DOSSIER : les gardiens mythiques de la Nazionale. Gianpiero Combi (11/12)
Parce que la Squadra Azzurra a rarement été victorieuse sans un dernier rempart de choix, Calciomio vous conte l’histoire des plus grands portieri italiens. Après Dino Zoff, focus sur un autre capitaine champion du monde. Gianpiero Combi l’est devenu en 1934. La légende de la Juventus n’y était pourtant pas destinée.
Son style : science du placement
« Il a servi avec fidélité et honneur toutes les causes pour lesquelles il a été appelé », lui rendait hommage le sélectionneur Vittorio Pozzo dans son oraison funèbre en 1956. Et effectivement, Gianpiero Combi n’était pas du genre à se dérober. Jamais nonchalant pour jouer avec des côtes cassées, une vertèbre fissurée ou encore les doigts fracturés. Le gardien ne s’est pas défilé non plus lorsqu’en 1934, à douze jours de la Coupe du monde à domicile, il a fallu devenir titulaire et capitaine d’une Nazionale sur le chemin de son premier sacre international.
Pas étonnant que le Piémontais soit considéré comme l’un des tout meilleurs de l’avant guerre à son poste, avec le Tchécoslovaque Plánička et l’Espagnol Zamora. Ses contemporains se souviennent d’un dernier défenseur à la science du placement aiguisée. Les plongeons sont efficaces et peu spectaculaires. Le joueur analyse plutôt bien les intentions de ses adversaires, pour ne pas être dépassé sur leurs frappes. Une nécessité pour pallier sa petite taille : 1,74 m seulement. Aujourd’hui, ce serait rédhibitoire pour un portier. Ce n’est pas le cas dans les années 1920-1930.
Des débuts compliqués en bianconero et azzurro
Enfin, cela a été difficile au commencement. C’est à cause de son physique non imposant que le jeune Gianpiero n’est pas retenu par le Torino à l’issue d’un essai en 1918. Qu’importe, sa carrière doit s’écrire en blanc et noir. Il est recruté alors par la Juventus. Combi jurera fidélité à la Vieille Dame. 351 présences en championnat avec les Bianconeri, entre 1922 et 1934, et cinq scudetti. Le premier en 1926, puis quatre d’affilée entre 1930 et 1934. Des bons souvenirs en pagaille, et d’autres plus curieux. Comme les sept buts encaissés, le 5 mars 1922, pour ses débuts en Prima Divisione face au Pro Vercelli, futur champion.
7-1. Même score lors de sa sélection n°1 en azzurro deux ans plus tard, en match amical contre la Hongrie. Heureusement, la suite est plus glorieuse. Bien avant la célèbre ritournelle « Sarti, Burgnich, Facchetti », Combi forme un trio défensif de renom en Nazionale, avec ses compères turinois Rosetta et Caligaris. Il porte à 47 reprises le maillot de l’Italie. En tant que titulaire, le portiere glane d’abord deux coupes internationales et surtout une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de 1928 à Amsterdam. À cette époque, la Coupe du monde n’existe pas encore.
De remplaçant à capitaine gagnant
À l’été 1934, le gardien arrive à la fin de sa carrière. À 31 ans, ses principaux faits d’armes sont derrière lui et il s’apprête à ranger les gants. Mais Vittorio Pozzo, le sélectionneur italien, le convainc de remettre la retraite à plus tard, au moins après le deuxième Mondial de l’histoire qui se dispute au pays. Gianpiero est là pour amener son vécu au groupe azzurro et non pour jouer les premiers rôles. Une fracture du bras du n°1 Carlo Ceseroli, douze jours avant le début du tournoi, change cependant la donne. « M’ touca a mi ? » (ndlr « C’est à moi ? ») demande alors le joueur à son entraîneur dans son dialecte piémontais. Pozzo l’installe donc titulaire et même capitaine au vu de son expérience.
En une semaine, il se met en ordre de marche : 10 heures d’entraînement par jour pour être prêt pour l’échéance. Combi dispute une grande compétition pourtant compliquée. Une double confrontation en quarts de finale face à l’Espagne, la demie contre l’Autriche – où le portier multiplie les arrêts – et la finale remportée devant l’immense Tchécoslovaquie, en prolongations. Gianpiero Combi est le premier gardien-capitaine à soulever la Coupe du monde, 48 ans avant Dino Zoff.
L’occasion rêvée pour mettre un terme à sa carrière faite de record. Notamment celui de garder sa cage inviolée pendant 934 minutes en championnat. Une statistique battue bien plus tard par le seul Gianluigi Buffon, mais qui n’est pas comptabilisée dans une Serie A qui ne se jouait pas encore en poule unique. Le nom de Gianpiero Combi reste tout de même gravé, parmi l’une des 50 étoiles du Walk of Fame bianconero autour du Juventus Stadium.
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