EDITO : On regretterait presque Thiago Motta …
L’animation offensive d’une équipe passe avant tout par la qualité de ses milieux de terrain. Le playmaker comme il est appelé en Angleterre est au coeur de la construction, du jeu, de la construction mentale, de la préparation et la diction du rythme de l’équipe. Aujourd’hui, l’entre-jeu de la Nazionale ressemble à un laboratoire d’expériences prometteuses et pour le moment ratées, ou sans effet, c’est au choix, selon le degré de tolérance de chacun.
Sans Verratti, le désert
Qu’on aime ou qu’on aime pas, le hiboux, Marco Verratti est le seul joueur véritablement talentueux du milieu de terrain. Manque de bol, il lui manque parfois la lucidité et l’hygiène de vie du sportif de haut niveau qui désire passer le stade du grand espoir. Le talent ne fait pas tout. Et ça, l’Italie s’en aperçoit. A trop vouloir glorifier des jeunes qui aujourd’hui n’ont rien prouvé nul part, la Squadra Azzurra se retrouve dans une situation compliquée, à l’aube d’un match contre le Portugal pour la Nations League. Face à la Pologne, ni Gagliardini, ni Jorginho, ni Pellegrini n’ont satisfait au point que l’on se demande si Bernardeschi ne pourrait pas jouer au milieu. Une reconversion forcée qui traduit un mal profond au milieu de terrain. L’Italie n’a pas de bons joueurs dans l’entre-jeu.
Rappel de 2016 et de l’Euro : Conte emmène Giaccherini, Parolo, Thiago Motta (qui prend le 10), De Rossi, Florenzi, Sturaro et Candreva pour les côtés. On était à cette époque déjà loin de la qualité requise à un niveau d’exigence élevé. Deux ans plus tard, Parolo et De Rossi ont logiquement pris de l’âge et du plomb physiquement, Motta est retraité, Giacchierini a disparu de la circulation depuis un passage raté au Napoli et Candreva est relégué sur le banc par Politano (non convoqué par Mancini d’ailleurs : cherchez l’erreur). Florenzi n’arrive pas à être régulier sur toute une saison et Sturaro fait du Sturaro. C’est pas moche, c’est pas beau, ça ne se présente pas fièrement en soirée mais ça fait un peu le boulot pendant 20 minutes, un peu où l’on veut. Autrement dit, en 2018, le milieu de l’Italie s’apparente à un désert total de talent et de références et on bricole un peu avec ce qu’on a. Pour faire genre.
Construire oui, mais avec les bons joueurs
Thiago Motta, c’était l’intelligence de jeu, sans la vitesse du fait de son âge et ses blessures. Il était leader, lucide, technique et précieux dans la totalité d’un match. Aujourd’hui l’Italie construit sur des bases bancales au milieu. Quel intérêt sur cette trêve, de miser sur un Gagliardini qui aujourd’hui n’est même plus intégré à la liste UEFA de l’Inter et qui montre ses limites jour après jour sans pouvoir atteindre une place de titulaire régulier ? Quid d’un Pellegrini, qui malgré une bonne saison passée sur le pré l’année dernière, n’a que rarement convaincu, par intermittences seulement. Enfin, Jorginho. L’homme de Sarri, qui loin de son coach, ne semble pas adapté au style de la Nazionale. Latéralité oui, verticalité non. Et c’est le principal problème de l’italio-brésilien. La prise de risque, la passe clef, il ne la fait que trop rarement et se contente du minimum syndical dans une équipe qui n’a pas les même spécificités que celles entrainées par Sarri (Pellegrini et Gagliardini ce n’est pas Kante et Willian hein). Même son entente avec Insigne, prôné en exemple du temps où Ventura ne misait pas sur les deux, ne fonctionne pas. Alors oui, l’Italie, en mal de talent au milieu se met à repenser au numéro 10 d’un Thiago Motta (pas titulaire au final), et on le regretterait presque pour donner du sens à la manoeuvre. Même lentement, on prend. Et encore ne parlons pas de Pirlo, Gattuso et autres légendes qui ont marqué la Nazionale de ces dernières années.
Le milieu idéal de la Squadra dans un premier temps doit comporter des hommes d’expériences, qui ont des références, Verratti en tête malgré ses impairs. Accompagné de De Rossi et Parolo qui malgré leurs âges restent des leader mentaux et stratégiques. Leur attacher un Bonaventura qui depuis plusieurs saisons montre qu’il a les capacités pour apporter plus qu’un simple joueur lambda ne serait pas idiot non plus. Après, les Barella, Pellegrini et autres jeunots qui montrent le bout de leur nez doivent être intégrés sans pression aucune en attendant leur percée en club. Les jeunes doivent d’abord grandir en club avant de pouvoir prétendre à une place de leader en Nazionale. Attention donc à ne pas mettre la charrue avant les boeufs et à trouver le bon équilibre entre, anti-intégration des jeunes, et sur-intégration d’une jeunesse qui longtemps castrée, ne doit pas être désormais mise en avant coute que coute pour prouver la bonne foi d’un football italien qui encore aujourd’hui, fait semblant d’apprendre de ses erreurs.
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