Italie, de nos larmes doit renaitre ta fierté

Par Cesco publié le 16 Nov 2017
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Lundi 13 novembre, San Siro s’était couvert de son plus bel habit. Un vert, blanc et rouge brandi avec fierté et rage par plus de 75 000 tifosi, réunis derrière le pays. Des conditions historiques pour un peuple souvent divisé en matière de foot de par les rivalités interclubs. Malgré cet hymne entonné fièrement, malgré un match retour disputé avec orgueil par les Azzurri, il a fallu se rendre à l’évidence, l’Italie n’y est pas arrivée et n’ira pas en Russie.

Une page à tourner

Après le coup de sifflet final, il était difficile de mettre des mots sur la déception de tout un peuple. Un traumatisme pour tant de tifosi qui n’attendaient que de prolonger l’euphorie de la dernière saison de Gianluigi Buffon. Un traumatisme qui reste brutal, mais qui s’annonçait depuis quelques temps. Qui y croyait vraiment ? Depuis 1 an et la fin d’un Euro 2016 miraculeux mené par Antonio Conte, l’Italie n’a pas su se reconstruire. Le jeu n’est pas alléchant, Ventura n’avait pas les épaules et depuis la défaite 3-0 à Madrid face à l’Espagne, quelque chose s’était cassé entre le vestiaire et le sélectionneur. Une situation exécrable qui a conduit à cette situation. On s’y attendait oui, tant l’Italie a semblé incapable d’apprendre de ses erreurs passées. Depuis 2006, peu de bonnes décisions ont été prises au niveau fédéral, que ce soit du côté de la formation ou de la politique sportive. 11 ans que la Nazionale aurait pu prendre les bonnes décisions. 11 ans qu’il faut digérer les échecs de Donadoni en 2008, Lippi en 2010, de Prandelli en 2014 et désormais de Ventura en 2017. Une fin d’histoire ô combien indigeste où l’ancien coach du Torino déclarera être « le meilleur sélectionneur en terme de résultats sur les 40 dernières années« . Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est également le seul à ne pas qualifier l’Italie pour la Coupe du Monde depuis 60 ans. Une histoire de point de vue. Désormais, c’est une réalité, l’Italie ne fait plus partie des meilleures équipes du monde. Il y a tout à reconstruire et ça va prendre du temps.

Une génération envolée

Le plus difficile dans tout ça est sans doute de compter les joueurs qui auraient pu disputer leur premier mondial et qui devront attendre 4 ans minimum. La plupart ne seront alors plus de jeunes promesses, symbole d’une génération de joueurs que l’Italie n’a jamais réussi à mettre en bonne condition pour progresser et devenir incontournable. Ainsi Rugani n’est toujours pas indiscutable à la Juventus, Romagnoli peine à confirmer avec le Milan AC, tout comme les Cutrone (barré par Kalinic et Silva en club) ou Locatelli. D’un autre côté Bernardeschi n’est toujours pas titulaire avec la Juventus et El Shaarawy doit batailler ferme avec Diego Perotti pour s’imposer à l’AS Roma. Du côté des jeunes de l’Atalanta, réputé meilleur centre formation d’Italie avec des résultats probants dans les championnats annexes, le constat est également terne. Gagliardini n’affole pas les compteurs avec l’Inter, Spinazzola enchaine les blessures et Conti doit se remettre d’une rupture des ligaments. Seul Caldara pourrait percer au grand jour, mais ça encore, c’est du conditionnel, il faudra attendre de voir si son intégration se fera rapidement à la Juventus. De cette génération, on peut évoquer aussi Berardi qui s’enterre progressivement à Sassuolo et ne semble plus être qu’un fantôme de futur espoir.

Enfin, comment ne pas évoquer le cas de la succession de Buffon. La légende préférée des Italiens laisse sa place vacante. Selon toute logique, Donnarumma devrait être son héritier mais à même pas 20 ans le portier milanais digère mal son été mouvementé avec sa prolongation de contrat. Son début de saison est loin d’être ne serait-ce que correct et sa place de numéro un n’est due qu’à un manque de régularité des autres. Perin revient de blessure et joue dans un triste Genoa, Sportiello (25 ans) commence seulement à s’imposer à la Fiorentina et Meret ne joue pas alors qu’il était l’une des plus belles promesses de ces dernières années. On pourra toujours regretter que les clubs italiens préfèrent les étrangers moyens aux nationaux mais là encore, quel Italien a prouvé qu’il valait plus qu’un de ceux là pour s’imposer ? Aucun. Il est donc temps de se poser les bonnes questions. Le 4+4 ne fonctionne pas non plus, destiné à favoriser la formation des jeunes italiens, ce système visant à intégrer 4 joueurs formés en Italie et 4 joueurs formés au club ne fonctionne pas. La plupart des jeunes qui percent en Primavera étant là aussi étrangers.

Et maintenant on fait quoi ?

Déjà on va passer un mois de juin morose à regarder discrètement les joueurs de Serie A évoluant à la Coupe du Monde. Ensuite il faudra regarder la direction que prend la fédération et les choix prochains. L’Italie a besoin d’un sélectionneur de classe mondiale. Ventura n’avait pas les compétences nécessaires pour faire face à cette situation. En toute honnêteté, quel entraineur en 2017 ne sait pas jouer avec un 4-3-3 ? Au delà des questions tactiques, il y a des questions de bon sens. Pourquoi s’acharner tout les éliminatoires avec un 4-2-4 dépassé qui ne correspond plus au football moderne ? Ce schéma brise le milieu de terrain alors que l’Italie a peut être des joueurs parmi les plus talentueux d’Europe dans ces rôles (Jorginho, Verratti). Pourquoi mettre un 3-5-2 non maitrisé par la plupart des joueurs ? Ce n’est pas celui de Conte et ses joueurs n’évoluent plus régulièrement dans ce dispositif pour la plupart depuis 2 ans (soit 100 matchs environ). Contre la Suède, l’Italie a centré 38 fois sans jamais trouver la solution. La panne de soutien dans l’axe est criante et Ventura n’a jamais trouvé la solution, trop obtus et limité dans ses idées.  Incapable de mettre plus d’un but à l’Albanie, la Macédoine où l’Israël, comment la Nazionale dans ces conditions pouvait espérer en mettre 2 ou 3 aux Vikings ? Autre frustration, le manque d’associations. Ventura, sans solutions tactiques depuis des mois, pouvait s’en remettre aux automatismes des joueurs pour créer du jeu. Jorginho/Insigne, D’Ambrosio/Candreva, El Shaarawy/De Rossi. Mais la encore, c’est un échec. Maintenant Ventura n’est plus là, mais Tavecchio semble s’accrocher à son poste, lui qui semble venir avec des idées et des postures venant d’un autre siècle. Les petites phrases « apprendre de nos erreurs« , « faire le ménage dans nos institutions » sont ressorties, comme en 2010 ou en 2014. Mais voilà 11 ans que l’Italie fait preuve d’immobilisme. Il serait grand temps de tourner la page, en espérant que de nos larmes, renaisse la fierté d’un pays quatre fois champion du monde. Son peuple en a besoin.




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Cesco

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