DOSSIER : Mino Raiola, l’ascension
Carmine Raiola, dit « Mino », est l’un des personnages les plus débattus de la planète foot. Presque aussi connu que la palanquée de joueurs qu’il supervise, il n’en reste pas moins un personnage secret et énigmatique. Alors, un mois après la clôture du mercato estival, nous saisissons l’occasion d’ouvrir un dossier à son sujet. Premier numéro aujourd’hui, sur les traces du « gnomo ciccione ».
Diaspora
Carmine naît en province de Salerne, au Sud de Naples. Dans une région à vocation agricole faite de tomates, de blé et de fromages, bien tanquée entre le Vésuve et les monts Lattari. Un soleil qu’il ne goûtera que trop peu car, moins d’un an après sa naissance, sa famille décide de quitter l’Italie. Direction les Pays-Bas et Haarlem où son père, jadis mécanicien, décide d’exporter une tradition locale : la pizza. De ces quelques mois à tremper les pieds dans le bouillon de la Campanie Mino garde une certaine façon de parler italien. La calata comme on dit de l’autre côté des Alpes, une intonation particulière sans aucun doute aujourd’hui teintée des quelques sept langues qu’il maîtrise.
C’est dans le restaurant familial, le Napoli, que Mino va toucher ses premiers billets. Adolescent il file un coup de main à son père qui y travaille jour et nuit. Il y fait la plonge, le service… le refrain classique du self-made man en somme. Dans un coin de sa tête trotte quand même l’idée de devenir, pourquoi pas, footballeur. Le club d’Haarlem est le plus vieux d’Hollande et, dans son maillot rouge et bleu il se prend à rêver, comme tout adolescent, d’un avenir sur les plus beaux prés du monde. Mais, visiblement déjà capable de sentir un semblant de talent dans les pieds d’un joueur, il ne met pas longtemps à comprendre que lui n’en a aucun. Pas grave, son destin est ailleurs.
Haarlem globe-trotteur
La légende (lui-même) raconte que le président du club de sa ville venait manger à la pizzeria tous les vendredi soirs et qu’avec lui il aimait plaisanter de la mauvaise gestion de l’équipe. Vantard, Mino lui file gratos, une fois par semaine entre le fromage et le dessert, des conseils. Jusqu’au jour où le président le prend au mot et lui propose de prendre en charge les équipes de jeunes. En parallèle de sa vie de directeur sportif il crée sa première boite, Intermezzo, qui a pour but de faire le lien entre des entreprises italiennes et hollandaises. Véritable médiateur, l’Italo-hollandais jongle entre différentes activités et commence à prendre de la place. A tous les sens du terme. Devenu représentant des joueurs néerlandais à l’étranger il signe son premier transfert en 1992 en faisant passer le néerlandais Brayn Roy de l’Ajax au Foggia du magicien Zeman. Un an plus tard il sera également dans le deal que concluent les Lanciers avec l’Inter pour le transfert de Wim Jonk et, surtout, Dennis Bergkamp. Les affaires, qui commençaient à s’accumuler sur son bureau, se voient boostées par l’arrêt Bosman de 1995 qui supprime la limite des joueurs étrangers dans les clubs européens. Et Mino s’en frotte les mains : la machine Raiola est définitivement lancée.
A lire aussi :
1. Mino Raiola : l’ascension
2. (A suivre)
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