Eusebio Di Francesco : le futur est en marche

Par Louis De Brondeau publié le 15 Sep 2016
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Di Francesco

American Story

L’histoire de Di Francesco c’est un peu celle d’un film américain moyen, un personnage qui galère beaucoup mais qui à force de travail et de persévérance arrive à la reconnaissance, le genre de film où vous versez une petite larme à la fin tellement la réussite du héros est belle. Un an seulement après la fin de sa carrière de joueur, il se retrouve propulsé à la tête de l’équipe première du Virtus Lanciano (en Lega Pro). Mais cette première expérience n’est pas une franche réussite : après 20 matchs et seulement 6 victoires il est déjà remercié. Du coup retour à un poste plus modeste, celui de coach des U19 de Pescara, mais pas pour très longtemps car quand le coach de l’équipe pro, Antonello Cuccureddu, est viré en Janvier, Di Francesco est choisi pour le remplacer. Et ça marche ! Ça marche tellement bien que Pescara obtient une promotion pour la Serie B et Di Francesco garde son banc une année de plus. Puis il signe avec Lecce, fraîchement promu en Serie A, là on croit le personnage définitivement lancé vers la gloire et la réussite. Mais comme dans tout bon film il y a des rebondissements. Di Francesco est viré au bout de 14 matchs (dont 10 défaites), ce qui n’empêchera pas Lecce de descendre en Serie B. Puis c’est Sassuolo qui vient toquer à sa porte. Le club est alors en Serie B et Di Francesco au terme d’une saison éblouissante parvient à remporter le championnat et obtient donc la première promotion en Serie A du club neroverde. Mais la saison suivante, deuxième rebondissement, (promis c’est le denier), Di Francesco est remercié par le board de Sassuolo en janvier après une série de mauvais résultats… avant d’être réengager car son remplaçant, Alberto Malesani, n’avait pas fait mieux (5 défaites en 5 matchs). Il sauve Sassuolo de la relégation et ravive la flamme. La saison suivante est celle de la confirmation avec une 12ème place obtenue par Di Francesco et ses hommes et quelques performances de haut niveau comme la victoire 4-3 face à Milan marquée par le quadruplé du jeune Domenico Berardi (19 ans).

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La reconnaissance

La saison dernière est celle de la reconnaissance pour le manager. Son équipe pratique un football séduisant avec beaucoup de joueurs italiens et Eusebio Di Francesco est enfin considéré comme un grand espoir chez les entraîneurs italiens. Avec une jolie sixième place obtenue, il permet au club d’Emilie-Romagne de disputer le 3ème tour préliminaire de l’Europa League puis les barrages, et maintenant les phases de poule.

Eusebio le tacticien

La philosophie de jeu de Di Francesco est plutôt simple mais incroyablement efficace. Aligné la plupart du temps dans un 4-3-3 avec un meneur de jeu reculé (Lorenzo Pellegrini cette saison), le Sassuolo de Di Francesco se base sur un jeu de contre-attaque rapide. L’absence d’un vrai numéro 9 à la pointe de l’attaque (c’est Grégoire Defrel qui occupe cette position) permet aux trois attaquants de permuter très régulièrement ce qui rend difficile le marquage des joueurs offensifs. Les ailiers, Politano et Berardi, se retrouvent souvent lancés dans l’axe tandis que Defrel évolue plus bas dans un rôle de 9 et demi. Cette philosophie de jeu a permis à Sassuolo de surprendre plusieurs gros clubs la saison dernière dont l’Inter, qui a été prise au piège deux fois (défaite 1-0 à domicile et défaite 3-1 à l’extérieur) alors même que les nerazzurri dominaient largement les deux rencontres. Vous l’aurez compris la philosophie de jeu de Di Francesco c’est simplicité et efficacité.

Eusebio le bâtisseur

En plus de ses qualités de tacticien, ce qui impressionne chez Di Francesco c’est sa capacité à construire une équipe, à en tirer le maximum. En 4 saisons il a amené Sassuolo de la Serie B à l’Europa League, une ascension fulgurante mais tout à fait maîtrisée par le coach de 47 ans. Il a su élever le niveau de son effectif au fur et à mesure que le club montait en grade. Le parfait exemple de ce travail est Francesco Magnanelli, de milieu moyen de Serie B il est devenu l’un des milieux les plus sous-cotés de Serie A sous les ordres de Di Francesco. Sa volonté de construire une équipe l’a poussé à refuser les offres cet été (Milan notamment) histoire de finir le travail avec Sassuolo avant, peut être, de s’engager avec un club plus huppé. Sa qualité de formateur est aussi un élément important de sa réussite. L’exemple le plus marquant est celui de Domenico Berardi (on aurait aussi pu prendre Nicola Sansone ou Alfred Duncan). Lorsque Di Francesco l’a récupéré c’était un diamant brut tout juste sorti de la Primavera du Sassuolo. Aujourd’hui Berardi est meilleur buteur et meilleur passeur de l’histoire de Sassuolo, international italien, et quintuple buteur lors des phases de qualification à l’Europa League. Alors bien sûr tout n’arrive pas seulement grâce à Di Francesco, mais le travail du technicien italien y a grandement contribué, notamment sur l’aspect comportemental pour éviter que Berardi ne devienne un nouveau Balotelli. Et aujourd’hui c’est toute l’Italie qui le remercie.

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Face à son destin

Aujourd’hui Di Francesco joue son premier vrai match européen, et pas face à n’importe quel club : face à l’Athletic Bilbao, favori du groupe F. Cette Europa League est l’occasion pour Eusebio de progresser et se confirmer. Confirmer son statut de coach ultra prometteur et de confirmer l’évolution de son équipe de Sassuolo. L’occasion, aussi, de faire saliver les grands clubs européens qui retenteront sûrement leur chance cet été. Et cette fois pas sûr qu’il résiste…




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Louis De Brondeau

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