DOSSIER : Mino Raiola, l’empire
Il a l’allure d’un vendeur de melons et la poésie d’un gardien de prison. Carmine Raiola, dit Mino, est l’un des personnages les plus débattus de la planète foot. Après un premier volet revenant sur son enfance et ses premiers coups de mercato, voici le deuxième épisode. Tout chaud, tout beau.
Le minotaure
L’arrêt Bosman de 1995 marque définitivement la libération du marché européen. Une aubaine pour Mino, devenu agent FIFA, qui voit s’ouvrir devant lui les portes des plus grands championnats du Vieux Continent. Lucide, il continue de miser sur les marchés qu’il connaît bien : l’Italie et les Pays-Bas, en faisant signer quelques Néerlandais dans la botte. Basée à Monaco, sa nouvelle boite Sportsman va ensuite s’implanter au Brésil et en République Tchèque d’où il tire son premier gros coup : Pavel Nedved. En 1996, il fait débarquer le Tchèque à la Lazio, dans une équipe entraînée par le Prophète Zdenek Zeman avec lequel il avait déjà travaillé à Foggia. Joueur sensation de l’Euro 1996 qui a vu la République Tchèque se hisser jusqu’en finale, la « Furia Ceca » est le premier gros joueur que Mino va superviser. Son élément de vitrine, sa carte de visite.
La méthode Raiola repose sur un credo simple : faire économiser les clubs sur le prix du transfert en négociant, en contre partie, un gros salaire pour le joueur. Donnant-donnant. C’est ainsi que Nedved deviendra le joueur le plus payé de la Lazio et, en 2001, de la Juve. Une même formule qui s’appliquera à Ibrahimovic, Balotelli, Pogba… De ces enfants terribles, Mino en tirera sa fortune et son étiquette de charognard. Les deux premiers, passés de clubs en clubs, parcourent l’Europe depuis le début de leur carrière et traînent une image de mercenaires, un peu bad boy, à des années lumières de la crinière dorée tchèque. Un type de joueur dont il va se faire le principal défenseur. Car, si la relation donnant-donnant existe entre le joueur et le club, elle existe aussi entre lui et le joueur. Loin de lui donc l’idée de soigner l’image de ses joueurs. Dès qu’un de ses protégés veut partir, il part. Il se défend ainsi de certains transferts critiqués (comme celui d’Ibrahimovic de la Juve à l’Inter, un transfert qu’il dira « préparé six mois avant Calciopoli« ) et mettant constamment en avant la volonté du joueur (comme lors de l’été 2016, marqué par le Pogback et les #blablabla).
Dream team
Les joueurs supervisés aujourd’hui par Raiola pèsent quasiment, d’après le site transfermarkt, 750 millions d’euros. Un véritable empire. A titre de comparaison, la multinationale GestiFute fondée par Jorge Mendes en 1996 (un an après l’arrêt Bosman, coïncidence sans doute) en cumule environ 1 milliard. Des chiffres qui donnent le tournis et un panel de joueurs qui fait saliver : Paul Pogba, Marco Verratti, Lorenzo Insigne, Gianluigi Donnarumma, Kostas Manolas, Moise Kean, Henrikh Mkhitaryan, Blaise Matuidi, Mario Balotelli, Justin Kluivert, Jack Bonaventura, Alphonse Areola, Marcus Thuram, Luca Pellegrini, Zlatan Ibrahimovic, Ignazio Abate, Hachim Mastour… Beaucoup d’Italiens ou de joueurs passés par l’Italie. Beaucoup de pépites gérées très tôt dans leur carrière, pour le meilleur ou pour le pire.
Boudé par de nombreux clubs, présidents ou entraîneur, Raiola est loin de faire l’unanimité partout en Europe. Ferguson disait de lui, après le départ de Pogba à la Juventus : « Il y a un ou deux agents que je déteste tout simplement et Mino Raiola en fait partie. Je me suis méfié de lui dès notre première rencontre« . Devenu presque aussi imposant que ses joueurs, son nom peut aujourd’hui bloquer certaines affaires (la dernière en date entre Manchester United et le Real pour un éventuel transfert de Paul Pogba). Une place de paria qui explique le réseau tout de même limité de clubs avec lesquels il a tendance à travailler : la Juventus (où il représente aujourd’hui 3 joueurs), le PSG (3), le Napoli (3), le Milan (2), la Roma (2) et… Manchester United (2). Un territoire quasi-exclusivement italien qui était, jusqu’à l’arrivée de Ronaldo et Jorge Mendes à Turin, chasse gardée.
A lire aussi :
2. Mino Raiola : l’empire
3. (A suivre)
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