lombardie le susmentionné Massaro, sa promesse de campagne, Donadoni, l’un des grands espoirs du moment, acheté pour 10 milliards de lire, Galderisi, Borgonovo et Giovanni Galli. Ces joueurs en devenir et confirmés se greffent à Evani, un Costacurta balloté en prêt, à Maldini qui entame sa deuxième saison mais qui est déjà titulaire à 17 ans, à Baresi, Galli et autres Tassotti, pilliers du club. Toute cette bande constituera le socle défensif pendant presque 10 ans.
A l’issue de la saison, le Milan Ac finit 6ème et se retrouve européen. Berlusconi a pris ses marques pendant cette saison, et il assure une seconde campagne de transfert cinq étoiles. A l’intersaison 1987, lui et son fidèle bras droit Galliani, s’attachent les services d’un duo d’international Oranje, Gullit et Van Basten, de joueurs confirmés, tels qu’Ancelotti et Colombo. Il place sur le banc un entraineur aussi critiqué que progressiste, Arrigo Sacchi. Cette fois, le Milan AC tient le milieu (en attendant Rijkaard) et l’attaque, qui permettront à son chef d’orchestre et à ces « Immortels » de dévaster les territoires européens.
A venir aussi dans le dossier « Le Milan AC, les années Berlusconi » :
1. 1986, le commencement (1/4)
2. Sacchi et la Réforme (2/4)
3. Quand business rime avec Calcio (3/4)
4. Une vitrine politique (4/4)
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