L’AS Roma et la Champions League, une histoire contrastée

Par Anthony Maiorano publié le 12 Août 2017
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Mouchoirs à la main, cela aurait dû être une journée placée sous le signe de l’intense nostalgie au vu du départ à la retraite du jubilaire Totti, et pourtant ce scénario mélancolique aurait pu tourner au cauchemar sans l’exploit tardif de l’inattendu Perotti. Talonnés la majeure partie de la saison par une équipe du Napoli  à la force de frappe offensive déroutante, Nainggolan et ses acolytes auront serré les rangs et tenu bon jusqu’au bout. Cette qualification directe aura bien évidemment son incidence sur les caisses du club (prime de participation estimée à 12,7 millions d’euros). Outre l’aspect monétaire, d’autres facteurs y sont bénéficiaires, comme par exemple la possibilité pour le coach Di Francesco de mieux organiser sa préparation estivale avec le début du championnat en ligne de mire mais également de maximiser ses chances de conserver ses meilleurs éléments.

Un complexe d’infériorité ?

Même si le standing, le contingent ou encore le budget annuel ne sont pas ceux des plus grosses écuries européennes, l’engagement sur le terrain se doit d’être sans faille et les motivations d’autant plus fortes avec l’opportunité de se mesurer au gotha du football continental. Une attitude de guerrier en somme, jetant de plein fouet aux oubliettes cette attitude de défaitiste qui lui colle si volontiers à la peau depuis des décennies. Comme lors de la correction 6-1 reçue sans scrupule de la part du FC Barcelone voici deux ans où Rudi Garcia et sa troupe, spéculant sur une qualification quasi-acquise (dernier match décisif à disputer face au BATE Borisov), s’en étaient allés fleur au fusil et sans trop de conviction du côté du Camp Nou. Une attitude de dilettante qui avait fortement déplu l’entourage et les supporters romains, pour qui les déculottées européennes sont devenus pain quotidien. Est-il nécessaire de relater à nouveau le double 7-1 subit face à Manchester Utd ainsi que plus récemment contre le Bayern Münich, qui plus est à domicile? D’autant plus qu’historiquement, la Louve voyage très mal, avec un pourcentage de 43.80 % de défaites pour 28.10 % de victoires. Une capacité à tendre le bâton pour se faire battre qu’il va falloir abolir. Et ce dès maintenant.

Ci-dessus, une curieuse statistique du quotidien espagnol « El Pais » démontrant la malchance des Romains lors des tirages au sort.  En bref, chaque équipe s’est vue attribuer une note au vue de leur niveau européen (résultats, nombre de participations) ainsi qu’une « valeur de chance » exprimée en pourcentage. Plus un adversaire coriace a été affronté tôt, c’est-à-dire dès les huitièmes, plus le facteur chance d’une écurie diminue. Les Romains sont bons derniers (-30 % de chance), tombant souvent sur des gros morceaux et ce dès les huitièmes. Fruit du hasard ou simplement le destin ?

Franchir un cap

Une constante recherche de la continuité de rendement devra être le réel point de fixation, accompagnée d’une expérience des grands rendez-vous qui pourra s’acquérir en multipliant les performances de choix lorsque les joueurs et le coach seront dans l’obligation de répondre présents tout en réduisant presque à néant la marge de manques de concentration, ce qui avait terriblement fait défaut l’année dernière. Une mentalité de gagnant à cultiver au détriment de la naïveté qui a caractérisé les dernières épopées du club, à l’image de l’absurde et évitable élimination en barrages l’année dernière face à Porto.

Or, l’armoire des trophées n’est pas celle du Milan AC mais les Giallorossi peuvent néanmoins se targuer de quelques beaux exploits. Afin de trouver trace d’une finale disputée par le club,  la machine à remonter le temps nous amène jusqu’au lointain 1984 et une navrante défaite dans son antre aux tirs aux buts face à Liverpool, compétition qui était encore sous le nom de Coupe des Clubs Champions. Lors de sa première participation officielle à la Champions League en 2001, elle inflige une défaite sans appel 3-0 au Barcelone de Rivaldo et consorts. L’année d’après, l’Espagne continue de bien lui réussir puisqu’elle va tout d’abord se payer le scalp du Real Madrid sur une réussite de Totti avant d’aller sonner Valence au Mestalla 3-0. Lors de l’exercice 2006-2007, elle y réalise son plus beau parcours jusqu’à maintenant en rendant les armes en quart de finale, parcours identique l’année d’après avec à la clé un huitième de finale de légende face au Real Madrid de Schuster. Plus récemment et menée de deux buts, une douce remontanda infligée au Bayern Münich en 2012 signée Borriello, De Rossi et Totti. Et oui, quand on veut, on peut…

 

Sa Majesté Francesco Totti, plus vieux buteur de la compétition à 38 ans, 1 mois et 29 jours. Une des seules fiertés romaines sur le plan continental

Quel peut-être l’objectif actuel ?

Intégrés dans le troisième chapeau lors du prochain tirage des phases de groupe (suite aux éliminations de l’Ajax et du Dynamo Kiev), les Romains risquent tout de même d’attraper de gros morceaux. Un mal pour un bien, tant on connaît la capacité à se mettre au niveau de son adversaire même lorsque celui-ci lui semble inférieur. Avec la venue de Monchi, l’idée est clairement de commencer à monter gentiment mais sûrement les marches à destination d’une stabilité au sein des grandes compétitions et de s’approcher à petits pas des cadors du Vieux Continent. A commencer par une qualification pour les huitièmes de finale avec l’ambition d’aller le plus loin possible. Rêver n’est point interdit.

 

Phase de groupe de l’édition 2001-2002, un succès autant inattendu que prestigieux : AS Roma-Barcelone 3-0

Finalement et même si les joies de la statistique ainsi que son passé européen ne parlent pas en sa faveur, l’AS Roma se doit de prendre au sérieux sa prochaine campagne en jouant à fond sa carte d’outsider. Il sera également vital pour eux d’avoir à disposition un effectif d’envergure qualitativement mais également d’un point de vue quantitatif.  Dieu sait qu’il est essentiel à ce niveau de posséder des rechanges capables de ne pas faire regretter l’absence d’un quelconque titulaire. D’où la mission de Monchi d’étoffer de la manière la plus juste et intelligente possible un contingent qui en a bien besoin. Histoire de redorer le blason d’un club décidément en perdition hors de ses terres.




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Anthony Maiorano

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