Dossier Renaissance Milanaise : Pioli/Rangnick, une succession jamais arrivée
Le 15 août 2020, l’Italie – alors en plein période de COVID – se recueille en ce jour de l’Assomption. Et si Ferragosto est le moment d’honorer la montée au ciel de la Vierge Marie, de son côté Ralf Rangnick descend à Milan en provenance de la Saxe. Son arrivée a des conséquences directes : Paolo Maldini et Stefano Pioli doivent quitter les Rossoneri pour faire place nette à l’ancien directeur sportif du RB Leipzig. Une nouvelle page se tourne au sein du septuple vainqueur de la Champions League.
Des réussites intercontinentales
Ivan Gazidis a le sourire jusqu’aux oreilles lorsqu’il présente son nouvel homme fort. À vrai dire il peut, le CV de Rangnick est impressionnant. Intégré dans la galaxie Redbull à partir de 2012, l’Allemand a façonné selon ses préceptes tous les clubs appartenant au milliardaire Dietrich Mateschitz. Des principes simples : un football offensif basé sur le gegenpressing et pratiqué des académies de jeunes jusqu’à l’équipe première ainsi que le recrutement de prospects à haut potentiel âgés entre 18 et 23 ans. Deux ans plus tard, le RB Salzbourg devient champion d’Autriche avec huit journées d’avance et surtout 106 buts marqués, nouveau record national.
Rangnick part ensuite à la conquête de l’Allemagne et débarque à Leipzig. Il utilise la même formule qu’à Salzbourg et surtout facilite les transferts entre les deux équipes. La suite est connue : l’équipe saxonne est désormais un sérieux prétendant au titre en Bundesliga. Sa réussite traverse les frontières mais aussi les continents. Le RB Bragantino, modeste club brésilien végétant en deuxième division et acquis en avril 2019, vient de disputer sa première finale de Copa Sudamericana – l’équivalence de l’Europa League en Amérique du Sud – en novembre 2021.
La fête est finie alors qu’elle n’a jamais commencé
En dehors de ses réussites sur le terrain, Ralf Rangnick a également le nez creux. Il est capable d’identifier les joueurs qu’il lui faut puis de négocier les indemnités de transfert. Une gestion qui l’a amené plusieurs fois à dénicher des bonnes affaires. Par exemple, les transferts de Timo Werner, Dani Olmo et Emil Forsberg ont coûté moins cher que le flop André Silva. Alors que l’Inter s’organise autour de Beppe Marotta et Piero Ausilio, l’ennemi intime a enfin préparé sa riposte.
Cette uchronie aurait pu se réaliser si Stefano Pioli n’avait pas réussi à lancer une magnifique et tout aussi improbable série d’invincibilité. Au retour du lock-out imposé par la pandémie de COVID-19, les Rossoneri sont en pleine bourre et infligent quelques déculottées comme un 4-2 face à la Juventus. À la fin de la saison, les Lombards terminent sixième et obtiennent le droit de retrouver les joutes européennes. Et qu’importe si ce n’est que l’Europa League ! Dans leur sillage, ils sauvent également la tête de la personne qui a fait venir Pioli : Paolo Maldini. Donc au lieu de tout chambouler, les dirigeants milanais misent sur la stabilité et confortent les deux hommes dans leurs fonctions.
Des remords ou des regrets ?
Depuis cette décision, le board rossonero peut-il s’en mordre les doigts ? Sur la scène nationale, l’ancien coach de la Lazio arrive à se mêler à la course au titre alors que depuis 2014, aucun espoir n’était permis. Toutefois, les défaites sans appel face à des coachs reconnus pour leur style de jeu comme Roberto De Zerbi, Antonio Conte ou Simone Inzaghi symbolisent encore un plafond de verre que Pioli n’arrive pas à briser.
Sur la scène internationale, le bilan est mitigé. Éliminer l’armada mancunienne en huitième de finale de C3 semblait possible mais la victoire finale improbable. Malgré cela, l’élimination en phase de groupe de la C1 cette année laisse un léger goût amer dans la bouche. Dans l’ensemble, Ralf Rangnick aurait pu réaliser la même chose mais en ajoutant sa patte, non pas de coach, mais de directeur sportif. Il aurait défini une ossature sur laquelle se baser pour construire un nouvel effectif milanais et fait quelques choix forts. Par exemple, laisser partir un Zlatan et son contrat mirobolant afin de garantir la présence sur le long terme d’un Gigio Donnaruma et d’un Franck Kessié. Certes, avec des si on pourrait mettre Paris en bouteille, mais également parer Milan de rouge et noir.
N’oubliez pas, on se retrouve lundi soir, 21h00, pour notre Serata Calcio sur le thème : la Renaissance milanaise.
À retrouvez dans ce dossier :
1 – Giroud/Ibrahimović : les papys peuvent-ils encore performer ?
2 – La renaissance de l’Inter : de Spalletti à Inzaghi
3 – Top 5 : les joueurs de l’Inter
4 – Pioli/Rangnick, une succession jamais arrivée
5 – Top 5 : les joueurs du Milan AC
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