DOSSIER : Les plus grands duels franco-italiens : France-Italie 1921

Par Simon Cailloux publié le 01 Oct 2020
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Depuis plus d’un siècle, les oppositions entre formations italiennes et françaises offrent des rencontres de légendes. Des duels souvent épiques, qui ont contribué à la légende de ce sport. Calciomio vous propose de revivre ces parties mémorables, avec le duel entre la France et l’Italie de 1921, à Marseille.

Les Bleus à Marseille, une première et un symbole

Lorsque Jules Rimet, le président de la Fédération Française de Football (puis de la FIFA), pense à organiser un match amical pour son équipe, il pense très vite à inviter l’Italie. Pas étonnant, puisqu’à l’époque les Azzurri sont déjà considérés comme une référence du football de sélection. Les Bleus peuvent en témoigner, puisque le premier match de l’histoire de la sélection italienne eut lieu à Milan, contre la France justement. Score final 6-2, de quoi impressionner.

Par la suite, l’Italie participe systématiquement au tournoi olympique, sans pour autant gagner. À chaque fois, la Squadra Azzurra trébuche en quarts ou demies, souvent contre…La France. Ainsi, en 1921, un France-Italie serait déjà une affiche de gala. Mais derrière cette rencontre, se cache un autre aspect que le sportif.

En effet, après une première délocalisation à Lille, Jules Rimet souhaite que les Bleus se déplacent à nouveau. Cette fois, le choix se porte sur Marseille et le stade de l’Huveaune, alors antre de l’Olympique de Marseille. Ce choix est loin d’être hasardeux, puisque la cité phocéenne est le plus grand berceau de l’immigration italienne en France. Dans les années 1910, avec environ 400 000 immigrés, la communauté italienne dépassait la communauté belge pour devenir la principale communauté d’immigration de l’Hexagone.

Et si les Français, et notamment les Marseillais, ont longtemps perçu ces immigrés italiens comme une menace, l’après-guerre tend à calmer le jeu. Une volonté de pacification naît et la FFF compte bien y participer. L’accueil réservé aux Azzurri est excellent et la ville entière est fière de voir les deux nations s’affronter aux abords de l’Huveaune (qui est aussi une rivière).

Un contexte politique particulier

Pourtant, tout le monde ne voit pas la venue de l’Italie comme une bonne chose. La raison au contexte politique italien, où le fascisme commence à prendre une ampleur considérable. Pourtant déclaré neutre, Giovanni Giolitti, le président du Conseil italien, se rapproche de Benito Mussolini, qui s’apprête à rentrer au Parlement. Dans une Italie divisée par les troubles sociaux, cette position fait débat, que ce soit dans la Botte ou à l’étranger.

Par conséquent, en Italie, le match passe un peu inaperçu. En revanche, en France, une partie de la classe politique trouve malvenu de faire venir l’équipe représentative d’un pays instable sur l’échiquier politique. Un pays qui pourrait, selon son futur, être l’ennemi d’une éventuelle seconde Grande Guerre. Les plus inquiets craignent même des débordements à vocation politique, fascistes évidemment, Marseille possédant une forte communauté italienne.

Heureusement, ce match se déroule dans les meilleures conditions, devant 10 000 spectateurs. L’Italie remporte la rencontre 2 buts à 1, après avoir été menée au score. Plus tard, Mussolini marchera sur Rome et utilisera le sport comme outil de propagande. Le foot ne dérogera pas à la règle, même si le Duce tentera un temps de dépopulariser ce sport.

Feuille de match

Match amical international

Dimanche 20 février 1921, Stade de l’Huveaune, Marseille, 10 000 spectateurs

France – Italie 1-2

Buts : Devic (10′), Cevenini (55′), Santamaria (63′)

France : Beaudier Maurice, Langenove Eugène, Gamblin Lucien, Batmale Jean, Hugues François, Bonnardel Philippe, Dewaquez Jules, Devic Emilien, Nicolas Paul, Bard Henri, Dubly Raymond

Italie  : Campelli Piero, Rosetta Virginio, De Vecchi Lorenzo, Genovesi Pietro, Carcano Carlo, Burlando Luigi, Migliavacca Enrico, Baloncieri Adolfo,  Cevenini Luigi, Santamaria Aristodemo, Bergamino Augusto

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Simon Cailloux

Rédacteur



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