EDITO : Et si Agnelli s’était planté ?
A la Juventus, tout est toujours calculé, du moins c’est ce qu’on veut nous faire croire. Du projet Allegri, en passant par la signature de Ronaldo ou De Ligt, à l’arrivée de Sarri. Tout fait partie d’un processus de construction d’équipe, pour atteindre des objectifs toujours plus haut. Et pourtant, tout plafonne.
L’élimination face à Lyon est une nouvelle fois symbolique d’une équipe en manque de repères mais surtout de talent collectif. En deux ans, la Juventus a marqué 7 buts en phase finale de Champions League, tous inscrits par Cristiano Ronaldo. L’homme sur lequel la Juventus a posé de lourdes économies. Lui justifie l’investissement apporté, mais c’est bien le seul. Le reste des joueurs semble perdu et peu déterminé à produire les efforts que réclame la stratégie de leur coach, pour passer un nouveau cap. Un peu comme si la situation de confort en championnat avec les 9 scudetti d’affilée avait conforté cette équipe dans le fait que de toute façon, puisqu’elle gagne, c’est que ça va aller.
Au Napoli ou à Chelsea, Sarri s’était heurté à des joueurs qui n’avaient encore pas gagné grand chose dans leur carrière en majorité. Des joueurs prêts à se mettre minables pour les ambitions et les idées de leur coach. A la Juventus, on ne ressent pas ça. Du moins chez les anciens. Que ce soit Bonucci, Sandro, Pjanic, Bernardeschi et même Ronaldo, personne ne semble avoir envie de faire les efforts nécessaires. Un petit cocon bien trop confortable qui empêche les joueurs de passer un cap et de prouver qu’ils sont toujours au top. Quand Buffon, Bonucci ou encore Higuain avaient choisi un nouveau challenge ailleurs, ils en sont vite revenus tant il fallait faire pour justifier sa place. La légende italienne avait été mise en concurrence avec Areola, Bonucci peinait à produire un semblant de bon jeu au Milan, même constat pour Higuain. Le retour à la Juve sonnait comme une évidence, dans un environnement où tout va bien, où les efforts n’ont pas besoin d’être conséquents pour s’imposer et briller.
Pourtant la stratégie d’Agnelli de sortir quasiment 200 millions d’euros + les salaires sur deux joueurs (Ronaldo et De Ligt) en deux ans semblait ambitieuse et montrait le poids de la Juve sur le foot européen. Mais il y a eu un loupé quelque part. Virer Allegri sans avoir un véritable choix numéro 1 en stock a été une erreur. Miser sur l’individuel et le marketing au détriment du collectif en a été une deuxième. Quand on passe en 5 ans d’un milieu Pogba, Pirlo, Vidal à Rabiot, Bentancur, Pjanic (Arthur bientôt), la satisfaction ne peut être là. Alors oui il y a Ronaldo, mais l’équipe n’a pas de vrai 9 hormis Gonzalo, son malêtre permanent et s’est permise de ne pas renouveler Mandzukic. Mais à choisir, j’aurai peut-être préféré que le Portugais ne signe pas et que la Juve reste la Juve. Une bête pragmatique et collective capable de tous les sacrifices pour gagner. Ca fait trop longtemps qu’elle a disparu maintenant. Les ambitions d’Agnelli sont devenues à mon sens des obsessions bien trop dangereuses pour l’avenir du club, du moins en Europe.
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