DOSSIER : Les années Berlusconi – Ce Pygmalion

Par Christophe Mazzier publié le 09 Oct 2020
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Les Immortali de Sacchi, les Invincibili de Capello, les Meravigliosi d’Ancelotti… De nombreux surnoms ont été affublés aux Rossoneri pendant la présidence de Berlusconi. Mais si le Milan AC est ce qu’il est aujourd’hui, et ceci, pour de nombreuses générations de tifosi, elle le doit en grande partie à leur Pygmalion. Cet article va énumérer les énormes investissements réalisés pendant les 31 années qu’il a passées à la présidence du septuple vainqueur de la Champions League avant de le vendre au chinois Ly Yonghong pour 740 M€ en 2017.

Derrière un homme… Une Holding, la Fininvest

Berlusconi débute sa carrière d’entrepreneur en faisant sa fortune dans l’immobilier. En 1975, il crée la Fininvest qui s’agrandira au gré des rachats. Tour à tour, s’additionneront des activités d’édition (Mandadori), de théâtre (Manzoni), de circuits de distribution, bancaires (Mediolanum)… mais la plus belle intuition aura été faite au sein de l’empire télévisuel. Démarrant avec un petit canal privé qui diffuse dans les quartiers résidentiels de Milano 2, relance des chaines (Rete 4, Canale 5, Italia 1 puis Mediaset), et produit des programmes télévisuels.

Tifoso de la première heure du Milan AC, passionné de football, il a l’instinct de faire converger cette société de l’image, du divertissement, dont il est persuadé que les italiens sont friands, avec le calcio qui est le sport populaire. Pour la petite histoire, le Cavaliere avait proposé de racheter l’Inter en 1982 au président Fraizzoli, qui lui a conseillé de suivre son cœur plutôt que la raison.

An Italian Success

Bien lui en a pris. En 1986, le Milan AC fait plus parler de lui dans les tribunaux que sur le terrain. Un mandataire judiciaire est même désigné pour liquider le club mais la 3ème fortune du pays d’alors, décide de reprendre l’institution en péril. Rete Italia (contrôlé par la Fininvest) verse 6 milliards de lire (3,25 M€) pour honorer un crédit du président de l’époque Nardi, et 25 milliards de lire (12 M €) pour augmenter le capital du club dans l’objectif de renforcer l’équipe.

Sur les 30 ans de sa présidence, la Fininvest aura versé en tout pour 900 M€ alors que la gestion du Milan AC aura perdu, 860 M€ net. Soit une perte annuelle moyenne de 28 M€ sur la période.

Dans les années 80, 46,61 M €, dans les années 1990, 171 M€, dans les années 2000, 254,82€, le trend croissant des investissements est inversement proportionnel au résultat sportif. Le denier trophée remporté par les Rossoneri remontent à 2011, pourtant les investissements pendant cette décennie ont été démentiels, et monteront à 432,57 M€ injectés directement dans les caisses du club.

Des résultats exceptionnels

On ne peut pas dire que l’intuition du magnat italien n’aura pas eu de résultats sportifs. Il peut se vanter d’avoir glaner sous sa présidence : 13 trophées internationaux, 16 nationaux, 7 ballons d’or. Le tandem qu’il a formé avec Galliani aura attirer en Lombardie les plus grands joueurs. L’acquisition la plus couteuse aura été celle de Rui Costa en 2001, extirpé à la Fiorentina pour 42 M€. La même année, il déboursera 37 M € pour s’attacher les services d’Inzaghi, qui se situe en deuxième position. Nesta complétera le podium (31 M€), l’année suivante, quittant, bien malgré lui, une Lazio à la dérive.

Déconnecté du football moderne

Les années 2010 seront cruelles pour Berlusconi. L’inflation des prix dans le football moderne, l’obligation de développer un merchandising conquérant, la crise du football italien, des stades vides… amèneront le Cavaliere à jeter l’éponge. Ce n’est pas faute d’avoir tenté de rester compétitif, comme le démontre les ressources investies par le milliardaire italien pour maintenir son Milan au contact des plus grands.

La gestion d’un club n’est plus celle qu’elle fut. Des joueurs moyens, Bacca pour 30 M€ et Romagnoli pour 25M€, qui complètent le quintette des plus gros transferts sous l’ère Berlusconi, sont à peine compensés par les ventes des Ibrahimovic et autre Silva. Le Business Plan du Cavaliere n’est plus tenable, les sommes injectées, 60 M€ en 2014 et 2015, 40 en 2016, porteront le coup de grâce à l’une des histoires les plus fabuleuses du football mondial. Berlusconi n’est plus l’homme idoine mais il personnifiera pendant encore de longues années le Diavolo.

A lire aussi dans le dossier « Le Milan AC, les années Berlusconi » :

1. 1986, le commencement (1/4)
2. Sacchi et la Réforme (2/4)
3. Quand business rime avec Calcio (3/4)
4. Une vitrine politique (4/4)




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Christophe Mazzier



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