Eder-Pellé, duo de revanchards
Attelage qui ne vendait guère du rêve il y a encore quelques temps (soit juste avant le début de l’Euro), la paire offensive choisie par Antonio Conte a, comme on l’a vu, gagné en crédibilité au fil des rencontres de la Nazionale. Du match d’ouverture face aux Belges à la probante victoire contre les Espagnols, la grande majorité du public européen a en effet découvert un duo dépourvu de la classe d’un Baggio-Vieri ou Del Piero-Vieri en 1998, et du côté sulfureux de la doublette, plus récente, formée par les mauvais garçons Cassano et Balotelli. Pas question de regretter cette dernière, car le manque de relief médiatique de ceux qui ont un court laps de temps évolué ensemble sous les couleurs de la Sampdoria est compensé pour l’instant par une belle complémentarité et un rendement somme toute honorable (3 buts en 4 matchs). Symboles quasiment à eux seuls d’une Italie pas clinquante pour un sou mais qui trace sa route dans la compétition, Pellé et Eder revisitent, sous la houlette d’Antonio Conte, le mythe du duo d’attaquants comme on en trouvait beaucoup dans les années 90. Soit « le grand qui dévie pour le petit qui court », si l’on cherche à forcer le trait. Une espèce quelque peu en voie d’extinction.
Le feu des projecteurs enfin, contre toute attente
C’est un fait, les équipes que l’on est habitué à voir truster les hauts de tableau en championnat et les finales de coupes utilisent essentiellement des systèmes de jeu en 4-3-3 ou 4-2-3-1 (Espagne, Allemagne et consorts), avec une seule pointe ou pas d’ailleurs, puisque que l’on peut régulièrement mettre un milieu de terrain pour occuper l’axe offensif (cf. Fabregas ou Goetze). Là encore Antonio et sa tactique dénoteraient presque dans le concert européen, avec cette doublette Eder-Pellé qui n’est pas sans rappeler, de loin certes, l’association Tévez-Llorente qui avait un temps fait les beaux jours de la Juventus coachée par l’actuel sélectionneur italien. Meneur d’hommes en puissance, l’ancien milieu de la Nazionale version Euro 2000 a su mettre en confiance deux joueurs déjà trentenaires ou presque, quasiment jamais pris en considération par les grosses écuries de Serie A et souvent égratignés par la critique (acerbe mais parfois justifiée, notamment au sujet des performances d’Eder sous le maillot de l’Inter cette saison). La victoire obtenue face à la Roja au Stade de France lundi semble pour l’instant lui donner raison (malheureusement pour la petite pépite napolitaine Lorenzo Insigne par exemple), en témoigne l’excellente partie de Pellé, remiseur précieux et toujours prompt à aller crucifier l’équipe adverse, même au bout de 90 minutes d’une haute intensité. Ce duo pourra-t-il permettre de franchir l’obstacle allemand qui se présente désormais ? Ce sera l’un des enjeux de samedi soir.
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