Le fabuleux destin de Fabio Pisacane !

Par Boris Abbate publié le 11 Fév 2017
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Si l’on croit à la fatalité, une chose est sûre, c’est que l’on n’échappe pas à son destin. Qu’elle soit dramatique ou merveilleuse, notre destinée finit tôt ou tard par nous rattraper, et c’est peut être ce qu’il s’est passé pour Fabio Pisacane. D’une enfance difficile dans les quartiers sensibles de Naples jusqu’au diagnostic d’une effroyable maladie à seulement 14 ans, le chemin de l’actuel joueur de Cagliari a tout d’exceptionnel. Un parcours incroyable, symbolisé par le célèbre journal The Guardian, qui n’avait pas hésité à désigner le latéral napolitain comme « LE » footballeur de l’année 2016.

Atteint du syndrome de « Guillain-Barré » à 14 ans 

Fabio a 14 ans, et comme tous les gosses qu’il côtoie, il rêve de devenir footballeur professionnel. Un rêve qui est en passe de se concrétiser puisque le gamin est alors en pleine formation au Genoa. « La vie en centre de formation est relativement simple, on se réveille, on s’habille, on joue et on se recouche » résume Fabio, mais ce joli rituel est vite brisé et l’improbable arrive. Un soir, l’adolescent veut renfiler son pyjama, mais ses bras ne répondent plus. Impossible de faire le moindre mouvement : « J’ai immédiatement compris que c’était grave. Mon père m’a rejoint de Naples et nous sommes allés faire les examens nécessaires pour savoir ce que j’avais. ». Après des analyses de sang et une série d’examen, le verdict arrive rapidement.

Le garçon souffre du syndrome de « Guillain-Barré », une maladie inflammatoire qui touche le système nerveux et qui se manifeste brutalement par des parésies. Cette maladie est très rare et touche très peu de personnes mais le jeune Fabio doit faire avec : « C’est une maladie très grave. ll faut toucher le fond pour pouvoir s’en sortir et une fois que vous avez touché le fond, soit vous commencer à obtenir des améliorations, soit c’est la fin ». Malheureusement pour lui, la maladie ne le loupe pas. Le gamin perd l’usage de ses deux bras, puis son système respiratoire est en grand danger et l’intubation devient nécéssaire. Les médecins font part de leur pessimisme au père de Fabio, mais après plus de 20 jours dans le comas et 3 mois et demi d’hôpital, le miracle se produit.

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Le père de Fabio au chevet de son fils…

« Largo baracche », mafia et dignité

Originaire des quartiers espagnols de Naples, l’histoire de Fabio Pisacane est aussi celle d’une enfance difficile dans les profondeurs d’une cité partenopea décadente. Le gamin veut fuir une réalité bien trop diabolique et comme pour tous les gosses du coin, le ballon représente souvent l’un des seuls échappatoires. La place du quartier, Largo baracche, fait alors office de petit terrain de foot, et Fabio y passe ses journées. Ironie du sort, la fenêtre de l’appartement du président d’un club du secteur donne sur cette place, et le petit Fabio met alors toute son énergie pour se distinguer des autres garçons. Mais le réel reprend vite ses droits : « J’ai grandi quand la Camorra était très puissante à Naples. Une fois, je jouais au foot et ils ont tué un mec à 5 mètres de nous, la mort était presque devenue normale ! ». Une enfance difficile qui va forger le jeune Fabio. Pas mauvais pour manier le ballon, il est recruté par le Genoa à 14 ans.

Vite freiné par la terrible maladie, le joueur s’en sort miraculeusement et entame un long processus de rééducation, et à force de se battre, il retrouve même les terrains ! Et comme tous les jeunes footballeurs italiens, il est envoyé s’aguerrir dans les divisions inférieures du calcio, et alors qu’il évolue au club de Lumezzaneun coup de téléphone va changer sa vie. Giorgio Buffone, son ancien directeur sportif à Ravenna, lui propose 50 000 euros pour « influencer le résultat d’un match ». Une somme qui représente des mois et des mois de salaires pour Fabio, mais le latéral va refuser et même dénoncer cette tentative de corruption : « Je lui ai expliqué que je ne voulais pas tremper dans ce genre d’affaires. Je sais que ce que j’ai fait n’a pas fait plaisir à tout le monde, mais j’ai écouté ma conscience ». Un geste, salué à l’époque par Prandelli qui l’avait même invité à Coverciano, et surtout, salué par la FIFA, qui avait fait de Fabio son ambassadeur.

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(Fabio Pisacane, ambassadeur pour la FIFA)

Débuts en Serie A à 30 ans !

Après Lumezzane et la Ternana, Pisacane atterrit à Avellino en Serie B, le temps de gouter au Juventus Stadium un soir de Coppa Italia. Stade qu’il retrouvera cette saison avec Cagliari, pour ses premiers pas dans l’élite, à 30 ans ! Le joueur avait d’ailleurs eu du mal à retenir son émotion à la sortie de son premier match contre l’Atalanta : « Je l’ai fait. Je profite de l’instant (…) ça fait 4 mois que j’attends ce moment, avec tous les problèmes que j’ai eu je n’ai jamais rien lâché, jamais… » avant de fondre en larmes devant les caméras des journalistes.

Les larmes de Pisacane pour ses débuts en Serie A

Voila l’histoire de Fabio Pisacane, celle d’un gamin qui rêvait de devenir footballeur professionnel, mais qui un soir s’est retrouvé paralysé à cause d’une maladie rare et qui a gravit les échelons petit à petit jusqu’à la Serie A. Un incroyable parcours et une leçon de vie, même si le joueur préfère rester humble : « Sincèrement, rien de ce que je fais n’est fait pour être un exemple pour les gens, je suis un type simple ». En attendant, Cagliari reçoit la Juventus dimanche, et l’équipe ferait bien de s’inspirer de ce parcours pour venir à bout des Bianconeri, et pour pourquoi pas, ajouter une nouvelle belle histoire à la vie de Fabio Pisacane.




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Boris Abbate

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