DOSSIER : les gardiens mythiques de la Nazionale. Giuliano Sarti (7/12)
Parce que la Squadra Azzurra a rarement été victorieuse sans un dernier rempart de choix, Calciomio vous conte l’histoire des plus grands portieri italiens. Protagoniste du premier scudetto de la Fiorentina et valeur sûre de la Grande Inter, Giuliano Sarti n’a pas connu la gloire tant méritée en sélection.
Son style : à contre-courant
« Sarti, Burgnich, Facchetti… ». Son nom marque le début de la ritournelle préférée des supporters nerazzurri. Celle entendue à maintes reprises dans la bouche des commentateurs de l’Italie des années 1960. Elle est restée dans l’imaginaire collectif comme le début de la formation de la meilleure Inter jamais vue, mais aussi de la Nazionale. Pourtant Giuliano Sarti n’a revêtu le maillot azzurro qu’à huit petites reprises. Si peu devant l’immensité de son talent.
Le Portiere di ghiaccio (« gardien de glace ») a sûrement souffert de son image simple au cours de sa carrière. Sobriété et placement comme maîtres-mots, quand ses confrères de l’époque privilégient les acrobaties et arrêts spectaculaires, se mettant davantage en valeur. Sarti c’est un style essentiel et sans fioritures, où bloquer le ballon est quasiment un exercice scientifique. Une manière nouvelle de voir le poste, dont s’inspirera Dino Zoff plus tard.
L’Emiliano impressionne ses adversaires par sa froideur et son jeu calculateur pour analyser la trajectoire du ballon. Il ne sort que très rarement sur l’attaquant et reste sur sa ligne pour intervenir. Si bien que le portier sauve souvent des buts quasi faits. Comme en finale de la Coupe des clubs champions 1967 – perdue par l’Inter face au Celtic Glasgow – mais où Giuliano réalise l’une de ses plus belles parades, grâce à un plongeon millimétré. « Je ne pouvais y croire », a même reconnu l’Écossais Tommy Gemmell.
Première historique avec la Viola avant la Grande Inter
Pourtant, rien ne prédestinait Giuliano à côtoyer les sommets européens, lui qui a découvert le rôle de de gardien de but tard, à ses 17 ans. Mais doué naturellement, le joueur est recruté par la Fiorentina en 1954, après quelques saisons en amateur. Avec la Viola, c’est une histoire de première. Première en Serie A contre le Napoli en avril 1955, premier scudetto florentin la saison suivante et première finale italienne en Coupe des clubs champions 1957 face au Real Madrid. En Toscane, Sarti glanera également une Coppa Italia, une Coupe des coupes (sur le banc) et un trophée Grasshopper.
Pour rendre sa défense hermétique, le Romagnolo dialogue beaucoup avec ses coéquipiers. Une qualité rare et appréciée par le mythique Helenio Herrera, qui le fait signer à l’Inter en 1963 à 30 ans : « un gardien doit se faire respecter et lui sait le faire ». Avec l’entraîneur et son commandant en chef dans les buts, les Nerazzurri deviennent les grands d’Europe et du monde au milieu des années 1960. Deux scudetti, deux Coupes des clubs champions et deux Coupes intercontinentales, pour écrire les plus belles pages du club milanais. Lors de la finale européenne de 1965 face au Benfica, Sarti repousse brillamment les tentatives d’Eusébio.
Giuliano et les siens auraient même pu glaner une troisième couronne continentale en 1967 devant le Celtic. Mais le football peut être cruel. Malgré l’excellente prestation du portiere, la finale est perdue par la Grande Inter. Et le sort va s’acharner une semaine plus tard. Le 1er juin, dans un match-clé pour le scudetto contre Mantova, l’ultime défenseur se troue sur un centre pourtant anodin. L’Inter défaite, est doublée par la Juventus qui file vers le titre. L’image de Sarti, la tête sur le poteau, est restée dans les annales. Ironie du sort, Giuliano partira à la Juve la saison suivante pour y terminer sa carrière comme remplaçant.
Dans une sélection mondiale pour son idole
Une papera aux lourdes conséquences entachant la fin de parcours du gardien, qui reste néanmoins très estimé par ses contemporains. En septembre 1967, Sarti est sélectionné au sein d’une équipe mondiale. Elle affronte l’Espagne, à l’occasion des 65 ans de l’ex-portier espagnol Zamora, son idole. Un autre représentant de la Roja, Alfredo di Stéfano, a dit de l’Italien qu’il était « un mur qui ne semble pas avoir besoin de bouger ».
Des reconnaissances de poids à l’époque, qui ont sans doute tendance à être oubliées injustement aujourd’hui. Malgré ses maigres huit sélections en azzurro, le joueur a marqué l’histoire de son poste et de deux des clubs par lesquels il est passé. En 2017, Giuliano Sarti est parti au ciel rejoindre son compère Facchetti. Le portiere reste encore le seul d’Italie à avoir disputé quatre finales de la plus haute compétition européenne. Chapeau.
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