DOSSIER : Les années Berlusconi – Sacchi et la Réforme

Par Christophe Mazzier publié le 30 Sep 2020
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Avant l’ère Berlusconienne, les Rossoneri avaient déjà remporté de nombreux titres sur la scène internationale. Mais tous les spécialistes, analystes, tifosi s’accordent sur un point : les quatre années pendant lesquelles Arrigo Sacchi étaient à la tête de l’équipe ont été les plus belles. I Meravigliosi (1987-1991), comme on les appelait, étaient ces barbares envahissant le terrain de jeu. Le profeta di Fusignano, qui a inspiré tous les plus grands, de Guardiola à Simeone, en passant par Bielsa, imposait sa patte autour d’une tactique progressiste et révolutionnaire. Nous allons, dans cet article, effleurer les concepts d’une Masterpiece.

L’opportunité, au bon moment

Après des années de disettes, Arrigo Sacchi arrive au sein d’un groupe usé par les affaires extra sportives, et en fin du cycle Liedholm sur le banc. Le natif de Fusignano est choisi par Berlusconi pour impulser un vent nouveau sur le monde du ballon rond. Un an auparavant, l’industriel italien avait racheté son club de cœur, le Milan AC, pour le faire basculer dans une nouvelle ère à son image : le football-spectacle. Pour cela il avait besoin d’un chef d’orchestre aux idées flamboyantes. Un jeune entraîneur qui vantait les mérites du beau jeu et orchestrait admirablement l’équipe de Parma. Il se fait donc repérer et le Cavaliere lui donne les clefs d’un paquebot qu’il voulait muer en speed-boat.

Pour appliquer une tactique à tout crin qui fera des émules, Sacchi a besoin d’avoir des hommes qui lui font une confiance aveugle. 4-4-2, pressing en avançant, occupation de tous les espaces, pression permanente… Le 11 sur le terrain joue les partitions à merveille, guidé par un leader incontestable, Franco Baresi. Ce dernier a tout connu avec son Milan, les hauts et les très bas (Totonero, descente en Serie B, remplaçant pendant la coupe du monde 1982), le Capitaine est mur et un relais investi.

La compo’ du moment

Autour du Capitaine, on retrouve Tassoti et Maldini, les deux pistons de haute intensité, et surtout au début, il a Rijkaard à ses côtés. Plus haut en losange on trouve Ancelotti, devant la défense, Colombo et Evani excentrés, Donadoni plus avancé, en électron libre, Gullit et Van Basten devant. Puis suite à la blessure d’Evani, Sacchi a l’intuition de placer Costacurta en défense centrale, et Rijkaard devant la défense, déplaçant Ancelotti à gauche. Ainsi les « Immortels » sont nés !

A partir de cette base aux qualités indéniables, Sacchi ne s’occupe pas de placer ces individualités dans les meilleures dispositions. Le « collectif » prime, au grand damne d’un Van Basten, qui ne comprend pas qu’un buteur de son calibre se fatigue à défendre comme tout le monde. Le 4-4-2 se meut allègrement en 2-3-3-2 selon la phase de possession ou non. Le rôle du latéral est redéfini, se projetant très rapidement en avant.

« In the zone Baby » 

Le pressing en avançant est très important dans le dispositif de Sacchi, les attaquants sont les premiers à devoir empêcher les relances adverses, les milieux marquant en zone ses coéquipiers disponibles. La réflexion du philosophe repose sur le ballon. Tous les mouvements individuels de l’équipe s’enclenchent autour de l’objet sphérique et doivent permettre de créer le surnombre. L’idée de la zone est que le pressing se fait de manière collective, les lignes ondulant dans un va-et-vient incessant.

Des transitions éclaires

En transition offensive, l’équipe de Sacchi recherchait de suite les espaces afin d’arriver le plus rapidement possible dans les 16 mètres adverses, en surnombre. Et là, le natif de Fusignano avait dans son effectif le joueur idoine : Ruud Gullit. Lui aussi appliquait à la perfection le rôle de dynamiteur. Il fut l’un des rares joueurs de l’époque a parcourir un 100 mètres en 11 secondes. Le ballon d’or savait parfaitement se mettre entre les lignes, exploser et se projeter vers l’avant grâce à un coffre et une technique hors du commun.

Berlusconi a créé un rouleau compresseur sur la scène européenne et mondiale. Si, sur le plan national, Sacchi n’a été champion qu’une seule fois, la première saison en 1988, lors d’une concurrence épique avec le Napoli de Maradona, au niveau européen les succès ont été pléthores collectivement (deux Coppa dei Campioni, deux Supecoppe, deux Coppa Intercontinentale), et individuellement (ballons d’or 1987, 1988, 1989). Fait rare, le podium était même exclusivement rossonero en 1988 (Van Basten, Gullit, Rijkaard) et 1989 (Van Basten, Baresi, Rijkaard).

Un exemple de l’art du Fuorigioco mené par Baresi, esthète de la zone.

A lire aussi dans le dossier « Le Milan AC, les années Berlusconi » :

1. 1986, le commencement (1/4)
2. Sacchi et la Réforme (2/4)
3. Quand business rime avec Calcio (3/4)
4. Une vitrine politique (4/4)Le jeu typique de Sacchi et les fameux hors-jeux




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Christophe Mazzier



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