Les Drughi : fierté et zone d’ombre de la Juventus

Par Pierrick Dujardin publié le 19 Déc 2017
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En Italie, les groupes de supporters font de plus en plus peur. La commission parlementaire antimafia a tiré la sonnette d’alarme jeudi dernier pour mettre en lumière les rapports très, et toujours, étroits entre les divers groupes de tifosi et des fléaux d’ordre sociaux comme l’extrémisme politique et l’omniprésence de la pègre. De telles accusations ramènent forcément au récent scandale de l’Alto Piemonte, affaire complexe dans laquelle la justice italienne a soupçonné la ‘Ndrangheta d’avoir infiltré des groupes de tifosi Bianconeri. Parmi ces « Firms« , impossible de passer à côté des fameux Drughi. Faction formée dans une période où les groupes d’Ultras du club se tournaient sensiblement vers la violence, Les Drughi vont peu à peu s’imposer comme le groupe phare et leader incontesté de la Curva Sud des différents stades de la Vieille Dame. Pourquoi s’intéresser à ces supporters ? Comprendre l’histoire exceptionnelle d’un des groupes cultes du Calcio, c’est comprendre ou tout du moins cerner les plaies qui affectent les Ultras italiens.

Une histoire unique en son genre

Tout commence avec le drame du Heysel, catastrophe au cours de laquelle 32 Italiens vont trouver la mort suite à une offensive des supporters de Liverpool lors de la finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions de 1985. Officiellement formé 2 ans après la tragédie, ce groupe naît des cendres des Fighters, groupe Ultra historique fondé en 1977 soit un an après la naissance des premiers groupes Ultra du club. Dissout pour sa violence, le groupe des Fighters va néanmoins donner lieu aux Drughi, nom faisant clairement référence au film Orange Mécanique de Stanley Kubrick. Comble de l’histoire, ces Bianconeri totalement anglophobes choisissent le nom d’une bande de malfrats d’un film…anglais ! Violente à souhait, cette faction va rapidement s’imposer dans les tribunes. Aujourd’hui leader de la Curva Sud, les Drughi n’ont pas lâché prise lorsque certains de leurs membres décidèrent de reformer les Fighters au début des années 90. Bien qu’il soit difficile de savoir quel est le groupe Ultra le plus important de la Juventus, il ne fait nul doute que les Drughi sont les plus crains. Parmi leurs faits d’arme, comment ne pas parler du chaos total orchestré face au Genoa alors même que le club évoluait en Serie B suite au Calciopoli de 2006. En Italie, tout le monde le sait : les Drughi ne sont pas là pour plaisanter.

L’Alto Piemonte : un scandale qui fait tâche

Si la réputation désastreuse des Drughi ne semble en aucun cas les affecter, l’image de la Juventus a quant à elle souvent pâti d’une mauvaise presse dont elle se serait bien passée. Le dernier fait divers concerne l’affaire Alto Piemonte. Bien qu’il soit difficile de démêler le vrai du faux dans cette affaire de liens entre le club turinois et la ‘Ndrangheta, beaucoup de spécialistes s’accordent à dire que les mafieux auraient eu l’accord de fonder leur propre groupe via l’autorisation d’un des représentants des Drughi. Accusation à prendre avec des pincettes. Quoi qu’il en soit, être Ultra peut coûter cher. La preuve en est avec le suicide de Raffaello Bucci, Drughi convaincu, après avoir été interrogé par la police sur le sujet épineux de la mafia. Pourtant, les Drughi sont-ils à cas à part ? Rien de moins sûr. Une chôse est certaine, ces derniers incarnent l’exemple parfait du groupe de supporters italiens à la fois sublime et dangereux ; dont les cicatrices ne peuvent faire oublier le plus important : l’amour de ces supporters pour leur club.




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