DOSSIER : Palmeiras, principal héritier de la culture italienne au Brésil : changement de couleurs et disparition du Palestra Italia (3/4)

Par Boris Abbate publié le 28 Mar 2020
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Il est le club brésilien le plus titré du pays. A ses cotés, des dizaines de milliers de fans en tout genre se ruent chaque week-end au stade, dans la rue ou dans les bars pour défendre fièrement ses couleurs. Des illustres joueurs comme Cafu, Roberto Carlos ou Rivaldo y ont même laissé leurs plus belles empreintes. Pourtant, derrière cet écusson simple et épuré, se cache en réalité près d’un siècle d’héritage italien. Parce qu’à travers des flux migratoires historiques et quelques faits politiques inoubliables, Palmeiras est et restera lié à l’Italie pour l’éternité. Une belle histoire à la sauce italienne, que Calciomio vous fait revivre à travers un court dossier qui retrace la création du club et son héritage italien encore très présent aujourd’hui. Suite des aventures du Palestra Italia et place au troisième volet de notre série, avec le changement définitif de nom et de couleurs du club, qui a ainsi donné naissance au Palmeiras.

Et le Palestra Italia devint Palmeiras…

1942. La grande guerre détruit des millions de vies à travers le monde, et la planète subit un affolement géopolitique général. Au Brésil, et plus précisément à São Paulo, les dures lois du dictateur Getulio Vargas entrent alors en vigueur, et tout ce qui est rattaché ou rappelle l’un des pays de l’Axe (dont l’Italie fait partie) doit totalement disparaitre ou changer de nom. Et évidemment, le club du Palestra Italia, qui s’est acquis une très grande réputation sur les terrains et ailleurs, ne passe pas à travers la trappe. C’est très simple, pour le gouvernement brésilien, ce club d’immigrés italiens doit soit totalement disparaitre, soit faire tout son possible pour balayer tous liens avec son pays d’origine ! Après quelques mois de négociations, Italo Adami, président du Palestra, décide de renommer le club en « Palestra de São Paulo« , un nom qui semble alors convenir à tout le monde.

Le compromis semble donc acquis, et tout doit ainsi rentrer dans l’ordre. Mais contre toute attente, l’Estado Novo refuse. Le nom « Palestra » est encore présent, et tout ce qui fait « italien » doit disparaitre pour de bon, et le club se rapproche alors tout doucement de la disparition. Sans oublier que dans le même temps, l’équipe rivale du São Paulo FC en profite pour mener une immense campagne de diffamation contre le Palestra Italia, en reprochant que les couleurs de leurs maillots (vert, blanc et rouge) sont notamment un symbole plus qu’évident de l’Italie… Attaqué de toute part et sous une pression grandissante, le club se réunit alors rapidement une nouvelle fois pour trouver définitivement un nom et changer de couleurs. Et en observant les palmiers devant le siège du Palestra, la légende raconte qu’un dirigeant aurait ainsi trouvé un tout nouveau nom : Palmeiras (littéralement « palmiers » en français). Un nom qui permet par ailleurs de conserver le traditionnel « P » sur l’ancien logo du Palestra Italia.

Une entrée accompagnée par un gigantesque drapeau brésilien

Dans la logique des choses, Palmeiras abandonne alors aussi dans la foulée le rouge de son maillot et la croix de Savoie de son écusson. Et la lettre « P », entourée de vert et de blanc devient alors la nouvelle image du club. Un vert symbolique, couleur de l’espoir, qui rappelle aussi celui qu’avaient en têtes les dizaines de milliers d’Italiens qui ont traversé l’Atlantique pour débarquer au port de Santos quelques années auparavant. En 1943, pour son tout premier match avec son nouveau nom, Palmeiras dispute pour l’anecdote un bouillant derby contre le Sao Paulo FC. Et pour définitivement fermer l’histoire et ouvrir un nouveau chapitre, l’état brésilien impose aux joueurs du Palmeiras d’entrer avec un immense drapeau du Brésil, le tout aux cotés d’Adalberto Mendes, membre du gouvernement et proche de Getulio Vargas. L’histoire a alors frappé un grand coup, et le Palestra Italia et son héritage ont tout bonnement disparu en une infime fraction de seconde…

L’entrée des joueurs de Palmeiras en 1943, avec leurs nouvelles couleurs, accompagnée par un immense drapeau du Brésil…

A lire aussi : 

1. Palmeiras, principal héritier de la culture italienne au Brésil : aux origines du Palestra Italia (1/4)

2. Palmeiras, principal héritier de la culture italienne au Brésil : la montée du fascisme et les lois « anti-italiennes » de Getúlio Vargas (2/4)

3. Palmeiras, principal héritier de la culture italienne au Brésil : changement de couleurs et disparition du Palestra Italia (3/4)

4. A suivre…




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Boris Abbate

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