Francesco Totti à la retraite : Ciao Capitano e grazie !

Par Jérome Perrin publié le 07 Mai 2017
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29 juin 2000. L’Euro, probablement le plus relevé de l’histoire, bat son plein. La Nazionale affronte les Pays Bas chez eux. Au terme d’une rencontre homérique et d’une partition défensive devenue légendaire, les Azzurri jouent leur place en finale aux tirs au but. Parmi les tireurs italiens figure un jeune de 23 ans : Francesco Totti. Il est le troisième à s’élancer côté transalpin et le score est de 2-0 pour l’Italie. Culotté, talentueux et génial, le capitaine de l’AS Roma réussit sa tentative d’un inoubliable cucchiaio, plein de sang froid alors que la pression est à son comble et que le gardien adverse se nomme Van Der Sar… Totti, avec ce geste, vient de se révéler aux yeux du monde entier. Cet instant suffit à résumer ce qu’est « il Capitano « : un joueur imprévisible, magique et sûr de lui.

 

Il est la Roma

Rarement un joueur aura eu autant « son » équipe dans la peau et dans le cœur que Totti. Tout a été écrit sur sa fidélité. Il n’est pas un cas isolé. Le grand Baresi ou l’immense Paolo Maldini sont également des hommes d’un seul club. A la différence près que c’était peut être plus facile pour les Rossoneri, également formés dans leur club, d’accepter de faire carrière dans cette seule équipe tant le grand Milan AC était composé de stars et a dominé l’Italie et l’Europe. Er Pupone, quant à lui, a fait le choix de rester dans sa ville natale en sachant pertinemment qu’il ne remporterait pas des Scudetti à la pelle et qu’il ne triompherait probablement jamais en Champions League. En cela, il se différencie des deux Italiens précités. L’AS Roma n’est pas le Milan. Elle ne possède pas la faculté, l’ambition et la qualité intrinsèque de viser chaque année la victoire finale en C1. Pour ces raisons, la carrière et le choix du cœur du capitaine Giallorosso sont immensément admirables et méritent un profond respect. Combien d’autres joueurs, à talent comparable, auraient fait un tel choix ? Combien auraient préféré l’amour éternel de tout un peuple ? Il n’y a qu’à voir les tribunes de l’Olimpico et le fameux « No Totti No Party » pour comprendre : Il Capitano est la Roma. Les tifosi s’identifient à lui. Il est intouchable à leurs yeux. A présent remplaçant, les tifosi (et les commentateurs…) n’attendent que son entrée en jeu. C’est dire l’aura qu’il a auprès de tous, supporters de la Roma ou non.

Un palmarès de club pas à la hauteur de son génie

Il Capitano et son club ont vraiment pris une autre dimension avec l’arrivée aux commandes de Capello à l’été 99. Auréolé de son statut de révélation de l’Euro 2000, Totti va devenir un fuoriclasse et le chef d’orchestre d’une armada offensive sans égale, composée de Batistuta et Montella. 18 ans après son dernier son sacre, la Roma remporte enfin le Scudetto, lors de la dernière journée contre Parma. Avec plus de réussite, la paire Capello-Totti aurait pu (dû ?) remporter le titre en 2002 voir en 2004. La bandiera enfile les buts et enchaîne les récitals de haut vol, même si son équipe n’est pas à la hauteur sur la scène européenne. La club Giallorosso n’atteindra plus jamais un tel niveau mais son leader lui conservera le sien. Les entraîneurs se succéderont, les places de seconds également. Les victoires en Coppa ne sont qu’un maigre lot de consolation pour cet immense talent. Cela n’empêchera pas Francesco de détenir des records en tous genres, d’inscrire pour la Roma, dont il est le meilleur buteur, un total de 306 buts et 123 passes décisives en 782 matchs, de dépasser Baggio au classement des buteurs de Serie A pour en devenir le 2ème (250 buts en 615 rencontres), de faire du Parma sa victime favorite (20 buts dont 19 en Serie A) et du Milan et de la Lazio ses adversaires les plus affrontés dans l’élite (37 rencontres).

 Sur le toit du monde avec une sélection abandonnée trop tôt

Totti ne laissera pas la même empreinte indélébile sur l’Histoire de la Nazionale. Pourtant en 2000 l’aventure avait formidablement bien démarrée. Un N°10 « arraché » à Del Piero et Francesco s’en va disputer la coupe du monde 2002, dans laquelle il ne se mettra pas en évidence. Il la quittera même par la petite porte contre la Corée du Sud, bien aidé il est vrai par l’incompétence du détesté M. Moreno. Dommage, le duo qu’il formait avait Vieri était exceptionnel et rarement une Nazionale avait semblé aussi forte. Son Euro 2004 est minable avec ce crachat au visage de Poulsen. C’est aussi ça Totti. Des comportements parfois inacceptables, à l’image de ce coup de savate sur Balotelli.

En février 2006, alors que son niveau est stratosphérique, il se blesse gravement. Lippi lui promet de l’emmener en Allemagne et il s’arrache pour revenir à temps. Sans la pleine possession de ses moyens il dispute l’irrespirable finale contre la France. Les héros sont reçus dans  » sa » ville. Tout un symbole ! A l’été 2007, Soulier d’Or et toujours au top, il dit stop à la sélection quand d’autres, à 35 ans, se battaient pour en faire partie à l’instar du Divin Codino. Pour se consacrer à son club. La Roma avant tout. Toujours !

https://www.youtube.com/watch?v=2LrlFRGJ–U

Un nouveau grand champion italien, doublé d’un homme de cœur, s’en va. Une bandiera comme seule l’Italie sait les fabriquer nous quitte. Cette formidable époque des joueurs attachés au maillot arrive à son terme. La page sera définitivement tournée quand Gigi Buffon arrêtera à son tour. Pour laisser la place à d’autres ?




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Jérome Perrin

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