DOSSIER : les gardiens mythiques de la Nazionale. Gianluca Pagliuca (5/12)
Parce que la Squadra Azzurra a rarement été victorieuse sans un dernier rempart de choix, Calciomio vous conte l’histoire des plus grands portieri italiens. Titulaire lors des éditions 1994 et 1998, Gianluca Pagliuca n’est pas passé loin du sacre en Coupe du monde. Spécialiste des penalties, il a défendu les buts de l’Inter et de la Sampdoria championne de Serie A en 1991.
Son style : complet et moderne
L’action parle aux nostalgiques du football des années 1990. La Nazionale dispute la finale du Mondial 1994 contre le Brésil. À un quart d’heure du terme, sur un tir anodin de Mauro Silva, le ballon échappe des mains de Pagliuca avant de s’écraser sur le montant droit. La boulette est évitée de peu. Le joueur, heureux sur le coup, embrasse alors son poteau en guise de remerciements.
Le geste atypique est à l’image de cet enfant de Bologne. Prototype du gardien moderne de l’époque, acrobatique dans le style, il est le meilleur de la péninsule pour son jeu au pied, le rapprochant davantage de ses confrères sud-américains. Un atout indéniable au moment de l’introduction d’une nouvelle règle en 1992, interdisant de saisir des mains une passe en retrait. L’Emiliano aime d’ailleurs créer des occasions par ses dégagements et évoluer haut pour participer au jeu de son équipe.
Le timing n’est cependant pas toujours bon, comme à la Coupe du monde américaine. Lobé pour le premier match de l’Italie face à l’Irlande, il est même expulsé lors de la deuxième journée contre la Norvège, après une faute de main à l’extérieur de la surface. Le n°1 doit laisser sa place à Marchegiani, qui le supplée brillamment pendant deux rencontres. À tel point que son retour comme titulaire en quarts de finale contre l’Espagne étonne, sauf lui. « Je n’ai rien pris à personne, je ne suis pas un voleur. J’ai juste repris ce qui m’appartenait ».
La vie en bleu
Pour réussir une telle carrière, il fallait du caractère à Gianluca. Toute sa vie footballistique quasiment, le portier la passe en azzurro. D’abord en rossoblù, dans sa Bologna natale, où l’ultime défenseur se forme. Mais c’est en blucerchiato qu’il va s’épanouir à partir de 1986. Révélé à 20 ans au tournoi de Viareggio avec la Sampdoria, Pagliuca fait ses débuts en Serie A le 8 mai 1988 face à Pise. Cette année-là, il remporte sa première Coppa Italia, préféré lors des deux finales contre le Torino à Bistazzoni.
L’entame d’une longue série de succès, faite de titres pour le club de Gênes : trois Coppe Italia, une Supercoppa et surtout un scudetto historique en 1991, le seul de l’histoire doriana. La Sampdoria de Boskov est également européenne avec une victoire à la Coupe des coupes 1990, après avoir échoué face à Barcelone l’année précédente. Le Barça de Cruijff, véritable bête noire de la Samp’, avec une nouvelle défaite en finale de la Coupe des clubs champions 1992.
Sept saisons comme protagoniste en Ligurie, avant de devenir Nerazzurro à l’été 1994. Puis cinq ans à l’Inter pour compléter son palmarès avec une Coupe de l’UEFA en 1998, avant de revenir à Bologna, là où tout à commencer. Pagliuca y reste jusqu’en 2006 et termine par une pige à Ascoli. Il est le deuxième portiere qui compte le plus de présences en Serie A, derrière Buffon.
Une histoire de penalties
Plus que les titres, le parcours de Gianluca Pagliuca est lié aux coups de pied de réparation. Spécialiste du genre, avec 24 tentatives repoussées en championnat, il co-détient encore le record en Italie avec Samir Handanovič. En 1991, lors d’un match clé pour le scudetto avec la Sampdoria face à l’Inter, le Romagnolo arrête le penalty de Lothar Matthäus. L’Allemand n’en ratera que deux dans sa carrière transalpine.
Une réputation qui le suit avec la Nazionale. Lors de la première des ses 39 sélections, le 16 juin 1991, le gardien arrête le tir au but du Soviétique Kulkov. Même s’il brille lors des séances, Pagliuca sera plutôt malheureux avec la Nazionale dans l’exercice. D’abord en 1990, où il suit l’élimination des siens devant l’Argentine depuis le banc de touche. Ainsi qu’à deux reprises comme titulaire, au dernier acte de la Coupe du monde 1994 contre le Brésil et en quart de finale du Mondial 1998 face à la France.
À chaque fois, Gianluca repousse pourtant un tir au but adverse. Pas suffisant pour la victoire. « J’ai arrêté deux tirs au but dans deux Coupes du monde différentes. Si nous avions gagné, je serais devenu un héros ». Une déception immense. Légende blucerchiata, il ne lui manquait rien pour le devenir également en Azzurro. Mais c’est sûr, Pagliuca restera dans le cœur des Italiens.
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