Gigi Meroni, le damné du club maudit
Du talent et de la personnalité
Né le 24 février 1943 à Côme, il débute en professionnel dans sa ville natale à seulement 17 ans, fait assez rarissime à l’époque pour être souligné. Il n’a besoin que d’une saison pleine pour se faire remarquer par le Genoa. En 1964, son transfert au Torino fait grand bruit : le club turinois aurait dépensé 300 millions de lires pour s’attacher les services du jeune ailier virevoltant. Ses années du côté du piémont seront marquées par le succès, une belle troisième place dés la première saison. Mais surtout, un total de 22 buts ainsi qu’un paquet de passes décisives (qui malheureusement n’étaient pas comptabilisées à l’époque) en 103 matchs et des coups de reins d’anthologie. C’est justement son style de jeu tout en dribble et en feinte qui a fait sa légende et qui l’a fait rentrer dans le cœur des tifosi du Toro. Son profil de joueur insaisissable ayant affolé bon nombres de défenses italiennes lui donnera son surnom de « Farfalla granata » (le papillon grenat). Son but contre la grande Inter, mettant fin à 3 ans d’invincibilité du club milanais à San Siro, en est l’exemple parfait : déboulé sur le côté gauche, un crochet pour mettre le défenseur à distance et une merveille de feuille morte enveloppée dans la lucarne opposée. Dans la presse et dans les gradins, on ne cessait de le comparer à Georges Best, tant pour ses capacités de dribbleur fou que pour sa philosophie de vie en dehors des terrains. Car, effectivement le Gigi était un personnage haut en couleur. Amateur des plaisirs de la vie, fan de rock aux cheveux mi-longs, il aimait se revendiquer comme quelqu’un d’anticonformiste. Un exemple ? En ville, le bonhomme se baladait avec une poule en laisse…
Une ascension violemment brisée
Ses prouesses avec le Torino l’amèneront à être rapidement convoqué avec la Nazionale. Il dispute les 5 matchs de préparation à la coupe du Monde 1966 et marque 2 buts, contre la Bulgarie et l’Argentine. Il est ensuite sélectionné pour la compétition en Angleterre mais il se brouille avec le sélectionneur Edmondo Fabbri et ne dispute que le match contre l’URSS. Durant cette même année, le jeune italien fait saliver les gros clubs européen et la ville de Turin s’embrase lorsque circule la rumeur selon laquelle la Juventus, club ennemi, serait prête à mettre 750 millions de Lires sur la table pour arracher la pépite au club rival. Furieux, les ouvriers des usines FIAT (Entreprise propriétaire de la Juve) en majorité supporter du Torino, décident de voter un préavis de grève pour empêcher l’opération. Résultat : le plan fonctionne ! La Juventus abandonnant l’idée devant la gronde générale. Mais, malgré une carrière qui ne cessait de décoller, Gigi Meroni va s’éteindre à la suite de ses blessures après s’être fait renverser par une voiture. A seulement 24 ans. Comble de l’histoire, la voiture était conduite par un certain Attilio Romero, 19 ans et tifoso du Toro, qui, prit de remords terribles, dédiera sa vie pour le club jusqu’à en devenir président 33 ans plus tard !
Et ce n’est pas fini. En 1949, le pilote de l’avion qui s’écrasa à Superga avec l’équipe du grande Torino à l’intérieure, 5 fois championne d’Italie, s’appelait… Meroni, Gigi Meroni. Alors même si l’appellation de « club maudit » que traîne le Torino peu paraître un peu excessive, on ne peut vraiment pas en vouloir aux supporters granata d’être superstitieux au regard des événements qu’ils ont vécu…
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