DOSSIER – Réforme du Calcio : Squadra Azzurra, le printemps italien

Par Christophe Mazzier publié le 10 Oct 2019
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Après 2006… Le néant. Ou presque. Depuis ce jour, la communauté italienne et ses oriundi n’ont que rarement humé les senteurs exquises de la victoire. Nous avons eu la finale de l’Euro 2012 puis la victoire face à l’Espagne en 2016. Deux feux de paille qui ont eu du mal à cacher la traversée du désert d’un Calcio emprisonné dans la crise et ses vices. En trois volets, nous allons faire un point sur la réforme amorcée en 2014 par la FIGC, et tenter d’évaluer les effets d’une telle mesure sur l’équipe nationale et les clubs.

2014, la colère de Conte

Le 20 novembre 2014, la FIGC décide de réformer les effectifs des clubs de Serie A et de s’aligner sur les normes européennes. La réforme dite Tavecchio doit imposer aux clubs italiens d’utiliser plus de jeunes joueurs. Pourquoi ? Car la Serie A est vieillissante, que la sélection manque de relève et que les jeunes sont barrés par les étrangers. Ainsi les nouvelles normes misent sur un plafonnement des effectifs à 25 joueurs. La règle du 4+4 prévaut. Ainsi 4 joueurs doivent être issus du vivaio (formé au club) et 4 autres formés en Italie. L’agrégation de jeunes de moins de 22 ans est sans limite.

« Avant je ne voyais que l’intérêt des clubs. Maintenant que je suis le sélectionneur national, je me rends compte que la situation est préoccupante. En ce moment, l’Italie a des difficultés à former des talents, et les seuls, que l’on ait, n’ont pas la bonne mentalité. » constate, alors, amèrement Antonio Conte.

L’exploit qui cache la forêt

Lors de l’Euro 2016, la Squadra Azzurra, forgée par Conte, réussit l’exploit de sortir les doubles tenants du titre, l’Espagne. L’exploit est de taille, car face aux ibériques, le sélectionneur doit composer avec des piliers vieillissants (BBC, Motta, De Rossi), des joueurs non titulaires dans leur clubs (Sturaro, Eder, De Sciglio, El Shaarawy, Zaza) ou d’autres qui évoluent dans des équipes peu huppées (Giaccherini, Pellè). Lors de cette compétition, l’âge moyen atteignait un record : 31 ans.

Si les chiffres avaient une voix, sa mauvaise langue susurrerait que la valorisation de l’effectif est alors deux fois moins élevée que la Belgique : 263 M€ pour 458 M€. A titre de comparaison, aujourd’hui, les azzurri valent 835 M€ alors que les Diables Rouges, 753 M€.

Une réforme attendue

En 2017, trois ans après, la réforme laissait augurer d’excellents auspices pour le futur de l’Italie. De nombreux jeunes (Bernadeschi, Gagliardini, Rugani…) ont pu avoir leur chance en Serie A. Toutefois, à l’échelle nationale, un creuset générationnel s’est opéré. Et le désastre des éliminatoires de la coupe du monde 2018 est arrivé.

La réforme Tavecchio ayant eu lieu en 2014 puis progressivement appliquée à partir de la saison 2015-2016, les fruits non pas été palpables de suite. Dans un rapport de 2014 fourni par le CIES, l’agence établit un classement des championnats avec le plus grand nombre de joueurs formés au club. L’Italie était dernière sur 31 nations avec 8,1%. Loin derrière l’Allemagne, par exemple, qui atteignait les 16.6%.

Un renouveau

Tout comme Conte, le nouveau sélectionneur italien Roberto Mancini, lors de sa prise de fonction, s’est rendu compte des limites de la fonction. Le 1er septembre 2018, au micro de la Sky, il tire à boulets rouges : « J’ai convoqué Zaniolo même s’il n’a participé à aucun match de Serie A. Ce n’est pas normal. C’est un U19, il a été finaliste au championnat d’Europe. Il faut plus de courage au club de l’élite pour donner du temps de jeu à cette jeunesse. »

Aujourd’hui, Mancini n’hésite pas à constituer son équipe en la composant de jeunes joueurs. La moyenne d’âge est passée sous la barre des 26 ans. Ainsi, la nouvelle liste communiquée est éloquente. Pas moins de 10 joueurs de moins de 25 ans composent la liste. Il peut compter sur Donnarumma et Romagnoli (capitaine du Milan AC), Barella, Sensi, titulaires à l’Inter, Cristante, Mancini, Zaniolo et Pellegrini de l’AS Roma, Meret du Napoli, Chiesa de la Fiorentina. En sus, aux portes de la Squadra Azzurra sonnent des Tonali, Locatelli, Kean et autre Pinamonti.

La Serie A et leurs dirigeants semblent « s’être armés de courage » pour miser sur la jeunesse italienne, diffusant un air euphorisant et frais sur la Squadra Azzurra.

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1. Les équipes B, un flop

2. Squadra Azzurra, le printemps italien

3. Vent nouveau sur la Serie A ? (à venir)




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Christophe Mazzier



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